UN DIVAN A TUNIS, DEUX... : nos coups de cœur ciné du 12 février

Laissez-vous tenter par une consultation chez une psy de Tunis. Entrez dans une histoire d'amour déchirante. Allez à la rencontre d'une jeune femme qui cherche à s'émanciper dans le ventre de l'Amérique profonde. "Un Divan à Tunis", "Deux" et "Mickey and the Bear" sont nos conseils ciné de la semaine.

UN DIVAN A TUNIS, DEUX... : nos coups de cœur ciné du 12 février
© Diaphana Distribution

Un Divan à Tunis de Manele Labidi

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Passé par les festivals de Toronto, Venise (où il a reçu un prix du public) ou Saint-Jean-de-Luz, Un Divan à Tunis constitue une véritable thérapie solaire. Premier film de la franco-tunisienne Manele Labidi -inspirée par les comédies italiennes des années 60 et par l'humour mordant de Woody Allen-, il met en lumière une héroïne attachante : Selma. Cette trentenaire libertaire quitte Paris pour installer un cabinet de psychanalyse en banlieue de Tunis, alors que le pays, encore fébrile, sort à peine d'une révolution bouillonnante. Cette trame, originale et propice aux envolées drolatiques, se révèle être une manière habile de faire littéralement asseoir une nation dans un fauteuil de psy pour mieux en comprendre les maux. Sans effets de mise en scène -la caméra à l'épaule est bannie-, Labidi laisse la vie s'installer dans le cadre, qu'elle baigne d'une lumière aux couleurs consolantes. Au centre d'une galerie de personnages fantasques et pittoresques, campés par des acteurs épatants, trône la sublime Golshifteh Farahani, qui envoûte autant ses patients que les spectateurs. 

Avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Aïcha Ben Miled (1h28)

"Un divan à Tunis"

Deux de Filippo Meneghetti

C'est une œuvre brève, pudique, intelligente. On pourrait lui apposer encore tant d'adjectifs valorisants. Deux constitue en effet l'une des plus belles surprises ciné de ce début d'année ; un drame accompli, mis en scène avec soin par un cinéaste à suivre : Filippo Meneghetti. L'intéressé, ayant longtemps eu envie de raconter l'histoire de deux femmes qui s'aiment en secret, y dirige avec délicatesse des actrices en état de grâce : Barbara Sukowa et Martine Chevallier. Elles incarnent respectivement Nina et Madeleine, des voisines vivant au dernier étage du même immeuble. Elles s'aiment d'un amour fou et enivrant, à l'abri des regards indiscrets. Mais cet équilibre, déjà fragile –puisque la fille de Nina (Léa Drucker), comme d'autres, n'est au courant de rien–, va s'écrouler lors d'un événement dramatique. D'un coup, tout bascule. Et le spectateur de plonger dans les crevasses des souvenirs, dans les blessures de ces deux femmes et, peut-être, dans les éclats d'une possible embellie. Deux est un récit de cœur(s), sans pathos, à la puissance tranquille, qui infuse et explose.  

Avec Barbara Sukowa, Martine Chevallier, Léa Drucker (1h35)

Mickey and the Bear de Annabelle Attanasio

Présenté en mai dernier au Festival de Cannes, dans la section de l'ACID, puis à Deauville trois mois plus tard, Mickey and the Bear d'Annabelle Attanasio place son curseur naturaliste au cœur de l'Amérique profonde, oubliée, épuisée. Dans le Montana, plus précisément, où Mickey Peck, une adolescente sans histoire, passe son temps au chevet de son papa, vétéran de guerre totalement esclave des opiacés. Dans cet environnement terne et sans couleur, elle a pourtant envie de prendre la poudre d'escampette pour aller ailleurs, vers les villes, vers la possibilité d'une vie meilleure. Mais le dilemme qui l'enserre est trop fort. S'il ne se départit pas toujours des tics du cinéma d'auteur américain, toujours très friand des peintures sociétales (surtout chez les rednecks), ce drame aux moyens modestes a le mérite de mettre en orbite une jeune actrice absolument extraordinaire, au charisme fou : Camila Morrone. Actuellement en couple avec Leonardo DiCaprio, cette dernière, qui a débuté dans le mannequinat, est promise à une grande carrière. On en fait en tout le cas le pari.

Avec Camila Morrone, James Badge Dale, Calvin Demba (1h29)