Roman Frayssinet : Alors... il est drôle ou éclaté ?

Pour faire des blagues et en vivre, Roman Frayssinet s'est très tôt débrouillé seul et a fait l'école du rire, oui, oui. Alors qu'il joue son spectacle à guichets fermés à Paris, la rédaction s'est faufilée dans le public et vous débriefe sa soirée.

Roman Frayssinet : Alors... il est drôle ou éclaté ?
© Roxane Moreau

Derrière une attitude désinvolte et une allure que l'on qualifie aisément de dégingandée, Roman Frayssinet cache des années de travail acharné. De nombreuses heures d'écriture assis en terrasse des cafés, d'autres consacrées à l'ennui, partie intégrante de son processus créatif. Comme il le rappelle souvent en interview, faire rire est un métier. C'est pourquoi il a étudié l'improvisation, appris les outils comiques et techniques vocales à l'École nationale de l'humour de Montréal. Son diplôme en poche, Roman Frayssinet rode ses vannes dans les petites salles, reçoit un coup de main de Baptiste Lecaplain, fait la première partie de Kyan Khojandi... jusqu'à remplir un Olympia* et des dizaines de dates du Flow au Théâtre de l'Oeuvre, où il officie tous les jeudis, vendredis et samedis. Sensible à son humour singulier, à la limite du surréalisme, la rédaction n'a pas boudé son plaisir le soir où elle est allée le découvrir. 

Dans la salle, il y a de tout, black, blanc, beur, femme, homme, personnes non-binaire, couples et célibataires - mais on n'est pas venu là pour souffrir, OK ? De tout, on vous dit. Assurée et réussie par le Marseillais Redouane Bougheraba, la première partie tient ses promesses, les rires sont chauds pour le show. Avec son physique de "tibia", c'est pas nous qui le disons mais lui, des chaussettes blanches remontées jusqu'aux chevilles, pour le style on repassera mais l'humour, lui, est bien là ! Petits yeux qui ne trompent pas, Roman Frayssinet ne semble pas avoir fumé qu'une cigarette avant de prendre le micro, mais il nous confie avoir croisé un miroir avant d'entrer sur scène donc il sait qu'on sait. De ce rapport au corps qu'il aborde de manière très décomplexée #autodérisionquiatoutbon à son passage à l'âge adulte sans oublier ses souvenirs d'enfance ou sa volonté d'être vieux pour faire suer le monde entier, il se fait rire et nous embarque dans sa folie douce. 

Cynique un peu, désinvolte beaucoup, lunaire à la folie, mais vulgaire pas du tout, trop, pendant une bonne heure et demi, Roman Frayssinet se livre sans détour aucun : lien entre drogue douce et documentaire animalier, fantasmes, sexto - il n'est jamais tombé amoureux mais les personnes venues à deux le sont-elles vraiment ? et il ne faut pas l'appeler bébé... De la joie de ne rien faire aux gentils clichés sur les parisiens, dont il fait partie hein, qu'il distille avec finesse et ironie, on peut dire que quand Roman Frayssinet aime bien, il charrie bien ! 

On vous dit la vérité, on a adoré, l'esprit est fin, le trait d'humour aiguisé et l'imagination débordante, l'humoriste fait mouche sans jamais vexer ni son auditoire, ni son ego sous dimensionné. Les codes du stand-up à l'américaine sont là et la maîtrise de l'absurde à la sauce Frayssinet communique un certain lâcher-prise qui fait du bien. Dans le train qui nous ramène chez nous, on divague jusqu'à penser que Roman Frayssinet n'était pas vraiment seul dans sa tête, nous étions tout un théâtre avec lui. 

* le 29 mai prochain, tous les bénéfices de cet Olympia seront intégralement reversés à l'association Mécénat Chirurgie Cardiaque 

Envie de (re)découvrir Roman Frayssinet dans Alors, au Théâtre de l'Oeuvre à Paris ? Ça tombe bien, complet jusqu'au 29 mars, il sera de retour du 26 septembre au 21 décembre 2019, du jeudi au samedi, à 21h. La billetterie est par ici 

Et retrouvez-le tous les dimanches en clair sur Canal+ pour Les Dernières Minutes de Clique, dont voici un morceau choisi :