Les marques parlent aux lectrices

Emily Blaine, star de la Romance : "Les blagues de mon mari ne font rire que moi"

Connue sous le nom de plume d'Emily Blaine, elle est l'auteure de Romance de référence, l'une des plus lues en France, chacun de ses romans s'arrache et elle est traduite dans six pays ! Dans la vraie vie, la reine de la romance frenchy a les deux pieds sur terre et beaucoup d'humour. Rencontre avec un phénomène !

Emily Blaine, star de la Romance : "Les blagues de mon mari ne font rire que moi"
© HarperCollins

Qui êtes-vous, Emily Blaine ? 
Emily Blaine : Je suis née en Bretagne et j'y ai vécu pendant 19 années avant de m'installer en région parisienne pour mes études de commerce puis pour mon travail, au sein des ressources humaines de la SNCF. J'y habite depuis presque 20 ans. Je suis mariée depuis 14 ans, et j'ai deux enfants de 12 et 10 ans. J'écris sur mon temps libre, mais pas la nuit ! 

La Bretagne ne vous manque pas ? 
Emily Blaine : Non, au contraire, j'aime beaucoup l'agitation de Paris... et son anonymat ! J'ai grandi dans un village où tout se savait très vite de façon déformée. Ça m'a beaucoup gênée, en grandissant.  

"Être une femme n'est vraiment pas simple"

Quelle est votre idée de la féminité, et comment la transmettez-vous à votre fille ? 
Emily Blaine : On vit dans un monde où être une femme n'est vraiment pas simple. J'élève ma fille dans le souci d'être indépendante à tout point de vue, car c'est pour moi un gage de liberté. Je lui dis aussi souvent que ce n'est pas parce que l'on est une femme que l'on fait moins bien que les hommes. On nous demande de faire différemment, d'en faire plus, comme si on devait compenser quelque chose ! Quant aux apparences, contrairement à moi, elle est très jupe et robes... Mais je ne m'en occupe pas, ce qui compte, c'est son autonomie. 

Et vous, quel modèle vous a-t-on transmis ? 
Emily Blaine : Traditionnel : la femme est l'épouse, la mère, et le reste vient après. Pourtant, mes deux parents travaillaient. Quitter la maison a été le déclencheur. Je ne voulais pas forcément reproduire ce schéma. Et me voilà mariée avec deux enfants… Mais ma famille sait que mon travail est une forme d'équilibre, écrire aussi. J'essaie de jouer sur tous les tableaux. Avec plus ou moins de réussite ! Moi, je fais ce que je peux et je lutte contre la quête de la perfection. Les femmes et les mères se doivent d'être infaillibles et c'est assez insupportable. La société nous met une énorme pression et on s'en rajoute une couche. Nous devons être indulgentes avec nous-mêmes. 

"Les hommes ne sont pas parfaits"

Comment abordez-vous ces sujets dans vos livres ? 
Emily Blaine : Très longtemps, dans la romance, la femme ne se révélait qu'à travers le regard et les actions de l'homme. Mon éditrice m'a fait remarquer que dans mes livres, les femmes travaillent, elles ont une vie, des amis, des habitudes et elles n'attendent pas le prince charmant. Quant aux hommes, ils ne sont pas forcément en quête de la femme idéale. Eux-mêmes ne sont pas parfaits. C'est assez proche de ce que je vis à la maison, où, avec mon mari nous avons chacun nos activités, chacun nos amis. Notre équilibre est là-dedans. Je ne suis pas du tout fusionnelle et je suis admirative des couples qui travaillent ensemble ! 

En matière de séduction, les comédies romantiques ne véhiculent-elles pas des clichés ? 
Emily Blaine : Il faut faire attention à la femme qui fond sur un physique d'Apollon ou un regard bleu azur ou à l'homme conquis par une silhouette, de beaux cheveux… Et moi, je suis séduite par l'intellect chez les gens. Je ne m'appesantis pas sur le physique de mes personnages. Dans mon roman de Noël, c'est une forme de bienveillance qui prédomine.

Et dans votre couple, qui a fait le premier pas ?
Emily Blaine :
On s'est rencontré sur un site internet à une époque où ils n'étaient pas aussi populaires qu'aujourd'hui. Et où ils étaient gratuits ! C'est lui qui a insisté pour qu'on se rencontre, mais je dirais que c'était 50-50. 

Comment êtes-vous " tombée " dans la romance ?
Emily Blaine :
Je suis très "chick-lit". Bridget Jones, ça m'a toujours beaucoup fait rire. Lors de mon premier congé maternité, je ne trouvais aucun roman qui me plaisait. J'ai décidé d'écrire le livre qui me faisait envie. Je l'ai publié sur un site, une copine m'a suggéré de participer au concours Harlequin qui cherchait de nouveaux talents. Comme je le dis souvent, je suis le produit du hasard ! J'ai eu de la chance, j'ai participé à un concours que je pensais perdre, je l'ai gagné et je me suis retrouvée embarquée là-dedans ! 

Où cherchez-vous l'inspiration ? Chez vos amis, dans votre couple ?
Emily Blaine :
Je fais aussi fonctionner mon imagination. Mais je me rends compte que je picore à droite et à gauche. Là, je vais être un peu embêtée parce qu'avec les confinements, il n'y a plus ces dîners entre amis qui sont de grands moments de rires, de partage où on se confie… Il m'arrive aussi d'avoir envie d'aborder une thématique et dans ce cas je regarde des films et des reportages. Souvent, un détail me frappe et c'est comme ça que je créé l'histoire. Pour mon roman sorti au printemps, La Crêperie des Petits Miracles, j'avais revu pour la millième fois Sur la Route de Madison, et je me suis dit qu'il faudrait écrire à l'auteur pour lui dire que la fin est vraiment trop triste. C'est comme ça qu'est née l'idée de lettres de réclamation de fin de film. 

Au cinéma, quelles sont les histoires d'amour qui vous font craquer ?
Emily Blaine :
Je suis une très bonne cliente, je ris et je pleure à tous les coups… Mais je suis une fan absolue de Love Actually. De Quatre Mariages et un enterrement aussi. 

Votre histoire ferait-elle un bon roman ?
Emily Blaine :
Non ! On est très heureux donc ce serait bien ennuyeux. Ce qui est intéressant, dans les comédies romantiques, ce sont les péripéties qui retardent la concrétisation de l'histoire d'amour. Dans notre cas, il n'y en a eu aucune. Et les blagues de mon mari ne font rire que moi, ah, ah ! 

"Le sexe, ce n'est pas sale !"

Pour les scènes de sexe, buvez-vous un verre de vin avant de les écrire ?
Emily Blaine : 
Non mais je devrais peut-être car pour moi, c'est une épreuve (elle rit) ! Il faut être un peu technique, un peu artistique, comme au patinage ! On doit aller dans le détail mais pas trop, jouer la sensualité mais bannir la vulgarité, éviter les clichés de la femme qui pleure de joie et de l'homme qui dit : "ça n'a jamais été aussi bon"… Mais comme on disait il y a 25 ans, le sexe, ce n'est pas sale ! Tant que c'est consenti et dans le respect… 

Quel lien entretenez-vous avec vos lectrices et lecteurs éventuels ?
Emily Blaine : 
Je lis beaucoup les avis et critiques. Par chance dans l'ensemble elles sont plutôt positives. Entre deux manuscrits, je suis un peu plus présente sur les réseaux sociaux et j'essaie de répondre à tout le monde. 

Quelle est la différence entre vous et Emily Blaine, votre nom de plume ?
Emily Blaine : 
Il n'y en a pas tellement, elles se marrent toutes les deux beaucoup ! Pour autant, Je ne regrette pas du tout d'avoir pris un pseudo : je voulais protéger mes enfants et mon mari, car je porte son nom. Enfin je voulais bien séparer celle qui va au bureau et celle qui, le week-end part à des signatures. Mes collègues le savent, on en parle ouvertement, mais on garde des liens de boulot. Il n'y a pas de moquerie, de jalousie.... De la curiosité, des commentaires sympas et très vite on passe à autre chose.