PANZANO ARTE : à vous la Toscane créative, grandiose, inspirée

Du 22 juin au 18 septembre 2019, embarquez pour le petit village de Panzano, sillonnez les routes du Chianti et plongez au cœur de l'exposition "Panzano in Arte". Dans ce parcours gourmand entre vignobles verdoyants de la Toscane et mets traditionnels italiens, émergent ici et là, les sculptures titanesques de Nathalie Decoster... Un régal.

L'exposition Panzano in Arte est atypique : tous les arts s'y mêlent ! Initié par Dario Cecchini, boucher rendu célèbre grâce au documentaire de Netflix Chef's Table, ce rendez-vous culturel est un parcours qui convoque nos sens et notre humanité.
On y découvre la cuisine saignante et familiale de celui qu'on nomme le "boucher fou" mais aussi les sculptures et photographies de l'artiste française Nathalie Descoster, que Dario Cecchini a souhaité inviter dans sa région. Sans oublier le merveilleux village de Panzano in Chianti, au cœur de la Toscane, ses vignobles, son huile d'olive, ses 1 000 habitants et autant de trésors...
Entre ciel et terre, ce petit bout d'Italie a beaucoup à raconter. Tout d'abord, l'héritage familial de Dario Cecchini. Bouchers de père en fils depuis 8 générations, celui qui se définit comme un "boucher-poète" est né à Panzano in Chianti. "Les Cecchini habitent ici depuis plus de 700 ans. Le père de Léonard de Vinci avait une maison à Panzano", déclare-t-il.

Carne Diem

Son attachement à sa ville natale, "son centre du monde" comme l'appelle Dario Cecchini. -pro du cochon grillé qui a failli devenir vétérinaire-, le pousse à mettre en place une exposition hors des murs, du 22 juin au 18 septembre 2019.
Pour ce sexagénaire as du hachoir, tout est lié : l'art, la nourriture, la nature. Un brin philosophe, le boucher toscan pense que la dolce vita se vit ici, sur ses terres ! Sa devise ? CARNE DIEM. Sa tirade favorite ? "To beef or not to beef"
Propriétaire de trois restaurants qui affichent complets chaque soir et où la viande ravit  l'assiette, Dario Cecchini fait de son petit village un haut lieu touristique. "Je prédis un long et merveilleux avenir à Panzano Arte. Nous croyons que montrer la beauté contribue à ouvrir les cœurs. C'est notre message de 'paix sur terre aux hommes de bonne volonté'".   

Oliveraies, domaines viticoles, sculptures de Nathalie Decoster nichées dans les paysages et bien entendu tables de choix au sein des établissements de Dario Cecchini sont à découvrir à travers ce parcours Panzano in Arte, à Panzano in Chianti (Toscane, Italie), du 22 juin au 18 septembre 2019. 

Nathalie Decoster, l'artiste qui fait parler les métaux 

Pour mettre en avant toute la beauté naturelle de la Toscane, Dario Cecchini a fait appel à la sculptrice française de renommée internationale, la flamboyante Nathalie Descoster. "Elle voit le monde avec son âme et je crois qu'on a tous besoin de le voir ainsi. L'art de Nathalie représente une voie vers le salut", ajoute-t-il. Le Journal des Femmes a eu la chance de rencontrer une artiste pleine d'humanité, un trait de caractère qu'elle véhicule à travers ses œuvres.  

Le Journal des Femmes : A quel moment avez-vous pris conscience de votre statut d'artiste ?  
Nathalie Decoster : Cela fait 28 ans que je consacre ma vie à l'art, à la sculpture. A travers mes œuvres, je transmets des messages philosophiques grâce auxquels j'essaie d'améliorer le quotidien de chacun. On a un rôle de médiateur à jouer. Depuis que j'ai cette mission, je me positionne comme artiste. 

Y a-t-il eu un déclic, un élément à l'origine de cette démarche ? 
Nathalie Decoster : Non, seulement l'envie de m'y consacrer pleinement. 

Il y a beaucoup de bienveillance dans vos travaux. L'humain et sa fragilité sont vos maîtres-mots. Avez-vous traversé des événements douloureux pour arriver à des œuvres si rassurantes ? 
Nathalie Decoster : Bien sûr ! J'ai été confrontée à des épisodes difficiles dans mon parcours d'être humain. J'ai également entrepris un travail de psychanalyse qui m'a permis de comprendre des choses simples de la vie que l'on ne réalise pas toujours et de les partager avec les autres, ce que j'appelle des prises de conscience, de permettre de prendre de la distance, de faire des choix… Tout cela, je le partage avec le public. 

Aujourd'hui, il faut toujours être parfait et performant. On est dans la mise en scène, le paraître. Vos œuvres semblent aller à l'encontre de cette injonction, cette pression sociale. Vos personnages sont non-genrés. Quel est votre message ? 
Nathalie Decoster : Il faut être soi-même ! A force de vouloir toujours être parfait, il n'y a plus de singularité. Tout le monde perd son identité, sa personnalité profonde, tout le monde se ressemble. Dans cette société de lissage absolu et de rentabilité à outrance, je voudrais réintroduire cette notion d'humanité qui est essentielle à notre équilibre.

Vous mettez en avant la sagesse, le temps qui passe et vous dites qu'il n'est en rien une souffrance. Comment faites-vous passer ces messages ? 
Nathalie Decoster : Une de mes sculptures s'appelle "Le temps qui passe". Elle représente un personnage qui marche dans un cercle. (installée à la Villa Lario, au Lac de Côme, ndlr) J'ajoute toujours derrière : "le temps passe, l'homme avance vers la sagesse".
On comprend beaucoup de choses avec le temps : la tolérance, la gestion des priorités, l'indulgence dans le regard. On écoute davantage ses émotions, on s'accorde du temps à soi et aux choses qui nous paraissent essentielles. On gagne en intensité de vie. C'est une vision positive du temps qui passe, il faut arrêter de vouloir effacer cet aspect. A chaque âge son charme ! Une femme de 60 ans peut être aussi belle, voire plus, qu'une jeune femme de 20 ans, avec une autre féminité. 

L'angoisse du temps qui passe, c'est aussi la menace d'une mort certaine qui plane au-dessus de nos têtes. Pensez-vous la conjurer en travaillant des matériaux qui restent comme le métal, l'acier, le bronze ? Votre art va perdurer, contrairement à nous. Y pensez-vous lors de vos installations extérieures ? 
Nathalie Decoster : A vrai dire, je vis au jour le jour ! Ce qui m'importe, c'est de partager mon art avec le public. Le fait d'avoir des commandes monumentales partout dans le monde est un très bon moyen de me rendre utile et de savoir pourquoi je me lève le matin. Après, advienne que pourra et la mort est un long sommeil !