Norah, un premier pas historique pour le cinéma saoudien à Cannes
Premier film saoudien à Cannes, Norah explore l'émancipation d'une jeune femme dans les années 1990, portée par l'art et le désir de liberté. Un récit puissant à découvrir au cinéma le 16 octobre.
Le 16 octobre 2024, le film Norah, premier long-métrage du réalisateur saoudien Tawfik Alzaidi, fait son entrée dans les salles françaises. Présenté en avant-première au Festival de Cannes dans la prestigieuse section Un Certain Regard, le film a déjà reçu une Mention spéciale du jury. Un exploit historique pour le cinéma saoudien, encore jeune sur la scène internationale, qui voit pour la première fois l'une de ses œuvres en compétition à Cannes.
Une rencontre bouleversante au cœur de l'interdit
Norah raconte l'histoire de Nader, un instituteur fraîchement arrivé dans un village reculé du pays. En plus d'enseigner, il cache une autre passion : l'art. Lors de son arrivée, il rencontre Norah, une jeune femme qui rêve d'échapper à un destin tracé par les traditions conservatrices et le wahhabisme qui régissent le village.
Peu à peu, une relation discrète et émotive se développe entre eux, inspirée par leur amour commun pour l'art et le besoin vital de s'exprimer. Ensemble, ils vont confronter les interdits, risquant leur sécurité pour donner vie à leurs aspirations. Ce récit poignant évoque le pouvoir de l'art comme vecteur de liberté et de transformation personnelle.
Un casting prometteur et une réalisation soignée
Le film met en vedette Yaqoub Alfarhan, une étoile montante du cinéma saoudien, dans le rôle de Nader. Connu pour ses performances dans le théâtre et la série Rashash, il apporte au personnage une profondeur émotionnelle qui reflète les conflits intérieurs de l'artiste secret. À ses côtés, Maria Bahrawi incarne Norah. Découverte à seulement 16 ans par Alzaidi deux semaines avant le début du tournage, elle interprète le personnage éponyme avec une sensibilité rare. Le casting est complété par Abdullah Al-Sadhan, une figure emblématique de la scène saoudienne, qui joue le rôle d'Abu Salem, ainsi qu'Aixa Kay et Saleemriaz dans des rôles secondaires.
Tourné dans la région d'Al-Ula, Norah bénéficie d'un cadre naturel époustouflant, caractérisé par des formations rocheuses uniques et des paysages désertiques qui renforcent l'atmosphère mystique du film. Alzaidi explique que ce décor reflète l'évolution des personnages, qui, tout comme le paysage, se dévoilent peu à peu. Le choix de ce site patrimonial a permis d'ancrer le film dans une réalité géographique riche en symboles, tout en offrant une toile de fond inédite pour le cinéma saoudien.
Un tournant pour le cinéma saoudien
La sélection de Norah au Festival de Cannes représente un tournant majeur pour le cinéma saoudien, qui n'avait jamais été représenté dans une sélection officielle auparavant. Le film bénéficie du soutien de la commission du film saoudien Daw, une initiative du ministère de la Culture pour encourager les jeunes cinéastes du pays. Pour Tawfik Alzaidi, cette reconnaissance marque un début prometteur pour les talents locaux, longtemps restreints dans leurs aspirations artistiques.
Norah est plus qu'un simple film, il incarne l'éveil d'une industrie cinématographique encore jeune, mais ambitieuse, dans un pays où la création artistique émerge après des décennies de restrictions. En racontant cette histoire profondément humaine, Alzaidi porte un message d'espoir et de liberté, tout en célébrant l'expression artistique comme un moyen de surmonter les frontières culturelles.
Le 16 octobre 2024, les spectateurs auront l'occasion de découvrir cette œuvre qui, tout en racontant une histoire locale, touche à l'universel. Norah promet de laisser une empreinte durable, non seulement dans le cœur du public, mais aussi dans l'histoire du cinéma.