"Je l'ai supplié d'arrêter" : mon père a ruiné mon mariage

Après quelques années en concubinage, Lena et Vincent sont si heureux qu'ils décident de se marier...

"Je l'ai supplié d'arrêter" : mon père a ruiné mon mariage
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Ma rencontre avec Vincent n'a pas été le fruit du hasard : si nos chemins se sont croisés, c'est grâce à une application de rencontre. Son profil a tout de suite attiré mon attention. Après quelques jours de discussions virtuelles, nous nous sommes retrouvés en fin d'après-midi pour boire un verre. Il était encore plus beau que sur les photos et encore plus drôle que dans sa description ! Très vite, nous sommes devenus inséparables. Vincent était très viril, il avait un caractère fonceur et faisait beaucoup de blagues macho, mais ça ne l'empêchait pas d'être quelqu'un d'attentionné et de loyal. Dès le début de notre relation, j'ai compris que je pourrais compter sur lui. Nous avons emménagé ensemble au bout de quelques mois et je l'ai rapidement présenté à ma famille. Mon frère l'appréciait et ma mère se montrait cordiale à son égard. En revanche, j'ai bien vu que mon père avait du mal. Il essayait de le cacher comme il pouvait, mais je connais bien mon papa ! Le problème, c'est qu'ils sont très différents. Mon père est sensible, il a été ouvrier toute sa vie et il milite dans les milieux de gauche. Quant à Vincent, il travaille dans la finance, il est très affirmé, compétitif et ostensiblement de droite. Malgré leurs désaccords, mon père faisait l'effort de se montrer poli avec Vincent et l'accueillait à bras ouverts. Mais Vincent, avec son tempérament provocateur, ne pouvait s'empêchait de le titiller de temps en temps.

L'annonce du mariage

J'ai vraiment compris qu'il y avait un souci le jour où nous avons annoncé à mes parents que nous allions nous marier. Alors que mes beaux-parents étaient ravis, ma mère n'a pas été très démonstrative et mon père est resté silencieux. Même si ce n'était pas la réaction que j'aurais souhaitée, je suis passée au-dessus. De mon côté, j'étais sûre de moi : mon amour pour Vincent ne faisait que grandir. Nous avons passé des mois à préparer le mariage. Nous souhaitions une belle cérémonie, entourés d'une centaine de proches. Afin que tout soit parfait, j'ai fait appel à une wedding planner. Le mariage se déroulerait dans un lieu magnifique, nous avions un traiteur fantastique, un DJ génial, ma robe était splendide, les fleurs parfaites. Je ne cache pas que ça a été long et fastidieux, mais à quelques jours du mariage, je ne tenais plus en place, tant j'avais hâte !

Le jour J, j'étais à la fois stressée et heureuse. Je voulais que tout se passe bien et que les invités passent le meilleur moment possible. Mais je n'ai pas vécu cette remise en question par laquelle passe beaucoup de gens. J'étais toujours aussi persuadée que je faisais le bon choix. Et mon sentiment de bonheur n'a fait qu'augmenter lorsque j'ai découvert Vincent à la mairie, vêtu de son incroyable costume blanc. J'ai lu dans ses yeux le même bonheur, au moment où il m'a vue dans ma robe de mariée. C'était vraiment fabuleux. Nous sommes ensuite allés dans la grande propriété que nous avions louée pour l'occasion. Une amie nous avait proposé d'animer une cérémonie laïque. Ce fut l'un des plus beaux moments de ma vie. Nous avons eu droit à des discours émouvants, à des projections de photos très drôles, le tout ponctué de surprises touchantes.

Un père froid et distant le jour J

Lorsqu'il m'avait conduite à la mairie, mon père m'avait glissé à l'oreille que j'étais magnifique. Il semblait très ému par ce moment. Pour autant, il n'avait pas souhaité faire de discours et n'avait pas décroché un mot à Vincent depuis le début de la journée. Il restait fermé, ne parlait qu'aux autres membres de ma famille. J'essayais d'y faire abstraction, mais j'étais triste de voir qu'il ne partageait pas mon bonheur et qu'il n'arrivait pas à faire un effort en ce jour si important pour moi. Nous avons ensuite débuté le vin d'honneur et enchaîné sur un repas délicieux. En dehors de mon père, que je tentais d'oublier, j'étais sur un petit nuage, entourée de mes proches et de l'homme de ma vie. Mon père s'est tenu éloigné de Vincent pendant tout le repas. Un peu porté sur la bouteille, je le voyais boire de plus en plus et commencer à s'enivrer.

"J'avais peur de ce qui pouvait sortir de sa bouche"

Aux alentours de 21h, il était déjà complètement ivre. Sous l'effet de l'alcool, il se leva et fit teinter son verre pour signaler qu'il souhaitait porter un toast. Toute l'assemblée se tut, ravie d'entendre le discours du père de la mariée. Je n'étais pas aussi détendue : je connaissais mon père en état d'ébriété et j'avais peur de ce qui pouvait sortir de sa bouche. Il débuta son discours de façon un peu chaotique. A cause de l'alcool, il avait du mal à articuler et partait dans tous les sens. Il me dit tout de même à quel point il m'aimait et tant il était fier de la femme que j'étais devenue. Je me décrispais un peu, touchée par cette déclaration inattendue.

Un mariage qui vire au drame

Jusqu'au moment où il a dit qu'il aurait préféré un autre gendre, quelqu'un de moins égoïste et prétentieux. Pour Vincent, c'était une véritable humiliation. Egal à lui-même, mon mari a lâché en blaguant : "Peut-être, mais grâce à mon égoïsme, votre fille sortira de la misère dans laquelle elle est née."  Pour mon père, qui s'était toujours démené afin que ses enfants ne manquent de rien, c'était la pire réponse possible.

"Mais pour qui tu te prends, petit con ?"

Il s'avança vers Vincent et lui attrapa le col en le soulevant. Il était enragé, je ne l'avais jamais vu aussi furieux. Il se mit à secouer Vincent, à lui dire : "Mais pour qui tu te prends, petit con ?". Alors que Vincent se débattait, mon père a tenté de lui décocher un coup de poing, qui a fort heureusement atterri dans le vide. Déconcertée, je me levais d'un bon, pour leur crier qu'ils devaient arrêter ça tout de suite. J'ai essayé de les séparer, mais mon père m'a dit de reculer, qu'il était prêt à tuer Vincent. Je ne savais plus quoi faire, les deux hommes que j'aimais le plus au monde étaient en train de se battre… Le jour de mon mariage. Mon père poussa Vincent à terre et alors qu'il était sur le point de lui mettre un coup de pied, je me suis mise à pleurer en le suppliant d'arrêter. Ça lui a fait un électrochoc. Mon père s'est stoppé net et il est parti en furie, marmonnant dans sa barbe quelques injures supplémentaires. Je me suis jetée sur Vincent pour l'embrasser et lui demander s'il allait bien. Il était secoué, mais se releva vite. Il n'était pas blessé, juste choqué par ce qui venait de se passer. Après quelques secondes de flottement, il me prit dans ses bras en me disant que tout irait bien, que ce n'était pas grave. Il se tourna vers les invités, silencieux et sidérés, puis leur dit d'une voix enjouée : "Je suis vraiment désolé que vous ayez assisté à une telle altercation. Je savais que mon beau-père ne m'appréciait pas, mais je n'aurais pas non plus pensé qu'il souhaitait ma mort !" Et après quelques secondes supplémentaires, il leva son verre et dit : "Sur ce, allons danser !"

Une soirée irrattrapable...

J'admirais sa capacité à rendre la situation légère, mais pour moi, c'était impossible de penser à autre chose. J'ai essayé de m'amuser, mais ça sonnait faux. J'ai finalement passé le reste de la soirée à broyer du noir et à retenir mes larmes. Vincent, ma mère, mon frère, mes beaux-parents, mes amis… Tous tentaient de me remonter le moral. Mais il n'y avait rien à faire. J'en voulais terriblement à mon père d'avoir gâché mon mariage. Le lendemain, j'ai signalé à ma mère que je n'avais aucune envie de voir mon père. Pendant des semaines, je ne lui ai pas adressé la parole. Il a fini par s'excuser auprès de moi, mais n'a jamais demandé pardon à Vincent. Pour être honnête, je lui en veux encore.

C'était il y a plus d'un an et la plaie reste ouverte. Je ne sais pas si j'arriverai à lui pardonner un jour. Le seul point positif, c'est que cette mésaventure n'a fait qu'augmenter mon amour pour Vincent. Il m'a énormément soutenu les mois qui ont suivi et même s'il ne veut plus revoir mon père, il a toujours essayé de dédramatiser cet événement. Alors, pour tous les beaux-pères qui n'aiment pas leur gendre, apprenez à vivre avec, car si vous en venez aux mains, vous aurez plus de chances de perdre votre fille que d'évincer votre gendre !