BARBARA : Jeanne Balibar et Mathieu Amalric encore raccords

A l'instant où Jeanne Balibar fait son entrée, un rayon de soleil illumine la pièce dans laquelle nous l'attendons. Comme des projecteurs qui accueilleraient un artiste sur scène. L'actrice à l'allure féline s'étend gracieusement sur la moquette suggérant de faire l'interview à même le sol. "Ce serait original" plaisante-t-elle avec son phrasé atypique et charmeur. Si la ressemblance avec Barbara est moins troublante que dans le film éponyme, l'aura elle l'a. En témoigne le regard admiratif que lui portera son ex compagnon pendant l'interview croisée. Déroutant. A l'instar du long-métrage du réalisateur.
"Jeanne Balibar ne va pas jouer Barbara. Jeanne va jouer le personnage d'une actrice qui doit jouer Barbara dans un film. Et à partir de là, tout pourrait devenir vivant" peut-on lire dans ses notes d'intention. Dans ce non biopic, on suit la comédienne aux yeux de chat se préparer au rôle, fredonner des notes, pousser la chansonnette bercée par les airs d'un accordéon. Et tourner devant un cinéaste énamouré incarné par Matthieu Amalric lui-même. Entremêlant les archives et leurs reconstitutions, cette "mosaïque" cinématographique fait briller l'immense talent de Jeanne Balibar, gracieuse et épanouie dans le costume de la Dame en noir, Ainsi ressuscitée par Mathieu Amalric, Barbara révèle Balibar. Des années après leur séparation, le réalisateur encore transi et subjugué - semble-t-il -, offre à leur couple un "grand terrain de jeu" digne de... sa muse, son égérie ? Déconcertant.