Faire un break : est-ce une bonne idée pour sauver son couple ?

Alors que notre couple bat de l'aile, on se demande si faire un break est une fausse bonne idée. Pour prendre notre décision en connaissance de cause, nous avons discuté des pour et des contre avec Claire Delaporte, auteure de "Heureux en couple".

Faire un break : est-ce une bonne idée pour sauver son couple ?
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On joue sa dernière carte

"Rompre, c'est rompre aussi avec la confiance instaurée et la volonté d'être ensemble", introduit Claire Delaporte, qui présente le break comme une séparation non définitive qui a l'avantage de ne pas détricoter pas tous les liens. En optant pour un break, on abat sa dernière carte. "Si ce joker ne fonctionne pas, on pourra alors se dire qu'on a tout essayé pour sauver notre couple et c'est bien plus agréable", rassure Claire Delaporte. Bien sûr, cette dernière carte se joue si et seulement si on en ressent le besoin : on ne propose pas un break parce qu'on est un peu bilingue et qu'on préfère ménager notre partenaire, non plus pour tester l'amour de l'autre. Tenir une posture (je m'en fiche, tu vas courir) alors qu'on guette des appels et un harcèlement flatteur, c'est moyen. On ne tire pas profit de cette éclipse, et pire, si notre partenaire prend un raccourci et conclut notre histoire, on regrettera notre idée lumineuse.

Le piège : avant de jouer cette dernière carte, il est préférable d'avoir mis sur la table la précédente, celle de la communication. "Faire un break sans avoir discuté de sa situation de couple, c'est prendre une distance qui peut s'avérer inutile, et surtout, donner le sentiment à l'autre qu'on fait ça par dépit, non pas par sauvetage, ce qui peut précipiter la chute", précise l'experte. En somme, on n'improvise pas un break comme un ciné. C'est en ayant échangé préalablement que l'on découvre si oui ou non, cette prise de recul est une idée qui nous correspond et peut nous être bénéfique. Avant de déployer son ultime carte, il est bon de faire un point sur la partie.

On expérimente le manque

"Quand il n'y a plus de danger, il n'y a plus de manque"

"Au quotidien, on a rarement l'occasion d'expérimenter le manque", expose Claire Delaporte. Descendre les poubelles ne nous laisse pas le temps de réaliser combien on s'aime. Blottie dans une routine, on est rapidement agacée par les défauts de l'autre, on ne voit qu'eux. Le négatif triomphe et l'amour se planque. Un quotidien que l'experte résume ainsi : "Quand il n'y a plus de danger, il n'y a plus de manque." Une prise de distance permet de mieux cerner ce que l'on ressent. Le moment rêvé pour laisser venir à nous, sans se l'imposer, une série de sentiments qui pourront nous éclairer quant à ce qu'il se trame dans notre intimité.

Le piège : être tenté de s'appeler, auquel cas toute sensation de manque sera inexistante ou complètement biaisée. "En sachant ce que fait notre partenaire jour après jour, on ne pense plus par soi-même mais selon l'état de l'autre", explique Claire Delaporte. Il déprime ? On culpabilise et la culpabilité se déguise en manque. Autre cas de figure : il a trouvé une belle blonde. Et là, c'est au tour de la jalousie d'enfiler son costume de manque. Ne pas être avertie heure après heure de la vie de notre compagnon, c'est laisser le manque s'inviter naturellement, de soi à soi. Fixer des règles ensemble est donc nécessaire (on s'appelle dans huit jours), aussi envers soi-même (je n'épierai pas son compte Instagram). Puis, quand le manque est bel et bien là, on se pose cette dernière question : suis-je en manque de Fernand, ou d'une présence ? Parce qu'être seule, avoir froid et écouter trois chansons tristes, ça nous rappelle à notre confort et aux câlins de tous les soirs. On croit au manque, surtout qu'on le guette durant le break, mine de rien. On se fait donc la promesse de ne pas se mentir, on n'est pas là pour ça.

Une procrastination qui a du bon

"On a bien le droit de remettre nos réflexions à plus tard"

Si la procrastination est mal vue en matière de travail, ménage ou belle-mère, en amour, on peut voir les choses autrement. "On a bien le droit de remettre nos réflexions à plus tard. C'est fatiguant de devoir toujours trouver des réponses, analyser et prendre des décisions", prévient Claire Delaporte. En d'autres termes, en faisant un break, on s'autorise à dire je ne sais pas et je verrai. Et puis, lorsque notre couple se porte mal, difficile de réfléchir non-stop. Une fois qu'on a fait le point à deux, on tourne rapidement en rond, au risque de s'énerver davantage. "De plus, on n'a pas tous le même rythme et les réponses ne surviennent pas chez chacun en même temps et dans les mêmes conditions", avance Claire Delaporte. Puisque la nuit porte conseil, trente nuits pourraient logiquement faire mieux. Pas de pression, on a le temps grâce au break.

Le piège : "Le break n'est peut-être pas un challenge qui excite notre partenaire, si bien qu'il va préférer engendrer la rupture tandis que nous, on demandait simplement du temps", prévient Claire Delaporte. Certaines personnes portent un regard négatif sur le break, noirci par l'idée qu'une pause fragilise le couple. Un raccourci que peut prendre notre partenaire et que nous, on doit prendre en compte : si Robert décrète que le break revient à reculer pour mieux sauter, c'est le début de la fin. Il est donc important d'exposer notre idée de break avec soin. Un partage nos points de vue pour orienter notre décision.

On se pose (enfin) les bonnes questions

J'en pense quoi, moi, au fond ?

Les décisions prises à chaud ne sont pas toujours les meilleures. Etre seule permet de s'octroyer un face à face utile. "Face à notre partenaire, on a tendance à réfléchir selon lui, à répondre à ses remarques, son point de vue, plutôt que de communiquer avec soi-même", rappelle Claire Delaporte. Le break est donc une occasion en or pour s'interroger : de quoi ai-je envie ? J'en pense quoi, moi, au fond ? On se lance dans un dialogue interne, qui ne doit pas prendre la tête. Quelques réflexions au jour le jour, qui s'inviteront d'elles-mêmes au creux de notre "nouveau mode de vie".

Le piège : les copines. On les aime bien et on adore refaire le monde avec elles. D'ailleurs, au bout de quelques verres, on entre dans des analyses très psy qui nous paraissent génialissimes. Le problème, c'est que le break est un moment pour soi, pour réfléchir tranquillement. L'avis de nos amis, aussi intelligent et utile soit-il parfois, risquent de nous parasiter. Profitons plutôt des moments avec elles pour parler de tout, de rien. "C'est en s'aérant l'esprit qu'on sera plus apte à se poser les bonnes questions, plutôt que de ressasser", conseille l'auteure de Heureux en couple (Ed. First). Du vide pour y voir plus clair, en somme.

On devient maître de sa relation

On fait une entorse au contrat d'être heureux ensemble

"En proposant un break et en osant cette pause, on ne se positionne plus en victime et on ne subit plus une relation. On devient actrice, parce qu'on prend les choses en main, en cherchant le meilleur pour soi et son couple", explique notre experte. Et si on retourne à deux pieds dans notre histoire après notre pause, on y va alors en toute connaissance de cause. On reprend le contrôle, parce qu'on a sauvé notre histoire, qu'on l'a "étudiée" et qu'on sait ce que l'on veut vraiment et comment.

Le piège : ne pas se sentir pousser des ailes car écrasée par la culpabilité. Il faut du courage pour faire un break : on a le sentiment de blesser l'autre (et d'ailleurs, il ne danse pas la carioca en nous attendant), et on fait – mine de rien – une entorse au contrat d'être heureux ensemble et de s'aimer envers et contre tout. On n'est plus vraiment une équipe, il y a comme une petite tâche dans notre parcours, mais elle s'estompera avec le temps et la reconstruction de notre couple. Il est nécessaire d'assumer sa décision et de jouer cette carte jusqu'au bout, sinon on subit son break plutôt qu'on ne contrôle sa relation. En brisant la distance trop tôt, on oublie les raisons pour lesquelles on a voulu partir et on ne revient pas l'esprit frais, qui sait désormais à quoi s'en tenir.