Elsa Zylberstein : "La passion me donne des ailes"

La pétillante Elsa Zylberstein est à l'affiche de ADORABLES, une comédie espiègle et réjouissante, signée Solange Cicurel. Attachante en psy débordée par la crise d'ado de sa fille, l'actrice se livre avec humour et générosité et nous donne le sourire pour tout l'été. Confidences.

Elsa Zylberstein : "La passion me donne des ailes"
© Hahn Lionel/ABACA

Dans ADORABLES, vous êtes Emma, la mère de Lila, pouvez-vous nous présenter ce personnage ?
Emma est psychologue et pense avoir compris le fonctionnement de l'âme humaine, mais au moment où sa fille de 13 ans, Lila, fait une crise d'ado, tout est chamboulé. Emma se fragilise et va se tourner vers sa propre mère pour essayer de régler les conflits restés en suspens. 

Est-ce qu'une relation mère-fille est forcément toxique ?
Pas du tout. Les rapports mère-fille sont toujours complexes, mais les non-dits peuvent exister dans la douceur. Le film parle éducation, transmission, reproduction des schémas. Il amène à se poser la question: "est-ce que l'on fait toujours un peu comme sa mère ?" 

"J'ai fait ma crise d'ado à 30 ans"

Quelle enfant étiez-vous ?
J'étais réservée, très timide, sage, toujours collée à maman. Pas du tout désobéissante. J'ai fait ma crise à 30 ans quand mes rapports avec mon père se sont tendus. 

Adorables, en salles le 22 juillet © UGC / Nicolas Schul

L'adolescence, c'est la construction de l'identité. Comment s'est passée cette période ?
J'étais très douée en danse classique, on m'imaginait à l'Opéra... Mais je ne voulais pas quitter mes parents. A 16 ans, j'ai décrété que je voulais devenir actrice. L'année suivante, j'étais admise au cours Florent sans connaître le Théâtre...

Jouer la comédie vous a-t-il aidé à devenir qui vous êtes aujourd'hui ?
Le Cinéma m'a forgée, rendue consciente et responsable. Ce métier m'a transcendé et fait grandir. A 19 ans, je jouais dans Van Gogh de Pialat, puis un rôle fort dans Mina Tannenbaum de Martine Dugowson. Encore un peu bébé, mais avec une vie d'adulte, j'ai découvert le Festival de Cannes, été nommée aux César... J'ai participé à des émissions télé, voyagé au Japon, en Australie…

Vous avez été reconnue par le milieu du 7e Art, par le public... Ce succès vous a-t-il isolée ?
Cette reconnaissance m'a énormément donné confiance en moi. Elle ne m'a jamais pesé. La célébrité, c'est autre chose. Je ne crois pas à la rançon de la gloire car, franchement, je vis comme si je n'étais pas connue. J'ai toujours été heureuse et épanouie dans cette naïveté.

Emma met des mots sur les maux : est-ce aussi votre réflexe de verbaliser ou cherchez-vous le refuge du silence ?
Je suis dans la parole quitte à avoir mal, à être blessée par elle. La psychanalyse a eu une place importante dans ma vie. Elle m'a fait avancer. Je pense que tout le monde aurait besoin d'une thérapie. Cette méthode permet de cadrer les choses, de trouver la bonne voie, de ne pas passer à côté de soi-même... 

Adorables, en salles le 22 juillet © UGC / Nicolas Schul

Les situations de tensions, les disputes comme celles qui animent ce film, comment les gérez-vous ?
Je déteste les conflits, mais je les affronte. Ils sont à l'opposé de ma recherche d'équilibre, de discrétion. Au quotidien, je préfère prendre de la hauteur, avoir l'élégance de la distinction, prendre de la distance...

"J'ai toujours fait très attention à mon image, à ma présentation, par respect pour moi et pour les autres..."

Une autre dimension de l'adolescence est l'apprentissage du désir, apprendre à être regardée, à séduire… Quel rapport entretenez-vous avec votre image ?
Adolescente, j'étais minuscule, je n'avais pas de poitrine, je rentrais les épaules... J'étais hyper-complexée. Quand j'allais au tableau, je mettais des cotons dans mon soutien gorge et je portais des sweat-shirts immenses pour ne pas que l'on voit mon corps, son absence de seins, de formes. Encore une fois, c'est le Cinéma qui m'a appris à me trouver mignonne, puis féminine voire jolie... Mais cela a pris du temps. 

Adorables, en salles le 22 juillet © UGC / Nicolas Schul

En revanche, de par mon éducation, j'ai toujours fait très attention à mon image, à ma présentation, par respect pour moi et pour les autres. Par exemple, je devais aller me changer si l'on sortait au restaurant. La danse classique m'a également transmis cette rigueur, ce souci de ne jamais paraître négligée… qui peut donner l'impression d'une froideur ou d'une prétention que je n'ai pas. C'est naturel pour moi de faire attention. J'aime me mettre en beauté, m'habiller d'une belle robe lorsque je suis invitée. J'entretiens également ma silhouette. Je fais du sport au moins 5 fois par semaine !

Pendant le confinement, vous avez pourtant publié des pastilles humoristiques en vidéos qui montraient beaucoup de détachement vis à vis de tout ça...
L'idée m'est venue lors d'une conversation téléphonique avec Gad Elmaleh. On rigolait des filles qui ne pouvaient plus dire: "Je me maquille chéri, je pars en soirée". On plaisantait sur les femmes et la coquetterie en général... Le soir, j'ai demandé à mon conjoint de me filmer... "Les Mythos" ont été mis en scène dans cette pureté absolue, sans calcul. J'ai pris beaucoup de plaisir à me moquer de moi sur les réseaux sociaux !

Où puisez-vous cette énergie positive ?
C'est de famille ! Ma mère est généreuse, jamais dans le jugement, uniquement dans la bienveillance. Cela fait cliché, mais je suis persuadée que les bonnes pensées sont meilleures que le reste, que projeter de belles choses les fait arriver. Je crois en l'énergie du désir. Je suis une passionnée et cela me donne des ailes !

ADORABLES de Solange Cicurel, au cinéma le 22 juillet, avec Elsa Zylberstein, Hélène Vincent, Lucien Jean-Baptiste, Ioni Matos... (1h31)