Mais Vous êtes Fous, 90's, L'Adieu à la Nuit : nos coups de cœur ciné du 24 avril 

Mais Vous êtes Fous d'Audrey Diwan

C'est une histoire qu'il est presque impossible de croire. Et pourtant, elle a vraiment eu lieu. Dans Mais vous êtes fous, son premier film en tant que réalisatrice (après avoir co-signé les scénarios d'Aux yeux de tous, La French, HHhH ou Ami-ami), Audrey Diwan raconte et dissèque une incroyable déconfiture familiale. L'épicentre du séisme ? Le papa, incarné par un Pio Marmaï dans son meilleur rôle, est accro à la cocaïne depuis des années et contamine un jour, par inadvertance, les membres de sa famille. De quoi plonger son épouse –intense et sublime Céline Sallette– en pleine détresse émotionnelle. Fort d'une mise en scène précise et sèche, qui ne s'encombre d'aucune surenchère, la cinéaste raconte l'addiction à la drogue mais aussi, et surtout, celle qui est encore plus puissante et dévastatrice : l'amour. La qualité de l'écriture et la virtuosité des interprétations maintiennent le spectateur dans un état de constante sidération, de la première à la dernière minute. Au final, on ressort essorés et convaincus, sur toute la ligne, d'avoir assisté à l'éclosion d'une véritable réalisatrice. Mehdi Omaïs

Avec Pio Marmaï, Céline Sallette, Carole Franck (1h35)

90's de Jonah Hill

Pour un premier essai, c'est réussi ! Connu notamment pour ses rôles dans Supergrave, Le Stratège ou Le loup de Wall Street, le multitâche Jonah Hill fait son baptême de feu derrière la caméra avec 90's. Comme son titre l'indique, le long-métrage en question prend racine dans les années 90, à Los Angeles précisément. Quelque part dans cette ville tentaculaire, Stevie, 13 ans, a le spleen accroché à l'âme. Entre une mère absente et un frère violent, qui le roue de coups à l'envie, l'adolescent trouve bientôt refuge et asile au sein d'une bande de skateurs. Pour lui, c'est la panacée, ou du moins, une espèce de radeau de la méduse qui va voguer sur les mers houleuses d'un âge où tout est intense, fondateur et déterminant. Entièrement tourné en 16mm et en format 4 :3, le résultat séduit par sa patine nineties et par la sincérité criante qui anime Jonah Hill, ici inspiré par son passé, lui qui a fréquenté le milieu du skate. Tous les acteurs sont des débutants épatants. Quant à Sunny Suljic, qui incarne le jeune héros, c'est le seul à avoir déjà eu des expériences au cinéma. Son innocence (presque) déchue émeut et son intelligence de jeu touche au cœur.  Mehdi Omaïs  

Avec Sunny Sljic, Katherine Waterston, Lucas Hedges (1h24)

L'Adieu à la Nuit d'André Téchiné

Muriel (impeccable Catherine Deneuve) s'occupe avec force, courage et rigueur d'un centre équestre dans la Sud de la France. Heureuse surprise, -croit-on- : son petit-fils, Alex (Kacey Mottet Klein, impressionnant de justesse) revient dans ce lieu qui a bercé son enfance avant de s'envoler vers le Canada... En réalité, le jeune homme alterne prières islamiques et mensonges éhontés avec la même ferveur et se prépare à partir faire le djihad en Syrie avec sa petite amie Lila (incarnée par Oulaya Amamra de Divines), aide-soignante dans une maison de retraite.
André Téchiné réussit la prouesse de réaliser un film apaisant, serein sur une question de société anxiogène : celle de la radicalisation. Ce drame intelligent, intense mais sans tragédie, remarquablement interprété, nous épargne les poncifs politiques pour nous emmener dans l'intime, aux confins de l'amour, de la famille, de la nature... Chevaux sauvages domptés, gamins inconscients, terroristes repentis... Chacun nous convie à la fois dans du grand cinéma et dans une réflexion libre et inspirée. Justine Boivin

Avec Catherine Deneuve, Kacey Mottet Klein, Oulaya Amamra (1h43)