C'EST TOI QUE J'ATTENDAIS : un documentaire bouleversant sur l'adoption
Rares sont les documentaires aussi forts et justes sur l'adoption. Avec "C'est Toi que J'attendais", au cinéma le 22 décembre, la cinéaste Stéphanie Pillonca raconte quatre trajectoires qui éclairent, émeuvent et restent longtemps en mémoire. Le Journal des Femmes vous donne trois bonnes raisons d'être au rendez-vous de ce geste d'humanité.

C'est Toi que J'attendais : Des histoires vibrantes
De la fiction au documentaire en passant par le reportage télévisé, l'adoption a toujours ému. Par la beauté du geste, d'abord, mais aussi par les nombreuses difficultés qui précèdent cet acte d'amour. Dans le bouleversant C'est toi que j'attendais, Stéphanie Pillonca nous donne à en vivre, comme jamais auparavant, les crevasses et les éclats. A défaut de se focaliser sur une seule histoire, qui réduirait la portée de son labeur, elle en a choisi quatre, déployant une vision composite d'un monde souvent jugé opaque par le commun des mortels. Devant sa caméra, quatre récits s'entrelacent ainsi, lesquels, aussi distincts que complémentaires dans les émotions qu'ils soulèvent et l'humanisme qu'ils captent, saisissent aux tripes et touchent aux larmes. On y retrouve notamment deux couples à différentes phases du processus d'adoption ou cet homme né sous X, si attachant, qui tente à cor et à cri de retrouver sa mère biologique. Autant de trajectoires qui nous touchent en plein cœur et qui mobilisent toute l'étendue de notre empathie.
Une méthode probante
Pour Stéphanie Pillonca, la pudeur et l'humanité sont des piliers. C'est sur cette solide base que s'articule sa manière très artisanale d'envisager ses projets et de les travailler. Depuis ses débuts ? Huit œuvres à son actif et une équipe -trois personnes en plus d'elle- qui n'a jamais bougé. Comme une seconde famille avec laquelle elle aime à se pencher sur les hommes et les femmes pour les filmer sans les trahir, pour les raconter sans les romancer. D'une entreprise de la pure démerde, elle a fait de C'est toi que j'attendais un coup de poing précis et sensible, un geste pur qui ne doit rien au hasard. Au total, 200 couples ont été rencontrés. La réalisatrice s'est longuement nourrie de ces échanges, les a intégrés, réfléchis. Elle a même réussi à convaincre les services d'adoption qui l'ont autorisée à poser sa caméra là où aucune autre n'a jamais eu le droit d'opérer. Sûrement parce que, de la tutrice de Paris, en charge des pupilles, jusqu'aux adoptants, elle a rassurer et fédérer, avec ce sourire solaire qui ne la quitte jamais.
Portrait d'une France plurielle
Ce qui saisit d'emblée dans ce documentaire, c'est la façon avec laquelle Stéphanie Pillonca évite la sensiblerie et les chemins de traverse larmoyants. Elle avoue elle-même avoir coupé au montage des séquences jugées fortes mais qui, de son point de vue, prenaient en traitre celles et ceux qui lui ont accordé toute leur confiance. A l'écran, la caméra s'arrête toujours de tourner aux bons moments, laissant disparaitre un couple dans un ascenseur sans s'y engouffrer, donnant au spectateur à apercevoir l'intime, à le comprendre, sans jamais le positionner en voyeur. Et c'est là toute la force de ce film. Montrer à défaut de surligner. Suggérer sans imposer. Une manière de faire qui étête la putasserie et fait fleurir la vérité des sujets, la beauté des mots, des regards et des gestes. A la fin du film, on a comme l'impression que ces personnes font partie de notre famille, qu'on les connait, dans leur singularité, leur diversité, leurs failles et leurs forces. Ensemble, ils composent le tableau d'une France plurielle, comme on l'aime.