Mort de Jean-Pierre Marielle : portrait intime du grand môme du cinéma

Acteur prolifique qui a tourné dans plus de 100 films, Jean-Pierre Marielle est décédé le 24 avril 2019, à l'âge de 87 ans. Comédien à l'humour cynique, l'artiste était très affaibli par la maladie d'Alzheimer et se faisait discret depuis quelque temps. Le monde du cinéma fait ses adieux au "colonel". Retour sur ses amis, ses amours et ses passions.

Mort de Jean-Pierre Marielle : portrait intime du grand môme du cinéma
© Baril Pascal/ABACA

"Je suis décalé, pas calé. Il n'y a rien de mieux que d'être décalé", se plaisait à dire Jean-Pierre Marielle. Grand enfant, pitre avant d'être comédien, cet éternel gamin de Précy-le-Sec (Yonne) est décédé le 24 avril 2019 à l'hôpital des Quatre-Villes, à Saint-Cloud. Atteint depuis quelques années par la maladie d'Alzheimer, l'acteur, qui a joué dans plus d'une centaine de films dont Tous les Matins du Monde, Calmos, Le Diable par la Queue ou encore Comment Réussir quand on est Con et Pleurnichard de Michel Audiard, laisse derrière lui un cinéma à son image : généreux et drôle. 
Pourtant, Jean-Pierre Marielle n'a jamais rêvé de faire carrière. Au lycée, à Dijon, ce fils d'une couturière et d'un industriel dans l'agro-alimentaire s'amuse à monter des pièces de Tchekhov avec ses camarades. Encouragé par ses professeurs, il décide alors de monter à Paris et s'inscrit au Conservatoire National d'Art Dramatique. Là, il fait la connaissance de Belmondo, Mocky, Girardot, Rochefort... "La bande du Conservatoire" est née. En 1954, Jean-Pierre Marielle en sort avec le second prix de comédie classique. 

Jean-Pierre Marielle, le goût des choses simples 

Jean-Pierre Marielle, c'était avant tout une voix reconnaissable entre mille, un regard pétillant et une personnalité enfantine. Long-métrages, téléfilms, théâtre : l'artiste n'a aucune préférence et dit se moquer du succès rencontré par son travail. "Ça ne me gêne pas de faire des navets, j'espère en faire encore quelques-uns", déclare-t-il en 2011 lors de la promotion de son autobiographie Le Grand n'importe quoi (Calman Levy, 2010). Simple à la ville comme à l'écran, "le colonel" comme ses amis le surnommaient, ne se considérait pas comme une star. "Il fait toujours comme il a envie. Avec lui, dans la vraie vie, on s'amuse. On n'est jamais monsieur et madame", confie son épouse, Agathe Natanson.  
La bonne chère, les femmes, le jazz et le vélo, Jean-Pierre Marielle a vécu sans chichi et avec gourmandise.
Marié à quatre reprises, il n'a eu qu'un seul enfant, François-Arthur, né en 1980 de son union avec Catherine-Françoise Burette. lls se marient en 1979 avant de se séparer en 1983. Avant cela, l'acteur nommé 7 fois aux César a été uni à Noëlle Wollf, de 1957 à 1967 et à Michelle-Charlotte Bompart, de 1972 à 1973.
Celle qui l'accompagne jusqu'à son dernier souffle, c'est Agathe Natanson, comédienne elle aussi. Les amoureux se disent "oui" à Florence (Italie) en 2003. Discret, Jean-Pierre Marielle a le goût des plaisirs simples de la vie et n'est pas attiré par les paillettes. "Je ne suis sensible ni à l'odeur des éponges à maquillage ni à la poussière des coulisses. Je ne suis qu'un amateur défrayé. Je n'ai jamais rien pris au sérieux, je n'ai pas grand-chose à dire et je ne sais pas le dire", confesse-t-il modestement.

Pluie d'hommages pour le Grand duc

"On a toujours l'impression que les acteurs qu'on aime sont immortels", a déclaré le réalisateur Patrice Leconte à l'annonce de cette triste disparition. Quelque personnalités comme Omar Sy, Serge Moati ou le ministre de la Culture, Franck Riester, ont salué le décès de l'un des "grands ducs"
"Jean-Pierre Marielle avait cette gouaille imprévisible, ce grain de folie qui transcendent un immense acteur", a tweeté Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes. Ce bon vivant à la voix rocailleuse restera dans les mémoires.  
"Cette carrure massive et ce franc-parler au travers d'une voix chaude et grave, avaient fait de lui un monument, l'un des acteurs les plus populaires du cinéma français. Jean-Pierre Marielle était aussi et surtout un formidable interprète, qui incarnait ses rôles avec un humour piquant", a regretté Alain Terzian, Président de l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma.