"La vie sexuelle ne disparaît pas à la ménopause, elle renaît !" : témoignage

Ménopausée jeune, Laurence a mis du temps à réapprivoiser sa vie sexuelle. A 53 ans, elle nous raconte comment les hormones l'ont d'abord privée de libido avant qu'elle arrive à retrouver du désir et du plaisir. Témoignage.

"La vie sexuelle ne disparaît pas à la ménopause, elle renaît !" : témoignage
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"Pour de la sécheresse vaginale, c'était de la sécheresse vaginale !"

Je fais partie des femmes ménopausées précocement. Je n'ai rien vu venir. Mon stérilet hormonal masquait mes règles. Certes, quelques bouffées de chaleur me surprenaient ici et là, et ma mère a été ménopausée à 42 ans. Mais je ne pensais pas à tout ça. Le verdict est tombé l'année de mes 44 ans, lors d'une consultation chez le gynécologue. Il fallait que je retire mon stérilet, qui arrivait à date. Très vite, en l'absence d'hormones, les symptômes sont apparus, et ce n'était pas simple : grande fatigue, véritables bouffées de chaleur, étourderies, cheveux moins volumineux, et, pour compléter le tout, sécheresse vaginale. Et pour de la sécheresse vaginale, c'était de la sécheresse vaginale ! J'ai plutôt mal vécu ma ménopause, du moins la sentence. Parce que j'étais jeune. Le facteur psy est important, je pense qu'il est capable d'accentuer les symptômes physiques. Je me sentais "hors d'usage", comme si la ménopause me privait de ma féminité. Aujourd'hui, j'ai conscience que c'est faux, mais sur le moment, savoir que je ne pouvais plus faire de bébé, alors même que je n'y songeais pas du tout – j'ai déjà trois enfants – me déstabilisait.

"J'avais l'impression de nous priver de notre vie sexuelle"

Comme je le disais à mes amies, avec toute la délicatesse du monde : lors des rapports sexuels, on aurait dit que mon mari baladait sa verge… dans du sable. Le sexe est devenu désagréable pour nous deux. Mon mari était compréhensif et me disait que l'on pouvait partager des caresses ou même profiter d'un 69 pour que la sécheresse vaginale n'ait pas raison de nous. Mais je me sentais responsable. J'avais l'impression de nous priver de notre vie sexuelle. Moi, je voulais que ce soit comme avant. Progressivement, je n'ai plus envie de faire l'amour. Pourtant, j'ai toujours trouvé mon mari attirant. Entre la sécheresse vaginale, la chute d'hormones qui impactait probablement mon désir et la sensation de ne plus être femme, mon désir était moins franc. Et mon corps me plaisait peu : au bout de quelques mois, j'ai pris du ventre, j'étais serrée dans mon jean. Non, définitivement, rien n'allait. Mon mari et moi avions toujours partagé une vie intime agréable, malgré des hauts et bas en devenant parents – on ne peut pas tout faire ! – mais là, tout se stoppait… Et en attendant, j'avais toujours aussi chaud.

"Nous avons décidé d'utiliser du lubrifiant et ça change tout"

J'ai voulu essayer la sauge et le soja, qui sont réputés pour apaiser les symptômes ménopausiques. Ces traitements naturels se sont avérés sans succès. J'ai revu ma gynécologue. Elle m'a alors proposé de prendre le traitement hormonal de la ménopause. Elle a vraiment pesé les pour et les contres car mes antécédents familiaux n'étaient pas très favorables. Mais il était possible et peu risqué que je prenne le THM jusqu'à mes cinquante ans. Comme l'a dit ma gynécologue, l'idée était de "compenser ce que la nature aurait dû maintenir jusqu'à cet âge-là". En quelques semaines, j'ai retrouvé la pêche. J'étais mieux dans ma tête et dans mon corps, et nous avons refait l'amour "comme avant". Bien sûr, il a fallu arrêter le traitement. Les symptômes sont revenus, mais étaient moindres. A 50 ans, finalement, j'acceptais la ménopause. J'ai retrouvé ma fameuse sécheresse vaginale, bien que moins sévère que la première fois, et il a fallu la contourner. J'étais prête à le faire, car je vivais mieux la perturbation. C'est là qu'avec mon mari, nous avons décidé d'utiliser du lubrifiant, et ça change tout. Je n'y avais pas pensé à l'âge de 42 ans, mais en regardant la série "Grace & Frankie", dans laquelle un personnage fabrique un lubrifiant maison à base de patate douce (bon, je n'ai pas essayé…), j'ai eu un déclic. Au départ, j'étais gênée. Dès qu'on l'attrapait, je me disais que sans moi et mes problèmes, on n'en aurait pas besoin. Mais mon mari s'en fichait, et il m'a fait entendre que le lubrifiant pouvait très bien faire partie de notre sexualité. Depuis, on a toujours un flacon de gel intime sur la table de nuit.

"Il faut se renseigner pour trouver des solutions sans avoir peur de déranger"

Aujourd'hui, le sexe entre nous est plus tendre. On prend davantage notre temps. Mais c'est aussi lié à l'âge, enfin j'imagine ! En tout cas, nous sommes de nouveau épanouis sexuellement et j'ai retrouvé confiance en moi. Mon mari est très attentif et m'a beaucoup soutenue. On a toujours parlé ouvertement de notre vie sexuelle et je pense que c'est important. Ou, si on n'ose pas, au moins de se confier à des amis pour dédramatiser et entendre qu'il existe des solutions à solliciter à la pharmacie ou chez le médecin. Je ne regrette pas de m'être plainte à ma gynécologue plusieurs fois. Se renseigner, c'est le mieux à faire, et pour ça, il ne faut pas avoir peur de déranger ! J'espère que mon témoignage rassurera les femmes dans ma situation. La vie sexuelle ne disparaît pas avec la ménopause. Au contraire, elle renaît ! J'ai arrêté le THM il y a trois ans et, désormais, je n'ai quasiment plus de symptômes (mais toujours un lubrifiant à portée de main !). Je médite aussi, ça me fait le plus grand bien. Prendre soin de soi, en dehors de sa vie intime, est tout aussi essentiel.