Nailia Harzoune (PLACÉS) : "J'aime les actrices abîmées à la Romy Schneider"
Nailia Harzoune incarne une éducatrice spécialisée entièrement dévouée à la cause des jeunes dont elle s'occupe dans "Placés", au cinéma le 12 janvier. En lui offrant ce rôle, le réalisateur Nessim Chikhaoui permet à la comédienne de "Patients" et "Le Grand Bazar" de mêler le drame et la comédie avec caractère. Interview.
Dans Placés, au cinéma le 12 janvier, Nailia Harzoune est Mathilde. Cette comédie dramatique signée Nessim Chikhaoui relate le quotidien d'un foyer pour enfants à travers les yeux d'un éducateur spécialisé, Elias (Shaïn Boumedine), nouveau dans le milieu. Mathilde est celle sur laquelle Elias pourra se reposer pour saisir les ficelles de ce métier pas comme les autres. Parce qu'il demande une implication totale tout en nécessitant de garder du recul, ce job n'est pas sans rappeler celui d'actrice. On a parlé avec la jeune comédienne des parallèles entre son rôle et son métier à elle. Après le drame Chouf, Patients de Grand Corps Malade et Le Grand Bazar, feuilleton avec Grégory Montel, Nailia Harzoune a eu son shot de visibilité avec la série Disparu à jamais, adaptation d'Harlan Coben pour Netflix. Celle qui met un point d'honneur à se diversifier s'est octroyé 4 ans sur les planches avant de retrouver des rôles de grand écran qui la faisaient vibrer. C'est le cas avec cette éduc spé au fort tempérament. Interview.
Pourquoi vous dans Placés ?
Nailia Harzoune : Au départ, le profil recherché pour Mathilde ne me correspondait pas du tout. Nessim cherchait une nana grande, très fine, blonde. Il n'arrivait pas à trouver le caractère qu'il imaginait chez les physiques qu'on lui présentait. Le directeur de casting lui a dit de s'ouvrir à d'autres possibilités et j'ai passé un essai. J'avais été briefée, je savais qu'il était en quête d'une fille dynamique, qui parle vite. Shaïn était présent à la première rencontre et ça a tout de suite matché entre nous. J'ai été prise.
Qu'est-ce qui vous a plu chez Mathilde ?
Nailia Harzoune : Ma mère était éducatrice spécialisée avant de prendre sa retraite. J'ai baigné dans ce milieu-là via ses paroles, ses expériences. C'était fort pour moi de jouer un rôle en lien avec son histoire. Je me suis beaucoup référée à elle, je lui ai posé beaucoup de questions, ça a nourri notre lien. Cela a créé des connexions et communications mère-fille différentes de ce qu'on avait pu vivre jusqu'alors. Je ne lui ai pas fait lire le scénario parce que je veux qu'elle découvre le film, mais j'ai beaucoup pensé à elle.
En quoi vous êtes-vous retrouvée dans ce personnage ?
Nailia Harzoune : Jusqu'à ce qu'elle rencontre Elias, Mathilde se consacre à sa carrière professionnelle. Elle est absorbée par son travail et dissocie l'intime de la vie professionnelle. C'est quelque chose que je fais instinctivement. J'aime être sur des plateaux et c'est vrai que ça prend de la place. Plus je grandis, plus j'accorde d'importance à ma vie privée. Alors qu'au début, je misais tout sur ma carrière, maintenant j'équilibre.
Quelle est l'importance du lien humain dans votre vision du métier d'actrice ?
Nailia Harzoune : Quand j'ai commencé, sur chaque tournage, les gens que je rencontrais devenaient ma famille. Je les voyais comme des gens que j'aimais beaucoup, que j'admirais, avec lesquels j'avais envie de retravailler, acteurs ou réalisateurs. Petit à petit, je me suis rendu compte qu'il y avait pas mal d'illusions. Beaucoup de liens sont justifiés par des besoins, des attentes, une temporalité. On peut faire un parallèle avec les éducateurs, qui s'attachent aux jeunes avec lesquels ils sont au quotidien, mais doivent toujours garder en eux une sorte de retenue, parce qu'ils savent qu'un jour ou l'autre, ils ne les reverront plus. Il y a un peu de ça dans ce métier et je me suis brûlé les ailes.
"Les gens qui m'entourent ont des parcours de vie chaotiques"
Quelle ado étiez-vous ?
Nailia Harzoune : Une ado un peu fade (rires) ! Ma mère ne cesse de me dire que j'ai fait ma crise d'adolescence à 28 ans. J'étais très bonne à l'école, c'était l'histoire de ma vie, il fallait que j'aie de bonnes notes. J'étais aussi très sportive, je faisais 15 heures de danse par semaine. Ce qui est drôle, c'est que les gens qui m'entourent, mes amis ou ceux avec lesquels j'ai pu avoir des histoires, ont des parcours de vie chaotiques.
Sur votre compte Instagram, il y a des photos de Penelope Cruz, de Frances McDormand... Sont-elles des modèles pour vous ?
Nailia Harzoune : L'actrice qui me touche particulièrement, c'est Gena Rowlands. Je regarde souvent Une femme sous influence. Elle est dans un jeu absolu, d'une grande technique, d'une immense liberté. Elle arrive à faire des choses sublimes. J'aime bien les actrices abîmées à la Romy Schneider, ça me parle.
Quel serait votre rôle idéal ?
Nailia Harzoune : Je suis fan inconditionnelle de Diam's... Je pense que je ne pourrais jamais l'incarner, mais j'adorerais jouer dans un biopic. Et pourquoi pas écrire un film sur une fille qui se prend pour elle ?