Mort de Georges Moustaki

Avec sa gueule de métèque/ De Juif errant, de pâtre grec/ Et ses cheveux aux quatre vents, Georges Moustaki, tendre poète, compositeur inspiré, instrumentiste doué, s'en est allé.
C'est à un emphysème qu'il a succombé. En 2011, il avait confié dans une interview à La Croix qu'il souffrait de problèmes respiratoires et que sa maladie des bronches, "irréversible", le rendait "définitivement incapable de chanter". "Je ne peux plus faire de sport, pratiquer le tennis de table qui fut mon exercice quotidien pendant quarante ans. Je m'exprime avec peine, mes muscles ont fondu (...) Les infirmières m'ont aidé à ne pas céder au découragement, m'ont poussé à remarcher, à rejouer de la guitare. Je suis devenu plus sensible aux témoignages qui me réchauffent le coeur (...) Ces marques d'humanité m'ont permis de conserver l'envie de me battre. J'ai eu une vie passionnante. Je voudrais qu'elle le reste jusqu'au bout", avait-il raconté.
Français d'adoption, Georges Moustaki, de son vrai nom Giuseppe Mustacchi, est né le 3 mai 1934 à Alexandrie, de parents juifs grecs immigrés en Egypte.
Avec ses yeux tout délavés/ Qui lui donnent l'air de rêver, ce grand charmeur s'installe à Paris et court jupons.

Avec ses mains de maraudeur/ De musicien et de rôdeur, il fait swinguer les nuits de Saint-Germain-des-Prés. Amours, amitiés. En 1951, il fait une rencontre déterminante, celle de Georges Brassens. En hommage, il adopte son prénom.
Cet insatiable troubadour écrit quelque 300 chansons ("Milord", "Le Métèque", "Sarah", "Ma liberté", "Ma solitude", "Votre fille a vingt ans", mais aussi "La Dame Brune", ou encore "Joseph", "La Marche de Sacco et Vanzetti") pour les plus grands interprètes, Piaf, Montand, Barbara, Dalida, Salvador, Gréco, Reggiani, avant de les chanter avec succès.

Avec sa peau qui s'est frottée/ Au soleil de tous les étés, il fait de la nonchalance, un art de vivre, de la légèreté, une sagesse.

Polyglotte, peintre et dessinateur, séducteur dans l'âme, Georges Moustaki bascule le 8 janvier 2009 à Barcelone, quand sur la scène du Palais de la musique, il est contraint de renoncer à son concert. Celui qui a passé sa vie en quête de grand air -sur les routes, à moto ou au bord de la Méditerranée- ne pouvait rester enchaîné à une bouteille à oxygène. Artiste épris de liberté, Georges Moustaki nous a quittés.
Grâce à lui,  Nous ferons de chaque jour/ Toute une éternité d'amour/ Que nous vivrons à en mourir...

Regarder Georges Moustaki interpréter Le Métèque :