Pourquoi je ne tombe que sur des connards ?

Ah ce cher connard… A force de le croiser, je suis lasse, mais bien décidée à comprendre pourquoi je suis abonnée à lui. Mon objectif : le cerner et le fuir. Pour ça, j'ai mené mon enquête auprès de Pascale Piquet, spécialiste des relations amoureuses qui vient de publier "Gagnez au jeu des échecs amoureux".

Pourquoi je ne tombe que sur des connards ?
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Le connard, un trou noir affectif

Avant tout, j'ai envie de savoir ce qu'est un connard. Parce que qui est connard pour moi ne l'est peut-être pas pour ma voisine. Selon ma grande expérience du connard, ce qui le définit, c'est son petit côté dragueur qui te prend, t'envoie du rêve et ne te rappelle pas. Un schéma que je connais par cœur et dont je ne me défais pas.

Selon Pascale Piquet, spécialiste des relations amoureuses, coach et auteure de Gagnez au jeu des échecs amoureux (Béliveau éditeur), ce que l'on reproche à cette espèce après coup, c'est de nous avoir utilisées. L'experte préfère appeler mon connard un "trou noir affectif" parce qu'il prend, mais donne peu. Il tend un piège dans le seul but d'avoir du sexe. Du coup, une fois que c'est fait, il ne va quand même pas me demander le lendemain matin par SMS si je vais bien et si je souhaite le revoir. Le "trou noir affectif" agit toujours de la même façon : il est indifférent, dominateur, il évite les bonnes manières, il s'amuse et ne veut pas s'engager. J'aime beaucoup son petit surnom de "trou noir affectif" parce que désormais, dès qu'un homme me paraîtra connard, je le verrai tout de noir, tel un trou géant et cette vision m'aidera, je crois, à ne pas y mettre un pied "juste pour voir si avec moi c'est différent". En tout cas, face à cette définition pointue, rien à dire. Je suis bien tombée sur des connards.

Le connard a toujours existé et non, il n'y en a pas plus aujourd'hui

Je les fréquente tellement que j'ai fini par penser que la Terre ne portait que des connards. Une conclusion désespérante. Tous les autres, les gentils, les amoureux, sont déjà casés (avec mes amies ou mes amis) et voilà que les célibataires devraient se contenter des restes en tombant dans des trous. Sympa. Alors évidemment, il m'a fallu savoir si le connard était partout et si j'étais foutue. La réponse de Pascale Piquet est aussi réconfortante que déprimante. Je m'explique. En fait, si je ne tombe que sur des trous noirs affectifs, c'est parce que j'ai besoin d'affection et que je me jette, sans m'en apercevoir, sur des personnes incapables de me satisfaire. Au fond, je crois que je ne vaux rien et je fonce vers les amours que je crois mériter. Me voilà bien rendue, je manque cruellement de confiance en moi et ça perturbe mes rencontres. Je tombe plus facilement dans le piège, je me laisse séduire par celui qui sait me promettre la lune et ne me tend en réalité qu'un bout de son matelas. Je dois reconnaître que l'experte se trompe peu. C'est vrai, j'ai du mal à croire que je mérite un bel et grand amour, surtout à force d'échecs. Le cercle est vicieux, comme mon connard. C'est parce que je me sous-estime que je vais vers eux. A quoi bon aller vers un type bien, que je décevrai à tous les coups ? Je tends le bâton pour me faire battre : ainsi, c'est moi qui finie déçue.

On ne change pas un connard

J'ai bien essayé de gratter des connards pour qu'ils se transforment en prince charmant (quand ils n'avaient pas disparu en deux jours) pour voir ce qu'il y avait dessous, mais à part un caleçon et une capacité à se foutre de moi, je n'ai rien trouvé. Selon l'experte, on croit toutes, face à un connard, que les choses seront sûrement différentes avec nous (même si l'on manque d'estime, là est toute notre contradiction). On a bien les espoirs que l'on veut. Notre but, justement, reprendre confiance en réalisant qu'on a changé le connard en mec bien. Eh ouais, mais c'est vain. Le connard est plutôt clair et cache rarement son jeu. Mais c'est ça qui nous plaît : on pense qu'on va le sauver, qu'il souffre d'être qui il est. On commence souvent par le sexe, on pense le retenir (et l'attendrir ?) ainsi, mais on se trompe. Il ne cherche que ça, alors une fois qu'il a eu son quatre heures, inutile de lui proposer à dîner. En se donnant trop vite, le connard y voit l'autorisation de jouer.

Je retiens dès lors qu'il est inutile de vouloir changer le connard. De toute façon, ça tombe bien, j'ai décidé de ne plus approcher un mec qui ressemble à un trou noir. Mais comment résister ? Parce que je me connais, quand même. Ça fait presque dix ans que ça dure.

En finir avec le connard

L'objectif est clair, selon Pascale Piquet : il faut être dans le respect de soi, pour faire des rencontres dans le plaisir et non dans le besoin. En étant bien avec moi-même, je n'irai plus vers des hommes en pensant qu'à leurs côtés, je serai mieux. Inutile de me jeter corps et âme sur quelqu'un pour que ça fasse des paillettes. L'idéal est de se répéter qu'il n'y a aucune urgence à aller plus loin avec tel ou tel garçon. Je prendrai désormais le temps de les connaître, autour d'un verre, sans rendez-vous à domicile. Et je ne donnerai pas tout, pas si vite. Car c'est en donnant tout que l'autre prend tout. L'affaire est mathématique.

Dans son dernier ouvrage,Gagnez au jeu des échecs amoureux (Béliveau éditeur), Pascale Piquet explique que choisir la bonne personne n'est pas un jeu de hasard, c'est une stratégie. L'amour repose sur le CRAC, poursuit mon interlocutrice : Confiance, Respect, Admiration, Complicité. Dans les relations avec les trous noirs affectifs, aucun de ces critères n'est respecté. Désormais, c'est clair et net : avant de me lancer, je veillerai à ce que ces quatre termes soient là, présents, ressentis. Car je ne vais pas me mentir à moi-même : à chaque fois que j'ai rencontré un connard, j'ai bien senti qu'un truc clochait, que ça puait, que non, il n'y avait de confiance de ma part (je flippais devant mon téléphone), de complicité naissance, d'admiration réciproque et de respect (tu réponds à mon coup de fil ?) mais je me leurrais, dans l'espoir d'être dans l'erreur, à deux pas du grand amour. Encore une fois, le manque de confiance en moi est pointé du doigt : si j'en avais un minimum, je réaliserai combien je ne suis pas sur la bonne voie.

Désormais, je n'ai qu'une bonne résolution. Penser CRAC et m'avouer ce que je dois m'avouer : quand ça ressemble de près ou de loin à un trou noir, je fais demi-tour. Parce que je le vaux bien, ce chemin joli et respectueux, où demain l'amour triomphera.

Merci à Pascale PIquet www.pascalepiquet.com