Adieu Raymond Poulidor, éternel 2e mais tellement poupoupulaire

Le cycliste Raymond Poulidor s'est éteint ce mercredi à l'âge de 83 ans. L'ancien coureur avait été hospitalisé début octobre en Haute-Vienne, où il résidait. Les Français garderont en mémoire le visage souriant de ce sportif sympathique et simple. Drogue, "poupoularité", amitié avec Jacques Anquetil : voici les secrets de "Poupou".

Adieu Raymond Poulidor, éternel 2e mais tellement poupoupulaire
© JP PARIENTE/SIPA

Issu d'une famille rurale originaire de Saint-Léonard-de-Noblat, en Haute-Vienne, Raymond Poulidor a toujours été attaché à sa campagne, où il a vécu jusqu'à sa mort, survenue ce mercredi 13 novembre. Légende du cyclisme même s'il n'a jamais réussi à décrocher le Maillot jaune, "Poupou" comme il se faisait appeler, a su faire de sa renommée une force.
Les plus jeunes ne me connaissent pas. Mais, souvent, ils ont entendu parler de moi par leurs parents ou grands-parents. Alors ils m'abordent en me disant : 'C'est vous, Poulidor ? Celui qui finit toujours deuxième ?' Ça me fait bien sourire. Je suis devenu une marque", confiait-il en juin dernier au Parisien. Il faut dire que les années de service de Raymond Poulidor remontent à la France de De Gaulle ! Les aficionados se souviendront de l'animosité de cet éternel challenger et du grand vainqueur Jacques Anquetil, qui se transformera en vraie amitié au fil des ans.

Dernier d'une fratrie de cinq garçons, Raymond Poulidor naît dans la Creuse en 1936 au sein d'une famille de métayers. C'est grâce à ses frères aînés qu'il découvre le cyclisme. Après avoir effectué son service militaire en Allemagne et en Algérie, il a vingt ans lorsqu'il débute sa carrière de coureur.

  • Sa petite reine

A 25 ans, il épouse Gisèle Bardet, postière de profession avec qui il aura deux filles, Isabelle et Corinne. Ses petits-fils, David et Mathieu van der Poel, sont également cyclistes professionnels, comme leur grand-père maternel et leur papa, le Néerlandais Adrie Van der Poel qui a épousé sa fille cadette. En décembre 1977, Raymond Poulidor se retire et devient consultant sur le Tour de France. En 2003, il est décoré de la Légion d'Honneur et publie ses mémoires un an après.  

  • Raymond Poulidor, un champion de la 2e place

Son malheur en courses a construit sa célébrité et Raymond Poulidor ne s'en est jamais plaint ! Au contraire, s'il a remporté plusieurs étapes de courses prestigieuses (Tour d'Espagne en 1964, la Flèche Wallone en 1963...) dont deux du Tour de France, celui qui a vu le Maillot jaune lui passer sous le nez à huit reprises (deuxième en 1964, 1965, 1974, troisième en 1962, 1966, 1969, 1972, 1976) a vu ses échecs lui porter bonheur. "Plus j'étais malchanceux, plus le public m'appréciait, plus je gagnais du fric", lâchera-t-il au Monde. A nos confrères du Parisien, celui qui a participé à sa première Grande Boucle avec un plâtre au poignet  a déclaré : "Mon nom est entré dans le langage commun parce que je n'ai jamais gagné le Tour de France. Encore aujourd'hui, on dit d'un homme politique, d'un sportif ou d'un individu qui arrive deuxième : C'est un  'Poulidor' ". 

  • Raymond Poulidor et Jacques Anquetil : leur rivalité historique

Tout au long de sa carrière, Raymond Poulidor et Jacques Anquetil, cinq fois gagnant du Tour de France, se lancent des piques à tel point que, du propre aveu de ce dernier, leurs chamailleries déchirent les téléspectateurs ! "La France était coupée en deux. Des couples ont divorcé parce que la femme était pour Anquetil, le mari pour Poulidor", expliquait "Poupou". Mais au fur et à mesure, les deux cyclistes se lient d'amitié. "Un jour, Jacques (Anquetil) m'a dit 'Raymond, tu continues à m'emmerder. Ma fille sait dire "Poupou" avant "Papa", a indiqué le champion aux 189 victoires. Jusque dans la tombe, les deux amis auront été compétiteurs. "Il te faudra encore te contenter de la deuxième place. Je vais partir le premier",aurait déclaré Jacques Anquetil à son ami, sur son lit de mort, selon "Petits Histoires méconnues du Tour de France" (Ed. Hugo et Cie) de Patrick Fillion et Laurent Réveilhac. 

  • Raymond Poulidor et la drogue : ni oui ni non ? 

Alors que le sujet du dopage est un terrain glissant dans le vélo, Elise Lucet, qui reçoit Raymond Poulidor dans Cash Investigation en 2016, l'interroge sur sa carrière de 17 ans sans ombre au tableau. Lorsque la journaliste lui demande s'il s'est déjà dopé, le cycliste répond "non". Mais quand elle le questionne sur les amphétamines, Raymond Poulidor, qui pense alors que les caméras ne tournent plus, revient sur sa réponse :"C'était des amphétamines. On prenait deux fois rien. On avait bien dit que les étudiants prenaient un ou deux Maxiton, c'était ça. Mais ça n'avait rien à voir avec maintenant. C'était pour tenir, c'était pour le moral".