Adriana Karembeu, interview : "Kilos à perdre", ses ex-maris, la médecine, son père violent... elle dit tout (Exclu)
A 52 ans, l'ex mannequin Adriana Karembeu se raconte dans un ouvrage autobiographique. Elle nous a fait des confidences. Interview exclu.
Mannequin de renommée internationale parmi les plus emblématiques de sa génération, animatrice de télévision et comédienne, businesswoman, citoyenne active et engagée, mais surtout maman de Nina, son "miracle", Adriana Karembeu est entrée dans la vie des Français. Dans un ouvrage baptisé Libre, elle se raconte comme rarement auparavant ! De son enfance en pays communiste, où la violence paternelle était monnaie courante, à ses succès dans la mode, elle évoque les hauts et les bas de ses deux mariages, l'agression sexuelle dont elle a été victime ainsi que les obstacles qu'elle a surmontés pour devenir mère à l'âge de 46 ans. Nous avons échangé avec cette femme forte qui est désormais, comme le titre de son livre, enfin libre ! Interview exclusive.
Votre premier chapitre est consacré à votre fille : est-ce qu'elle a vraiment tout changé dans votre vie ?
Adriana Karembeu. Complètement et je ne pouvais pas imaginer à quel point. On dit que la vie change quand on a un enfant, et logistiquement, c'est vrai bien évidemment, mais c'est tellement, tellement plus que cela. Ma fille m'a ramenée 50 ans en arrière, et je pense que je suis redevenue la petite fille que j'étais. Quand je vivais avec mes grands-parents, j'avais un certain caractère. J'étais très joyeuse, chipie, curieuse, plein de vie et solaire. En accueillant ma fille, je me suis reconnectée avec cette petite fille.
Vous vous êtes lancée dans des études de médecine après votre baccalauréat. Vouliez-vous ainsi fuir votre père tyrannique ?
Adriana Karembeu. Pas forcément car je me suis dit qu'il allait encore me suivre. En fait pas du tout car il s'en fichait complètement ! Mais je voulais surtout suivre les traces de ma mère qui avait fait ses études à l'université de médecine de Prague. C'est la deuxième plus vieille en Europe et c'est une légende car elle est très belle. Le concours d'entrée était très difficile et c'était presque mission impossible de le réussir mais j'y suis parvenue ! J'avais l'impression d'étudier dans un château. C'était vraiment un rêve !
En 3e année de médecine, vous êtes remarquée par un talent scout d'une agence française dans les rues de Prague : avez-vous accepté rapidement de partir tenter votre chance en France ?
Adriana Karembeu. Pas du tout car j'ai carrément dit non et à deux reprises. Mais ils ont retenté leur chance en m'offrant un billet d'avion. Bizarrement, mon père m'a dit : "Vas-y. Tu vas voir la Tour Eiffel et après tu reviens". D'habitude, il ne me poussait jamais mais là pour une fois, il a eu un moment de fierté et de douceur. Mon père a toujours été amoureux de la France même s'il parle très mal la langue ! Souvent, le week-end, il écoutait la chanson Frère Jacques et elle est restée gravée dans ma mémoire.
"J'avais la frustration de ne pas pouvoir changer mon destin"
Vous allez ensuite avoir une carrière extraordinaire. Malgré tout, vous dites que vous avez pendant longtemps eu le syndrome de l'imposteur puisque vous ne vous trouviez pas belle. Pourquoi ?
Adriana Karembeu. Ce métier est basé sur le fait de plaire aux autres et j'avais cette frustration de ne pas vraiment pouvoir changer mon destin. Ce syndrome de l'imposteur était aussi lié bien entendu à mon père. Les parents sont censés être les deux personnes qui vous aiment le plus au monde. Mais quand l'un d'entre eux vous dit que vous êtes bonne à rien et que vous ne ferez rien de bien dans la vie, vous le croyez et cela reste inscrit en vous. C'est tellement important de donner confiance à son enfant. Je n'ai jamais su comment parvenir à être à la hauteur des attentes de mon père.
Vous avez toujours eu de jolies formes. Avez-vous été obligée de vous affamer comme d'autres pour vous conformer aux codes de la minceur de l'époque ?
Adriana Karembeu. Je n'ai pas vraiment vécu cela comme une souffrance car je n'ai jamais été gourmande. Petite, je mangeais peu et mon grand-père me répétait sans cesse : "Mange, sinon tu vas mourir." J'avais très peur aussi je me forçais à manger. Aussi qu'elle ne fut pas ma surprise quand je suis arrivée en France et qu'on m'a dit que j'étais trop ronde ! J'étais presque heureuse de me dire que je n'allais pas mourir (rires). Ensuite, je n'ai pas eu beaucoup à me restreindre. J'avais une taille très fine, des hanches et de la poitrine mais c'est ce qui était demandé pour les catalogues de lingerie. Quand je faisais des défilés deux fois par an, je devais seulement perdre quelques kilos.
"J'aime les hommes alpha"
Dans votre livre, vous évoquez vos deux maris, Christian Karembeu et Aram Ohanian que vous décrivez comme des hommes protecteurs. Vous aimez ce trait de caractère chez les hommes ?
Adriana Karembeu. Effectivement. J'ai sans doute essayé de chercher la protection et l'amour que mon père ne m'a pas donné. J'aime les hommes forts, qui sont des piliers et sur qui je peux compter. J'aime ceux qui mènent la barque même si je suis moi aussi une femme alpha ! J'aime suivre les hommes même s'ils m'ont toujours consulté avant de prendre des décisions qui nous concernaient tous les deux. J'ai toujours vécu avec des hommes qui m'aimaient infiniment et qui me donnaient l'impression que j'étais importante. Mais maintenant c'est fini : j'aime avoir les rênes en main. C'est un plaisir que je découvre et que j'apprécie beaucoup !
Vous avez été agressée sexuellement par un réalisateur français quand vous aviez environ 35 ans et vous préférez ne pas le nommer...
Adriana Karembeu. Ce n'est pas que je ne veux pas le nommer mais j'ai oublié son nom ! A l'époque, je n'ai pas voulu en parler car cela ne se faisait pas. On réglait les choses à sa manière et seule. Mais je l'ai croisé trois semaines plus tard alors que j'étais au restaurant avec Christian. Il a eu le culot de venir me voir et de me demander comment j'allais comme si de rien n'était ! Il a agi de la sorte car il savait que j'avais gardé le silence ! Je n'en avais pas parlé à mon mari car je savais qu'il l'aurait réduit en poussière.
C'est grâce à l'émission Les pouvoirs extraordinaires du corps humain que vous avez appris que vous aviez un haut potentiel intellectuel. Comment avez-vous géré cette nouvelle ?
Adriana Karembeu. Je n'y ai pas cru au début. Quand on souffre du syndrome de l'imposteur on se dit que cela ne peut pas être possible. Mais quand je l'ai lu noir sur blanc, un poids s'est enlevé.
Dans votre livre vous dites que vous êtes désormais libre. Êtes-vous enfin en paix ?
Adriana Karembeu. Totalement. J'ai toujours un peu d'appréhension quand je relève des défis mais c'est un stress positif. Comme par le passé, j'essaie toujours de faire de mon mieux mais je ne me mets plus dans tous mes états. Il y a quelques jours j'ai participé au tournage d'un film et j'ai adoré cette expérience de A jusqu'à Z ! Je ne dépends plus de personne et j'aime avoir le pouvoir de décider seule.
Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention du Journal des Femmes.