En direct de Deauville : rencontre avec Emmanuelle Devos

C'est à pas de chat que la captivante Emmanuelle Devos se glisse dans les luxueux salons de l'Hôtel Barrière pour répondre à nos questions. Membre du jury de cette 43e édition du Festival du Cinéma Américain, l'actrice se livre sur son histoire avec le 7e Art. Confidences.

En direct de Deauville : rencontre avec Emmanuelle Devos
© Alexandra Wey/AP/SIPA

Deux César, un Molière et une pluie de récompenses auréolent cette comédienne à la fois fantasque et élégante, charismatique et discrète, inspirée et pondérée.
Lunettes noires (pour protéger ses yeux clairs), mais attitude anti-star, Emmanuelle Devos porte un chemisier blanc col claudine sous un pull gris brodé de cerises sur la poitrine. A l'écoute, elle alterne moue mutine et réflexion profonde. C'est un plaisir de passer un peu de temps avec elle, sous le soleil, mais non loin des salles obscures et des films en compétition...

Votre première émotion sur grand écran ?
Emmanuelle Devos :
Barry Lyndon de Stanley Kubrick. Je suis allée le voir au cinéma avec une amie et son père sur les Champs-Elysée, je n'avais même pas 12 ans… j'ai dû mentir sur mon âge.

Le moteur de votre carrière ?
L'envie.

Qu'est ce qui vous anime devant une caméra ?
C'est comme un coup de baguette magique lorsque j'entends "ça tourne, action" et ça fonctionne à chaque fois sur moi.

Qu'est-ce que vous n'avez pas encore "réalisé"?
Mon film. "Work in progress", comme on dit...

Qui est votre modèle dans le métier ?
Je n'en ai pas. Je n'en veux pas. Les modèles sont réducteurs. Se comparer est source d'angoisses. Plutôt que de suivre un exemple, de m'en référer à un autre, je préfère me fier à mes propres pulsions.

Quel film souhaiteriez-vous me conseiller ?
J'ai découvert cet été, en regardant le DVD, Le Fleuve Sauvage d'Elia Kazan. Une révélation. Et un coup de coeur, vraiment pour son héros : Montgomery Clift. 

Quel trophée pourrait-on vous décerner ?
La palme de la fidélité au sens de "l'actrice qui retravaille avec les mêmes réalisateurs". Il faut dire que je suis facile à vivre sur un plateau.

Quel est votre talent caché ?
Je tire très bien à la carabine.

Qui serait votre partenaire idéal pour un baiser de cinéma ?
Mads Mikkelsen… ou son frère Lars !

Quel moment de votre vie aimeriez-vous re-mettre en scène ?
Aucun. Je ne suis pas nostalgique, pas du genre à me tourner vers le passé.

Pour juger d'une oeuvre du 7e Art, vous faites confiance à... ?
Mon expérience de spectatrice… et je dois être convaincante car je réussis souvent à faire sacrer les films que j'apprécie. Je repense à Au-delà des Collines de Cristian Mungiu, ce n'était pas gagné sur la Croisette, et à Cannes, en 2012, il a décroché 3 prix.

Qu'est-ce qui est toujours mieux "à l'américaine" ?
Le professionnalisme.

Avez-vous un projet à partager en cette rentrée ?
Vous me verrez dans Numéro Une de Tonie Marshall, en salles le 11 octobre, et sur les planches, au Théâtre du Rond-Point dans Bella Figura de Yasmina Reza, à partir du 7 novembre.