Au Plus Près du Soleil… jusqu’à l’étourdissement

Entre mythologie et fiction, "Au Plus Près du Soleil" est un drame éblouissant, perturbant aussi. C'est peu dire que ce film, à découvrir absolument en salles le 9 septembre, est un coup de poing.

Au Plus Près du Soleil est une expérience de cinéma d’une intensité rare. Filmé au plus près… des visages, des  yeux, des désirs, l’opus d’Yves Angelo nous expose à des sentiments, un ressenti viscéral, organique. J’ai été médusée, abasourdie. Tour à tour, fascinée, révulsée, décontenancée.
Tragédie moderne qui questionne nos valeurs et nos institutions : l’identité, la justice, la famille, la parentalité, l’adoption, mais aussi le couple, la fidélité, l’embourgeoisement… Au Plus Près du Soleil réalise une prouesse : offrir un cadre réaliste, des personnages crédibles (professionnels du Droit), une intrigue prenante… sans jamais nous imposer d’explication psychologique. 
Au fil du récit, la raison est mise à mal. On s’éloigne de la rigidité juridique, de son caractère rassurant aussi. Les corps s’expriment. La température grimpe. Les têtes tournent. Sophie, la magistrate (magistrale Sylvie Testud), Olivier, son époux avocat (pétrifiant Gregory Gadebois) quittent la quiétude de leur pré carré et embarquent leur fils adolescent pour l’inconnu. Sordide odyssée. Au tribunal des émotions, c’est désormais de séduction, d’inceste, de meurtre dont il est question. 
Lors de cette croisière, changement d’univers. La mère biologique, irrésistible sirène, est aussi du voyage. En mer, la vérité s’impose, violente, acharnée, ravageuse. Sur le paquebot, les protagonistes n’ont plus aucune chance d’échapper à leur destin. Le mensonge nous prend aux tripes. C’est physiquement, parfois jusqu’à l’insolation, au malaise, à la nausée que nous sommes confrontés à nos contradictions… 
Servie par une caméra au poing et de sobres plans séquences, dépourvue de musique, la mise en scène nous place au plus près de nos sensations. Implacable.
Mention spéciale à l’actrice Mathilde Bisson, vamp sexy, sublime et envoûtante, vénéneuse et vulgaire à la fois. Beauté insolente, voluptueuse, charnelle, elle est lumineuse et solaire comme Emmanuelle Béart, aussi animale et instinctive que Béatrice Dalle… Une révélation.

L'affiche du film © Bac Films