L'impressionnisme et la Mode au Musée d'Orsay

Le Musée d'Orsay vous propose sa nouvelle exposition "L'Impressionnisme et la Mode" jusqu'au 20 janvier 2013. Pour refléter cette période, 1860-1880, une soixantaine d'oeuvres de grands maîtres de l'impressionnisme comme Manet, Monet, Degas ou Caillebotte côtoient des robes et accessoires d'époque ainsi que de nombreuses revues, dessins ou gravures de mode.


Dans cette fin de XIXe siècle, les impressionnistes tentent d'introduire une nouvelle modernité dans la peinture. Lassés des portraits mondains posés, ils souhaitent saisir leurs sujets de façon instantanée, dans leur quotidien. Cette époque, 1860-1885, si bien décrite dans Au Bonheur des Dames de Zola, voit Paris se transformer radicalement sous l'impulsion de l'empereur Napoléon III et le préfet de la Seine Georges Eugène Haussmann. Ce  Paris  réinventé voit aussi  l'émergence de "nouveaux temples de la consommation" : les Grands Magasins. Ces derniers insufflent à la mode un nouveau dynamisme : pour la première fois les classes sociales se mélangent dans un même espace de détente et chaque femme peut s'offrir la robe de ses rêves...

La mode : nouvel enjeu de modernité
Avec les impressionnistes, la mode devient moins précieuse, s'ancrant désormais dans le quotidien. Ils retranscrivent avec beaucoup de justesse les courbes, les couleurs et les plissés des tissus qui vont du simple coton jusqu'à la soie la plus fine. N'oublions pas qu'à cette époque les femmes se changent jusqu'à 8 fois par jour ! Le choix de tenue pour poser est donc très vaste... En traquant les jeux de lumière sur les chairs et les textiles, les peintres subliment le vêtement tout en respectant ses volumes. Ainsi, grâce à tout un ensemble de gestes, postures, maintien, ils restituent avec beaucoup de justesse l'origine sociale des individus et les moeurs de l'époque.  Fait exceptionnel, l'exposition juxtapose une seule fois un tableau avec la robe correspondante : il s'agit de la toile de Bartholomé, Dans la serre, qui représente sa femme en 1885. Juste à côté, vous pourrez découvrir la robe portée lors de la pose, laissée à l'Etat par la vente de l'artiste. La ressemblance est frappante...

Albert Bartholomé (1848-1928) - Dans la serre, 1881 ; Huile sur toile, 235 x 45 cm ; Paris, Musée d’Orsay© RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski 

Anonyme - Robe de Madame Bartholomé porté dans le tableau d’Albert Bartholomé, 1880 Paris, musée d'Orsay, don de la galerie Charles et André Bailly, 1991© Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt

Crinolines et tournures en majesté
Sous le Second Empire, les robes sur crinoline sont reines : avec leurs jupons d'acier recouverts par une jupe ronde, les femmes restent très encombrées et se déplacent péniblement. Mais elle est boudée dès 1866 par les lanceuses de mode qui lui préfèrent un nouvel artifice, la tournure, qui met l'accent sur la cambrure de la taille et l'ampleur de la jupe rejetée par l'arrière... Ces robes sont surtout utilisées pour les sorties diurnes ou celles plus mondaines de la soirée. C'est alors l'occasion pour les belles jeunes femmes de la haute société de choisir entre une robe de grand dîner, de bal ou une toilette de première à l'Opéra, chacune étant très différente de l'autre. Pour les bals et les soirées de l'Opéra, les robes sont largement décolletées, les épaules nues et les coiffures compliquées, ornées de bijoux ou de fleurs. Ces robes sont obligatoirement en soie (tout une variété allant du tulle et de la tartalane jusqu'aux lourdes soies  et aux velours)  dont le style se façonne grâce à l'ajout de rubans, de volants de dentelle, de ruchés et de bouillonnés. Parallèlement, le vestiaire masculin se simplifie : la couleur disparaît au profit de teintes sombres souvent du  noir, tandis que les coupes n'évoluent guère. Ces messieurs ne se changent que deux fois dans la journée et les lignes générales épousent la forme d'une redingote, d'un veston court ou d'un paletot. Heureusement, les accessoires apportent une touche de fantaisie : hauts-de-forme, cannes, parapluies et gants complètent harmonieusement l'ensemble. En tout cas, les couples aisés virevoltent chaque soir dans des soirées dansantes, le noir de la tenue de monsieur faisant ressortir l'éclat de la beauté de Madame comme dans ce pas de danse peint par Renoir...

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) - Danse à la ville, 1883 ; Huile sur toile, 180 x 90 cm ; Paris, Musée d’Orsay© RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski 


Plaisirs de plein air
Cette fin de XIXème siècle consacre l'essor des loisirs pour les classes aisées. Les impressionnistes y voient une agréable manière de capter en pleine lumière les tenues de convives venus se détendre. Les parcs de la capitale, les jardins des faubourgs ou encore la forêt de Fontainebleau sont propices au déploiement de toilettes élégantes avec des tissus caractéristiques de ces moments de liberté : rayures plus ou moins fines, bleues ou vertes, pois et passementerie en sont les motifs caractéristiques. On commence également à voir des robes en mousseline blanche laissant deviner la délicatesse de la chair... Monet a parfaitement capté ces jeux de lumière dans son déjeuner sur l'herbe.L'exposition se termine donc sur cet espace "Plaisirs en plein air" qui magnifie par sa clarté les toiles des grands maîtres de l'impressionnisme. A voir absolument! 

Claude Monet (1840-1926) - Le déjeuner sur l’herbe, 1865-1866 ;Huile sur toile, 248,7 x 218 cm - Paris, Musée d’Orsay © Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt 

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