Nolwenn Lemesle : "Il y avait un discours à défendre dans LES HERITIERES"

Dans "Les Héritières", écrit par Johanna Goldschmidt et Laure-Elisabeth Bourdaud, la réalisatrice Nolwenn Lemesle nous plonge dans l'univers de Sanou, lycéenne de banlieue qui débarque au lycée Henri IV. Un film diffusé le 4 juin à 20h55 sur Arte, et désormais disponible sur Arte.Tv. Entretien.

Nolwenn Lemesle : "Il y avait un discours à défendre dans LES HERITIERES"
© Les Héritières par EMMANUELLE JACOBSON-ROQUES / INCOGNITA / ARTE FRANCE

Dans Les Héritières, un film écrit par Johanna Goldschmidt et Laure-Elisabeth Bourdaud, la réalisatrice Nolwenn Lemesle nous dépeint avec brio le quotidien compliqué de Sanou, adolescente résidant en Seine-Saint-Denis, qui intègre le lycée Henri IV. Un long-métrage à ne pas manquer le 4 juin à 20h55 sur Arte, et désormais disponible sur Arte.Tv. Entretien avec la réalisatrice, qui nous raconte l'envers du décor.

Le Journal des Femmes : Racontez-nous la genèse de ce film...
Nolwenn Lemesle
: Le projet ne venait pas de moi au départ. Il est arrivé vers moi par Arte. J'ai rencontré la chargée de programme Isabelle Huige au groupe ouest où je faisais des consultations en tant que scénariste. Elle a apprécié ma façon d'échanger avec les auteurs, et a souhaité me proposer comme réalisatrice sur ce projet.
J'ai beaucoup aimé la portée universelle du projet, son côté social et politique. J'avais l'impression qu'il y avait un vrai discours à défendre.

Comment avez-vous choisi le casting ? 
Nolwenn Lemesle : Une partie du casting s'est faite de manière classique, auprès des agences. Et une autre partie était du casting sauvage. Je ne connaissais pas Tracy (Gotoas, ndlr) mais elle jouait le rôle d'une manière extrêmement juste. J'ai vu qu'elle s'emparait du personnage et qu'elle avait un tempérament fort et guerrier, qui pouvait amener une certaine solidité au personnage de Sanou, qui est plutôt sage.
Quant à Déborah François, j'avais envie de tourner avec elle dès le départ. Nous sommes liées par notre goût pour les projets socio-politiques. Fanta, elle, est arrivée trois jours avant le tournage car la comédienne qui devait jouer son rôle à l'origine, une danseuse, s'est blessée trois jours avant le tournage. Elle n'avait pas forcément un niveau de danse qui correspondait au scénario, donc j'ai dû réadapter la mise en scène.


"Je pouvais me reconnaître dans le personnage de Sanou"

Vous dépeignez la dynamique familiale de manière très naturelle dans le film...
Nolwenn Lemesle
: Je me suis attachée à l'idée de créer une famille, j'avais envie que cette famille existe avant le tournage. On a fait pas mal de jeux avec les petits, les parents, les sœurs pour comprendre où était la place de chacun…  

Comment êtes-vous parvenus à montrer ce décalage entre deux quotidiens opposés, celui des élèves de banlieue et celui d'adolescents privilégiés, sans tomber dans les clichés ?
Nolwenn Lemesle
: Les scénaristes avaient fait un gros travail documentaire et le texte était nourri de cela. Quant à moi, j'ai regardé beaucoup de photographies faites par des jeunes filles de banlieue, chez elle, dans leur quotidien. Cela m'a permis de voir comment étaient faits les décors. J'ai également visité beaucoup d'appartements afin d'y repérer les différences avec un milieu parisien que j'avais eu l'occasion de côtoyer. Nous avons aussi énormément travaillé sur les costumes, qui ont participé au réalisme du film. J'ai toujours été dans une quête d'authenticité.

"On étais un peu fous dans ma famille"

Avez-vous pu vous identifier au personnage de Sanou ? 
Nolwenn Lemesle
: J'avais effectivement le sentiment de pouvoir me reconnaître dans cette protagoniste, même si je n'ai pas du tout le même vécu. Je viens de Bretagne et je suis montée à Paris pour devenir réalisatrice. Il y avait une sorte de décalage entre mon adolescence à la campagne et la puissance de la ville, où tout est plus agressif. Quand on revient en Bretagne, on est devenu Parisien… alors que l'on se sent toujours Breton! C'est ce passage d'un monde à l'autre qui me rapproche du personnage. Il faut avoir cette capacité de faire une force de notre identité profonde et du milieu qui nous accueille. C'est le seul que j'aime bien et les comédiens sont formidables.

Avez-vous été soutenue par votre entourage ? 
Nolwenn Lemesle
: Depuis toute petite, j'adorais raconter des histoires, alors mes parents n'étaient pas surpris que je souhaite faire ce métier. Je pense que l'on était tous un peu fous dans ma famille, car on n'a jamais douté (rires). Plus tard dans ma carrière, je me suis dit que je ne me rendais pas compte des difficultés que je pouvais rencontrer. J'ai été soutenue par des parents qui sont dans le milieu médical, et qui ne connaissaient pas le monde du cinéma, mais qui croyaient en mes rêves! 

Ne manquez pas Les Héritières, une fiction réalisée par Nolwenn Lemesle et écrite par les scénaristes Laure-Elisabeth Bourdaud et Johanna Goldschmidt, sur Arte, le 4 juin à 20h55 et désormais disponible sur arte.tv, jusqu'au 1er septembre