1ère fois homo : récits sans tabou d'une expérience sexuelle stressante

Le chanteur Mika a récemment confié au magazine Têtu que sa première relation sexuelle avec un garçon avait été une catastrophe et que le sexe gay n'avait rien de facile. Nous avons décidé de rebondir et de vous donner la parole afin de briser les idées reçues qui entourent la sexualité entre personnes du même sexe. Témoignages de premières fois sans filtre.

1ère fois homo : récits sans tabou d'une expérience sexuelle stressante
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"La première fois que j'ai couché avec un garçon, c'était un désastre ! Humiliant ! J'avais 15 ans, je crois, et je ne comprenais rien", a confié le chanteur Mika au magazine Têtu (numéro du 27 novembre 2019), de poursuivre : "On devrait dire plus souvent que le sexe gay n'est pas facile. Maintenant j'en rigole, mais ça n'a pas toujours été le cas ! Il faut qu'on puisse en parler". Un témoignage touchant qui nous rappelle que les relations homosexuelles sont soumises à de nombreux clichés. Or non, les hommes ne sont pas dotés d'un désir et d'un plaisir sexuels à toute épreuve qui facilitent leur entrée dans la sexualité, et non les femmes entre elles ne partagent pas seulement des rapports sensuels et "gentillets" qui les exemptent de toute appréhension ou sentiment de découverte. En réalité, réussie ou ratée, exaltante ou passable, la première fois reste la première fois et elle n'a pas tant à voir avec l'orientation sexuelle, si ce n'est que les idées reçues et le poids de l'homophobie viennent parfois – et malheureusement – ajouter du stress au grand saut. Quatre personnes racontent.

Damien, 32 ans : "Entre le stress et la sensation que j'allais me faire dessus pendant qu'il me pénétrait, j'ai détesté ma première fois"

J'ai provoqué ma première fois avec un homme. J'avais 24 ans et je n'avais toujours été qu'en couple hétéro. J'étais ultra stressé. Je voulais à tout prix répondre à mes interrogations. Pourquoi cette attirance sexuelle pour le corps masculin ? J'avais également peur que ça se sache. Mon partenaire, rencontré sur une appli, a su me mettre à l'aise. Nous avons seulement pratiqué des préliminaires. Cette première fois m'a confirmé que oui, le corps des hommes me plaisait, mais en lui faisant une fellation j'ai eu l'impression de perdre ma masculinité. En somme, je n'assumais toujours ma sexualité. J'ai voulu mieux me connaitre, toujours, et je suis retourné sur cette appli. J'ai alors vécu ma première fois avec pénétration. Une catastrophe. Je l'ai pénétré et j'ai bien aimé, mais il a voulu me pénétrer aussi. Sous l'excitation je me suis dit OK, c'est l'occasion d'essayer, de savoir ce qui me plait. Sauf qu'à l'époque, je ne réalisais pas du tout que se faire pénétrer nécessitait un relâchement mental et une certaine préparation. Entre le stress et la sensation que j'allais me faire dessus, j'ai détesté. J'ai coupé court et je suis parti, honteux. Je crois que les mecs se lâchent plus facilement et plus rapidement au lit parce qu'on leur a toujours mis ça dans la tête, mais selon moi, la part d'inconnu reste la même face à une première fois. Certes, mon état de stress a forcément joué, mais qui ne l'est pas, stressé ? C'est aussi une question de sentiments et d'apprentissage, et je pense que ça n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle. J'ai connu des filles avec qui j'étais à l'aise, d'autres non. Aujourd'hui, j'ai 32 ans, je suis en couple et amoureux. Quand mon copain actuel m'a pénétré la première fois, j'ai adoré. Indescriptible comme sensation, j'en tremblais de plaisir.

Elise, 33 ans : "La sensualité a excusé la maladresse"

Ma première fois, c'était à 19 ans, avec une fille, même si j'ai fréquenté des hommes par la suite. A cette période, je regardais la série the L world et je fantasmais sur les filles. Mon attirance se dessinait. J'ai rencontré une nana à la fac, un coup de foudre mutuel, et au bout d'un mois, nous avons sauté le pas. Je dirais que c'était maladroit et amusant, j'imagine comme toute première fois : on ne sait pas comment faire, on se caresse mais nos mains tremblent, certains gestes sont agréables, d'autres sont un peu trop timides ou au contraire trop brusques. On essaie de reproduire ce que l'on pense être un rapport et on en oublie de composer le sien. C'est un peu l'image que je me faisais de la première fois – un rapport à tâtons. Je projetais également beaucoup de sensualité et en effet, il y en a eu. D'ailleurs, la sensualité excuse la maladresse, elle rend l'instant plus agréable, plus tendre. Elle renforce la complicité et elle donne envie de recommencer. Quand j'ai vécu ma première fois avec un homme, le côté plus mécanique, notamment induit par la pénétration, n'offrait pas cette même légèreté. Après, l'un dans l'autre, je dirais que j'ai davantage vu cette première fois comme un passage, une évolution, une rencontre avec mon corps de femme, qu'un moment capital aux souvenirs inoubliables.

Joris, 35 ans : "Je tremblais tellement que je n'ai pas réussi à mettre la capote"

Ma première fois a eu lieu à 18 ans. Je savais que j'étais attiré par les hommes mais j'avais tout de même du mal à me l'avouer. Je craignais le regard de mes proches, enfin surtout de mes parents. Parfois, j'essayais de me convaincre du contraire, de tourner autour des filles, mais rien n'y faisait. Et puis j'ai rencontré un garçon, on se voyait comme des copains pour dissimuler notre relation amoureuse. Lui, il avait déjà fait l'amour. Notre première fois était… bizarre, enfin pour moi. Il y a eu du plaisir et la certitude, il me semble, que j'étais au bon endroit, mais je m'en voulais, je culpabilisais, j'avais l'impression de faire quelque chose de mal. Ce qui m'a le plus marqué, c'est le moment capote. Je tremblais tellement que je n'arrivais pas à la mettre, et il me l'a mise. Si aujourd'hui, ce geste est érotique à mes yeux, à l'époque je me suis senti con, j'ai eu peur qu'il me rejette. Je me dis qu'avec une fille, je n'aurais peut-être pas tant paniqué, mais à l'inverse, je n'aurais pas pris de plaisir. En tout cas, je ne garde pas un souvenir exceptionnel. Avoir le "même" corps ne change rien, le sexe d'un inconnu reste le sexe d'un inconnu. Globalement, toutes mes premières fois n'ont jamais été folles, parce qu'au départ, on ne sait pas où on va. On dit que les hommes sont plus directs, que les rapports entre eux sont plus bestiaux – à vrai dire, je ne peux ni confirmer ni infirmer, mais il faut arrêter de croire à cette facilité ou cette fluidité, comme si nous étions doté d'un instinct qui nous permettait de nous envoyer en l'air comme ça, par magie. Parfois, c'est moins bien. Parfois, moi, je ne jouis pas.

Léa, 26 ans : "J'avais une vision très positive de la première fois, c'est sans doute pour ça que ça m'a paru simple et évident"

Je suis lesbienne. J'ai eu des petits copains au collège mais quand j'ai commencé à me poser des questions sur mon désir, au lycée, je me suis tournée vers les filles. Ma première fois, c'était avec une fille, j'avais 19 ans. Nous ne formions pas un couple, elle était déjà avec quelqu'un à cette époque. Cette première expérience était à la fois excitante et libératrice. Excitante pour les sensations physiques intenses que j'ai éprouvées. Libératrice parce que ça faisait longtemps que je voulais "m'assurer" de mon homosexualité. J'avais eu le temps d'y réfléchir, de le vouloir, et il était temps que ça arrive. J'en avais une vision très positive, et c'est doute pour ça que tout m'a semblé très simple et évident. Je suis spontanée et j'ai réussi à me laisser aller. J'ai éprouvé beaucoup de plaisir. C'est le contact des corps et des peaux qui m'a le plus fascinée. Je m'attendais à ce que ce soit très charnel, sensuel, ça a été le cas mais pour autant, ce n'était pas de la guimauve. Je ne crois pas que ce soit plus simple entre filles ou entre garçons, même si je n'ai jamais fréquenté de garçons sexuellement. Tout comme il n'y a pas de bons et de mauvais coups, je pense qu'il n'y a pas de règles à ce propos, c'est une question d'alchimie entre deux personnes et c'est cette alchimie qui crée le rapport. Cependant, malgré l'attirance, ça peut être une expérience compliquée, et inversement. On tombe parfois sur des partenaires sexuels qui ne nous conviennent pas et avec le temps, on apprend, on compose, mais la première fois rend forcément les choses plus compliquées, parce que c'est nouveau, et c'est pareil pour tout le monde.