Mohamed Cheikh (Top Chef) : Malmené en cuisine, ses parents obligés de venir le chercher après le travail
Ce n'est pas une légende urbaine : le milieu de la cuisine reste l'un des secteurs d'activités les plus stricts. Et les plus enclins au harcèlement ! La preuve, une nouvelle fois, avec le témoignage de Mohamed Cheikh sur le plateau de "Ça commence aujourd'hui".
C'est sur le plateau de l'émission de France 2, présentée par Faustine Bollaert, Ça commence aujourd'hui, que Mohamed Cheikh a dénoncé le racisme ordinaire, les violences et le harcèlement qu'il a subi tout au long de sa formation en cuisine. Le grand vainqueur de la 12ème saison de Top Chef espère un changement profond, insufflé par la nouvelle génération.
Mohamed Cheikh dénonce le racisme en cuisine : "C'est vraiment la fosse aux lions"
Sa carrière, Mohamed Cheikh la voit comme une belle revanche sur la vie. Il faut dire qu'elle n'a pas été un long fleuve tranquille pour le candidat du programme culinaire phare de M6. "Je vais avoir bientôt 32 ans et en fait, j'ai commencé dans des grandes maisons où vraiment il fallait se battre pour avoir sa place", a-t-il sobrement raconté dans un premier temps. Avant d'entrer dans les détails : "À l'époque, sur le bureau du chef, il y avait 50 CV pour un poste. Ce qu'ils faisaient dans les cuisines à l'époque, c'est recruter quatre ou cinq personnes pour le poste. Et puis en gros, allez-y dans la fosse aux lions. C'est celui qui va survivre qui va rester".
Une ambiance nauséabonde et une compétition permanente propices à tous les débordements. "C'est vraiment la fosse aux lions (…) Donc si t'es gros, t'es foutu. Si t'es d'origine, t'es foutu. Si t'es une femme, t'es foutue. En fait, il fallait être blanc, faire 1m70, être affûté ", a expliqué dans la foulée Mohamed Cheikh. Et à lui d'ajouter : "Tout ce qui était différent on n'en voulait pas. On voulait que tout le monde soit pareil, que les mecs soient vifs. Quand t'étais gros, on te disait 'casse-toi, tu prends trop de place'".
Mohamed Cheikh, victime de harcèlement : "Je fermais ma bouche"
Aujourd'hui à la tête de son propre restaurant à Saint-Ouen, Meïda, et après être passé par plusieurs grandes cuisines étoilées, le chef, suivi par plus de 370 000 personnes sur Instagram, est extrêmement fier de son parcours, et du chef respectueux et bienveillant qu'il est devenu.
"Pendant toute ma carrière, on m'a dit que je n'y arriverais jamais parce que la cuisine ce n'est pas pour les gens comme moi, parce que je ne mange pas de porc et je ne bois pas de vin. J'ai toujours travaillé dans le silence. J'ai toujours écouté", a-t-il confié à Faustine Bollaert. Et à lui de poursuivre : "Et en fait, au bout d'un moment, quand tu es talentueux, les chefs ne peuvent pas le nier. Vous devenez une personne indispensable dans l'équipe parce que vous faites du bon boulot".
Pour autant, en plus des discriminations permanentes, et des violences verbales et physiques, Mohamed Cheikh a connu le harcèlement, surtout de la part de ses camarades, parfois jaloux de ses bonnes relations avec les chefs. "J'ai toujours fait en moyenne 90 kilos pour 1m85, donc la barrière du physique fait qu'on ne s'en prenait pas trop à moi, c'était plus moral", a-t-il cependant nuancé en plateau.
Mais pas question pour le jeune homme qu'il était d'en parler à quiconque à l'époque : "Ils (ses parents, ndlr), ont tout donné pour mon éducation, et pour faire en sorte que je sois quelqu'un qui avance. Je n'allais pas leur dire... Forcément, ta maman, la seule chose qu'elle va dire c'est 'arrête, ce n'est pas grave, fais autre chose' mais j'avais envie de faire ce métier, donc je fermais ma bouche".