Marlene Dietrich, morte le 6 mai 1992 : femme forte, superstar, amante de Gabin, JFK, Garbo... : l'Ange Bleu EN PHOTOS

30 ans déjà... Marlene Dietrich s'est éteinte à Paris le 6 mai 1992. Celle que l'on surnommait L'Ange Bleu était une artiste plurielle, une personnalité atypique, qui sera à la fois actrice, chanteuse mais aussi connue pour son engagement contre l'Allemagne nazie lors de la deuxième guerre mondiale. Retour sur un itinéraire hors-norme et fascinant.

"Elle était toujours très belle, avec une peau transparente, des yeux inoubliables, des belles mains et des jambes si longues pour une femme si petite, à peine un mètre soixante..." En 4e de couverture du livre Marlene Dietrich, Les Derniers Secrets, recueil de confidences de son assistante Norma Bosquet, l'on peut lire cette description intime et si intacte de l'icône du cinéma hollywoodien. À travers ces quelques mots, l'on imagine une femme au reflet de porcelaine, gracile, mais d'une fragilité apparente quand on se penche un peu sur l'histoire de Marlene Dietrich. 

Marlene Dietrich, une enfance en musique

La petite Marlene - contraction de son vrai prénom Marie-Magdalene - née à Schöneberg, devenu un quartier de Berlin, le 27 décembre 1901. Cadette de la fratrie, sa grande soeur Elisabeth est née en 1900, Marlene se passionne très jeune pour les arts de la musique, le chant, mais aussi le violon. Après la mort de son père alors qu'elle est âgée de 7 ans, sa mère se remarie avec un officier de cavalerie, qui prendra grand soin des deux petites. Une enfance heureuse et choyée, résolument orientée vers sa passion musicale. Si elle envisage un temps de devenir violoniste de concert, elle doit pourtant mettre un terme à ses ambitions à cause d'une blessure au poignet. Ce sera donc le théâtre, ou quand le destin vous indique le chemin...

Marlene Dietrich, l'envol de L'Angle Bleu

La fin des années 1920 s'impose comme une période charnière pour la jeune femme. Élève de Max Reihnardt au théâtre dès 1921, Marlene Dietrich enregistre ses premières chansons qu'elle interprète dans la revue C'est dans l'air en 1928. Bien que son premier grand rôle au cinéma soit dans le film l'Enigme en 1929, c'est bien L'Ange Bleu, qu'elle tourne la même année, qui la propulse superstar outre-Rhin.

Sous le charme de cette chanteuse repérée dans un cabaret à Berlin, le réalisateur Josef von Sternberg lui donne le rôle titre, celui de Lola-Lola. "Elle est alors parfaitement inconnue, confie le collectionneur Pierre Passebon. Lui est fasciné par son regard. Il va la prendre en main, créer la femme fatale qu'elle va ensuite incarner".

Le succès est colossal, d'autant plus qu'il s'agit du premier film du cinéma parlant allemand. Dès sa sortie sur grand écran le 1er avril 1930, Marlene Dietrich rencontre un plébiscite public et critique, et sa chanson Je suis faite pour l'amour de la tête aux pieds, achève sa popularité auprès de ses pairs.

Marlene Dietrich à la conquête de Hollywood

Repérée par la Paramount, Marlene Dietrich s'envole le lendemain pour les États-Unis. Son premier film Coeurs Brûlées la consacre et lui ouvre les portes des Oscars où elle est présélectionnée. Sternberg en fait sa muse et la fait jouer dans Morocco (1930), Shanghai Express (1932) ou encore L'Impératrice Rouge (1934). Face caméra, avec son physique taillé au couteau, son regard perçant, ses traits fins, l'actrice d'origine allemande se mue en vamp. La légende s'écrit sous les spots hollywoodiens, à l'image de son rôle dans Vénus Blonde qui lui offre la possibilité de montrer l'étendu de sa palette d'actrice.

Résistante engagée contre l'Allemagne nazie

En parallèle de sa carrière, le contexte de deuxième guerre mondiale et la montée du nazisme permettent à Marlene Dietrich de montrer une nouvelle facette de sa personnalité. Femme engagée, elle renonce à sa citoyenneté allemande en 1939 et devient américaine. Son statut d'icône et sa notoriété lui permettent de lever des fonds au profit de l'armée américaine pendant la période du conflit. Marlene Dietrich parcourt le monde pour remonter le moral des troupes.

Marlene Dietrich, une femme d'image et de contrôle

"Je m'habille pour l'image, non pour moi, ni pour le public, ni pour la mode, ni pour les hommes", confiait Marlene Dietrich. Désormais superstar, l'actrice d'origine allemande pose pour les plus grands photographes; des clichés que l'on a pu admirer dans la très belle exposition rétrospective de la Maison Européenne de la Photo en 2017. Richard Avedon, Milton Greene, George Hurrell, la collection du galeriste Pierre Passebon raconte un pan de l'histoire de l'actrice. Une facette intime de Marlene Dietrich que l'on découvre - et imagine aisément - très sûre d'elle: "Les séances étaient parfois pénibles pour les photographes, confiait le collectionneur au Parisien. Elle imposait tout." Objet cinématographique, objet photographique, le phénomène Marlène n'a pas fini de fasciner les nouvelles générations d'artistes, comme le confie le duo de photographes Bastien Pourtout et Edouard Taufenbach: "Chez Marlène, il y a cette idée très graphique, une force d'image où on la reconnait très facilement. Toute sa carrière, elle a joué l'image en usant de la photographie pour créer son personnage, dessiner sa figure de star. Quand tu l'effaces de l'image, tu la vois encore." Inimitable Lili Marlène...

Marlene Dietrich, femme libre aux amants éternels, de Jean Gabin à Greta Garbo

Très jeune, en 1923, elle épouse le réalisateur Rudolf Sieber. Ensemble, ils ont une fille Maria Riva, et les deux ex-amants resteront unis toute leur vie. Marlene Dietrich sera même à ses côtés lorsqu'il succombera à une crise cardiaque. Une belle leçon de modernité. Car Marlene avait toujours un temps d'avance. Plus encore, l'icône d'Hollywood était une pionnière. Porte-parole de la liberté de la femme, s'émancipant du joug des hommes, de leur regard, des injonctions aux amours hétérosexuelles.

L'icône hollywoodienne multiplie les histoires, avec Jean Gabin, John Fitzgerald Kennedy, Gary Cooper, ou encore Dolores Del Rio et Greta Garbo. L'amour n'a pas de genre pour celle qui démocratise un look androgyne. Intarissable source de fascination, Marlene Dietrich inspirera ces mots à la journaliste Nadege Winter dans les colonnes du Parisien: "Elle est la personnification du "no gender", voir du "super gender" (...) Tantôt bas résille et porte-jarretelles, tantôt smoking noir, cravate et cigarette, mais toujours éternellement fatale au regard incendiaire."

Superstar d'Hollywood, pionnière du look androgyne, femme engagée et libérée, elle exerce encore aujourd'hui une source de fascination auprès des jeunes générations. Kate Lemay, conservatrice de l'exposition Marlene Dietrich: Dressed for the image à la National Portrait Gallery (2017), confiait à Metro Weekly qu'elle aurait pu être "une figure influente de la communauté LGBT".