AFTER LOVE : notre coup de cœur cinéma de la semaine

Mary assiste à la mort de son époux. Alors qu'elle lui prépare du thé, le seul homme qu'elle ait jamais connu s'effondre. Crise cardiaque. En récupérant son téléphone, elle découvre une autre femme. Ahmed travaillait entre Douvres, Angleterre, et Calais, France. Il avait visiblement partagé sa vie entre les deux. Mary décide d'aller à la rencontre de celle que son homme aimait aussi. En arrivant sur l'autre rive de la Manche, elle tombe face à Geneviève, en tous points opposée à elle. Et à Solomon, son fils. Le chagrin de Mary se mêle à l'incompréhension, à la violence de la trahison. Sous le choc, elle va accepter le tablier que Geneviève lui tend et prétendre être là pour le ménage...
Que reste-t-il de nous si notre confiance en l'autre s'écroule ? Qui sommes-nous vraiment quand on s'aperçoit que notre vie est basée sur un mensonge ? La vérité est-elle aussi importante que notre réalité fantasmée ? À travers son histoire de vies qui s'ébranlent, Aleem Khan parvient à parler de deuil, de tristesse et d'identité. La mise en scène laisse les personnages exister, pendant que la caméra capture avec adresse leur tumulte intrinsèque. L'Anglaise Joanna Scanlan, Mary, est épatante en musulmane convertie tout en intériorité. À tel point que le Festival 2 Cinéma de Valenciennes vient de lui décerner son prix d'interprétation féminine. Contrastante par rapport à la femme officielle qui retient ses mots, Nathalie Richard, Geneviève, joue habilement la maîtresse et mère ballotée par son déménagement et son fils adolescent. Les falaises s'effondrent comme la vie des protagonistes se brise. Mais la côte est robuste et ces femmes aussi. After Love est un drame puissant sur la résilience et sur la force qu'il en coûte de se jouer des pires coups de la vie. Un premier film très solide.