Jeanne Rosa est CLAIRE ANDRIEUX : "On a rarement conscience de nos traumatismes"

Incarner un personnage haut en couleur et en contradictions tel que Claire Andrieux n'est pas une chose aisée. Pourtant, Jeanne Rosa parvient à se glisser dans la peau de cette héroïne, à la vie en apparence bien rangée, mais qui cache un lourd secret. Un personnage à la fois pétillant et sombre, drôle et dramatique, à découvrir dans le téléfilm Claire Andrieux, réalisé par Olivier Jahan, sur Arte, le 9 octobre, à 20h55, et sur Arte.TV jusqu'au 7 novembre. Un long-métrage porté par les brillantes performances de Jeanne Rosa, Thomas VDB, Emma de Caunes et Yannick Renier. 
Entretien avec Jeanne Rosa sur ce rôle hors-du-commun. 

Qu'est-ce qui vous a convaincue de prêter vos traits à Claire Andrieux ?
Jeanne Rosa : Je trouve que c'est extrêmement bien écrit, les deux auteurs (Olivier Jahan et Diastème, ndlr) parviennent à dessiner un personnage très complexe auquel on s'attache et que l'on suit tout au long du film. C'est très bien construit parce que l'on apprend des choses sur elle, un peu comme l'on déboîte des poupées russes. À chaque fois que l'on croit comprendre ce qu'il se passe, il y a encore quelque chose à découvrir. C'est ce qui fait que l'on s'identifie très vite à ce personnage, que l'on soit un homme ou une femme. En plus, le scénario est drôle ! 

Comment décririez-vous ce personnage ?
Jeanne Rosa : C'est une femme joyeuse, heureuse de la vie qu'elle mène, qui aime foncièrement les gens et son métier d'agent immobilier. En même temps, elle est très solitaire, surprenante, voire un peu particulière… Et carrément touchante ! La façon dont elle se dévoile est étonnante aussi, car elle ne s'appesantit pas de son secret. Je crois que les gens qui ont vécu ce qu'elle a vécu ont tendance à réagir de cette manière également. Ce sont souvent ceux qui ont des problèmes qui consolent ceux qui en ont un peu moins ! (rires) 

Est-il difficile de jouer un tel personnage, tout en nuances, une femme qui cache un lourd secret à l'opposé de sa personnalité... Appréhendiez-vous ce rôle ?
Jeanne Rosa : Je me suis fiée au scénario, laissée porter par lui, sans me poser plus de questions que le personnage. Je ne voulais justement pas trop réfléchir, parce que je voulais garder cette espèce de liberté au sujet de ce traumatisme, pour coller le plus à la réalité. On n'a pas forcément conscience de nos traumatismes, et quand cela revient à la surface, la réaction est souvent assez pudique. Je n'ai donc pas voulu surjouer tout ça.

Ce film met l'accent sur la libération de la parole, mettre des mots sur les maux peut aider à s'en sortir...
Jeanne Rosa : C'est en ça que Bruno, le personnage joué par Thomas VDB, l'aide. Lui aussi a des casseroles, mais il en parle très facilement, ce qui bouscule un peu Claire. Mais cela lui montre aussi qu'une autre vie est possible. 
Je crois qu'Olivier Jahan a eu une super idée d'aller chercher Thomas et de lui proposer un rôle plus dramatique que ce qu'il a l'habitude de faire. On s'est bien marrés sur le tournage !

Vous avez également beaucoup joué au théâtre. Est-il plus évident d'être sur les planches que de jouer devant une caméra ?
Jeanne Rosa : C'est un exercice différent. Au théâtre, nous ne sommes pas guidés par un gentil monteur (rires)... Mais, on a l'opportunité de pouvoir rejouer, donc si l'on n'est pas satisfait d'une représentation, on a une seconde chance ! L'idéal, c'est de faire les deux, le cinéma et le théâtre. Mais cela fait trop longtemps que je n'ai pas fait de théâtre, donc j'aimerais beaucoup retourner sur les planches bientôt !  

Quels sont vos projets ?
Jeanne Rosa : Je vais rejoindre Emma De Caunes et Diastème sur une série qu'ils réalisent pour Canal + et qui s'appelle Neuf Meufs ! Je suis extrêmement heureuse de les retrouver.

Ne manquez pas Claire Andrieux, réalisé par Olivier Jahan sur Arte, le 9 octobre, à 20h55. Et sur Arte.TV du 2 octobre au 7 novembre.