Enfoirés et réacs ?

Les Enfoirés mériteraient-ils leur nom ? C'est ce que pensent les internautes depuis que leur nouvelle chanson Toute la vie a été diffusée sur internet. Depuis la sortie du clip lundi 23 février, la Toile se déchaîne. Et pour cause : le titre, qui s'adresse à la jeunesse d'aujourd'hui, est interprété comme un message réac et méprisant envers la nouvelle génération. Pourquoi ? On vous explique.

Toute la vie, c’est d’abord des paroles. Des paroles choquantes, où des jeunes anonymes s’interrogent sur leur avenir :

"Les portes closes et les nuages sombres
C’est notre héritage, notre horizon
Le futur et le passé nous encombrent
Avez-vous compris la question ?" 

 Réponse des Enfoirés :

"Non, vous avez tout, l’amour et la lumière.
Ce qu’on a, on l’a pas volé".

Si on veut, mais ce n’est pas la question. On poursuit, avec les jeunes :

"Vous aviez tout, paix liberté, plein emploi 
Nous c'est chômage, violence, sida".

Réponse des Enfoirés ?

"Tout ce qu'on a il a fallu le gagner. 
A vous de jouer mais faudrait vous bouger."

Merci, c’est encourageant. 
Enfin, lorsque les jeunes s’insurgent "Vous avez raté, dépensé, pollué", les "vieux" Enfoirés, s’empressent de répliquer : "Je rêve ou tu es en train de fumer ?"
C’est bien connu, les jeunes sont tous des fumeurs et des glandeurs. 

Toute la vie, c’est aussi un clip. Un clip où les jeunes sont des anonymes et où les "vieux" donneurs de leçons sont des célébrités françaises. Malaise.
Ce qui étonne par ailleurs, c’est qu’Amel Bent ou Jean-Baptiste Maunier, sont à peine plus âgés que les jeunes qu’ils critiquent. Ironique. 
On n’ose à peine relever les autres clichés qui inondent cette vidéo, mettant en scène le culte de la réussite sociale contre une jeunesse assistée qui passe son temps à se plaindre. Autre stéréotype nauséabond : dans le clip, les jeunes s’expriment en taguant des murs quand les donneurs de leçon écrivent sur des carnets avec de beaux stylos plumes.
Sur la Toile, les internautes, qui perçoivent la vidéo comme une leçon de vie emplie de mépris, se déchaînent : "Un procès contre la jeunesse qui ne mène à rien", "Résumé de la dernière chanson des Enfoirés : on a bien merdé, pollué, détruit, mais vous avez 'toute la vie' donc ne vous plaignez pas !", "Tais-toi, jeune précaire. T’as toute ta vie pour payer ma retraite".
Si le collectif se veut habituellement rassembleur, cette fois, c’est raté. Une morale à la "chacun pour soi, marche ou crève" qui ne correspond en rien à l’idée que Coluche se faisait des Restos du cœur.
Face à ce bad buzz, les Enfoirés se sont défendus en assurant que le texte se voulait pourtant "positif et encourageant". Le message est visablement mal passé. 

Regarder le clip de Toute la vie, des Enfoirés :