Pourquoi la levrette nous rend dingo

La levrette, quel nom monstrueux ! Quelle absence de sensualité, de poésie et de raffinement ! Et pourtant, quelle position, quelle offrande, quel spectacle et quel honneur pour l'homme qui peut en jouir ! Pourquoi cette pratique plaît tant à la gent masculine ? Je vais tenter d'y répondre. En toute modestie, puisque je m'exprime au nom de tous. Avec, en filigrane, un grand merci à toutes les femmes.

Pourquoi la levrette nous rend dingo
© Sergey Gerasimov

La levrette et son bestiaire. La levrette, nous le savons tous, est la femelle du lévrier. Sa caractéristique ? Ses pattes arrière sont plus longues que celles de devant. De ce fait, à quatre pattes, son dos penche vers sa tête. Bref, le mot levrette, pour signifier la position que je veux louer, vénérer, sublimer, est d'origine…canine. Pas terrible n'est-ce pas ? Dans les pays anglo-saxons, on trouve l'expression doggy style (position du toutou). Décidément, on n'en sort pas de ces histoires de chien ! Si j'en crois Wikipédia, dans le Kamasutra, cette figure se nomme "congrès de la vache"  et, en italien, elle se dit "comme les brebis" (a pecorina). Il n'y a plus ici de toutou, mais on reste dans le registre zoologique. Désespérant. Je veux bien croire que la levrette rappelle la manière de faire zizi panpan de beaucoup d'animaux mais quand même ! Entre un homme et une femme, il serait grand temps de trouver une nouvelle appellation…

La levrette et son esthétique

Je pourrais parler du plaisir et de l'intérêt purement tactile de cette position (inclinaison du sexe, pénétration profonde…), mais je ne veux m'attarder, ici, que sur l'aspect esthétique et donc psychologique de "la levrette". Car c'est là que toute référence à l'animal s'éloigne et devient sublimement humain. Oui, pour un homme, faire l'amour avec une femme de la sorte est un plaisir avant tout visuel. Il voit, contemple, soupire et s'extasie. Car jamais vous n'êtes plus admirable qu'en cette occasion ! Ah vos fesses, vos hanches, magnifiées, exacerbées ! (Toute femme est Vénus callipyge sous cet angle). Par cette position, votre taille s'en trouve affinée et poursuit sa délicatesse le long du dos pour remonter aux épaules. Avant de s'achever sur la fragilité d'une nuque. "Merci !" aurait-on envie de crier une larme à l'œil et une autre s'écoulant, plus bas, en dessous de la ceinture…

Un orgasme à rendre accroc

Avec votre consentement, nous posons nos mains sur vos hanches, nous attrapons votre taille ou vos épaules (et parfois votre chevelure), nous parcourons vos formes, du bout des doigts, du bout des ongles, qu'importe, vous semblez, dans cette position, vous rendre accessible, intégralement. On se sent puissants et… privilégiés. Oui, privilégiés. Vous savez, nous avons conscience que cette position peut être délicate. Se mettre à quatre pattes, se cambrer, quoi de plus intime et de plus impudique !  Mais on veut croire que cette faveur nous est adressée. A nous et à personne d'autre, hier, aujourd'hui et demain. La levrette, c'est l'ultime connivence, un honneur en duo, l'apanage des plus précieux tandems. Et comme vous nous tournez le dos et ne pouvez croiser notre regard, on se sent en droit d'en jouir pleinement. Ah sublime tableau !

Des joies partagées…

Mais alors que l'homme joue les esthètes et les amoureux transi en contemplant vos courbes, quels plaisirs ressentez-vous dans cette position ? Certaines prendront du plaisir à être vues, se sentiront enivrées par le désir qu'elles suscitent chez leur amant ; d'autres, les yeux clos, seront dans le ressenti, apprécieront la pénétration, si profonde, si intense et joueront de leurs fessiers pour varier les angles de la chose qui les fouille et les investit. Pour mieux communier, certaines femmes positionneront un miroir devant elles afin d'échanger des regards, afin d'attiser les pulsions, d'un côté comme de l'autre. Et s'il est des femmes qui voudront conjuguer tout ce qui vient d'être énoncé, d'autres ne trouveront aucun attrait à ce type de position. Pas question de le faire pour un partenaire. Pour des raisons qui leur appartiennent, elles refuseront, tout simplement cette exposition.  

La levrette cabotine…

Quel homme n'a pas croisé une femme estimant cette position humiliante, avilissante, dégradante ? Aucun argument pour contrer cette vision si ce n'est ceux exposés ci-dessus : la beauté de la chose, la féminité sublimée, la reconnaissance ressentie. Loin d'être diminuées, enlaidies quand elles s'offrent ainsi, les femmes dominent, nous rendent dépendants, affamés, assoiffés. Elles nous mettent à genoux.

Voilà, il faudrait commencer par changer le nom de cette position. En tant qu'homme, j'ai quelques idées, mais c'est un terme qui doit être inventé à deux. Un sobriquet autant d'inspiration masculine que féminine. Car la "levrette", pour gagner ses lettres de noblesse, se doit d'être désirée par l'un comme par l'autre. Sinon elle perd de toute sa magie. De sa force. De son sublime.

Alors, comment la renommer ? Vous avez une idée ? Voilà l'occasion de proposer un petit jeu de couple…