Shaïn Boumedine (PLACÉS) : "Rien n'est jamais un échec"

Shaïn Boumedine est le premier rôle lumineux de "Placés" de Nessim Chikhaoui, au cinéma le 12 janvier. Dans cette comédie sur des enfants en foyer, le comédien révélé par Kechiche incarne un éducateur spécialisé débutant, confronté à un monde difficile et attendrissant. Rencontre.

Shaïn Boumedine (PLACÉS) : "Rien n'est jamais un échec"
© Laurent VU/SIPA

Shaïn Boumedine ne se destinait pas au 7e art. Il fait partie de ces jeunes comédiens dont le talent est savamment deviné par un cinéaste. Alors qu'il travaille sur une plage de son Sud natal entre deux années de BTS, il décroche le premier rôle de Mektoub my love, d'Abdellatif Kechiche. Le voici maintenant dans un autre personnage principal, au parcours étrangement proche du sien.
Dans Placés, de Nessim Chikhaoui, Elias rate son concours d'entrée à Sciences Po à cause d'un acte manqué et trouve un boulot d'éducateur spécialisé dans un Foyer de l'enfance. Il pousse alors les portes de cette maison partagée où vivent des mineurs aux parcours compliqués. Les rires se mêlent aux éclats colériques. Le jeune homme découvre un univers de bienveillance auprès d'éducateurs spécialisés dévoués à ces gosses (Moussa Mansaly, Nailia Harzoune, Aloïse Sauvage, Julie Depardieu) et d'un directeur prêt à tout pour que chacun ait sa chance (Philippe Rebbot). Comme son interprète avec le cinéma, le personnage se prend d'amour pour cette vocation. Shaïn Boumedine est d'une tendresse communicative dans ce film à découvrir le 12 janvier. Le regard pétillant de gentillesse de l'acteur dépeint sur ceux qui l'entourent à l'écran pour venir cueillir le spectateur. Interview.

Qui est Elias ?
Shaïn Boumedine
 : Elias est un jeune mec qui a la tête sur les épaules, avec un parcours scolaire assez normal. Il s'est orienté vers Sciences Po parce qu'on lui a toujours dit qu'il n'y arriverait pas. C'était un défi pour lui plus qu'une grande envie. Après un concours raté, il se retrouve à devenir éducateur spécialisé en foyer. Il découvre un milieu qu'il ne connaît pas forcément, auquel il va essayer de s'intégrer.

Que connaissiez-vous des Maisons d'enfants à caractère social ?
Shaïn Boumedine
 : Pas grand chose. Je n'ai jamais été en foyer, mais je connais des gens qui ont été placés ou qui sont eux-mêmes éducateurs spécialisés. Comme je joue un personnage qui n'est pas censé connaître ce milieu, j'ai essayé de garder de la distance, de ne pas trop me renseigner sur le sujet pour arriver avec un peu de surprise. Dans la vie je suis très à l'aise avec les jeunes, il a fallu effacer ce côté là pour le début du film.

Le réalisateur ayant été lui-même éducateur spécialisé, y avait-il une pression particulière ?
Shaïn Boumedine
 : Il y a beaucoup de lui, de son expérience et de celle de ses amis. Il a pioché un peu tout ce qu'il connaissait de ce métier pour y glisser des anecdotes. J'ai aussi apporté au personnage, on a construit cela ensemble. Il y a toujours une petite part de responsabilité quand on joue un personnage qui tient à cœur au réalisateur. On a beaucoup échangé pour que je puisse jouer le plus fidèlement ce qu'il attendait de moi.

Nailia Harzoune et Shaïn Boumedine dans "Placés" © Michael Crotto / Le Pacte

Qu'avez-vous mis de vous dans Elias ?
Shaïn Boumedine 
: J'ai toujours été entouré de jeunes, à m'occuper de petits cousins et d'enfants autour de moi. J'ai mis ça à profit sur la deuxième partie du film. Comme Elias, je me suis retrouvé à un endroit auquel je ne m'attendais pas en faisant du cinéma. Toujours comme lui, je me suis pris de passion pour ce métier et j'essaie de faire au mieux pour continuer. Je suis aussi assez perfectionniste et j'essaie de donner le meilleur de moi-même.

Racontez-nous comment le cinéma est venu à vous...
Shaïn Boumedine
 : Au lycée, j'ai rempli une fiche pour faire de la figuration pour une série tv, pour laquelle je n'ai jamais été pris. Quelques années plus tard, Abdellatif Kechiche est venu tourner Mektoub my love à Sète et l'équipe m'a contacté, à nouveau pour de la figuration. J'ai fait un essai vidéo qui ne s'est pas très bien passé. Ils m'ont finalement rappelé pour un nouvel essai et j'ai eu le premier rôle ! Au début, je pensais que ce ne serait qu'une parenthèse qui me ferait manquer ma rentrée et me permettrait de reprendre en octobre... elle est un peu plus longue que prévu.

Placés a dû être une expérience tout autre. La comédie, ça vous a plu ?
Shaïn Boumedine
 : Je prends du plaisir en découvrant des choses différentes. Je n'ai pas fait grand chose pour l'instant, mais je suis content de voir que mes projets sont diversifiés, comme mes personnages. C'est à chaque fois intéressant d'aller chercher, de travailler pour essayer d'être le plus juste avec des rôles qui ne me ressemblent pas forcément. Pour la comédie, je fais confiance aux situations.

Quel adolescent étiez-vous ?
Shaïn Boumedine
 : J'étais plutôt discret, je faisais beaucoup de sport, j'avais un peu de mal avec le système scolaire, j'étais en rébellion de ce côté-là. Je m'ennuyais alors je faisais quelques bêtises...

Lequel de vos échecs vous a finalement été bénéfique ?
Shaïn Boumedine
 : Je fais des choix et j'ai vraiment cette mentalité de me dire que rien n'est jamais un échec, mais plutôt de l'expérience. J'ai eu des parcours parfois différents de ce à quoi je m'attendais et je l'ai toujours accepté.

Des envies pour la suite ?
Shaïn Boumedine
 : Je vis au jour le jour. Je rentre d'un tournage à Taïwan avec Karim Leklou pour un film qui s'appelle Pour la France. Ce sont des projets qui me plaisent, c'est le plus important.

Un rêve absolu ?
Shaïn Boumedine 
: Conduire une Formule 1, mais ça n'a aucun rapport !