Michèle Alliot-Marie, rigueur et sentiments Main de fer et œil de velours

MAM explique sa vision du féminisme et nous raconte sa plus belle histoire d'amour...

Vous avez toujours voulu que l'on vous appelle " Madame le ministre ", pourquoi ?
Michèle Alliot-Marie : Je considère qu'une profession, c'est un genre neutre, un peu la 5e déclinaison latine. L'Académie Française m'a toujours donné raison. Féminiser les titres à tout prix peut tourner au ridicule et cela n'a rien à voir avec l'égalité des sexes.

Exiger la parité c'est, selon vous, un aveu de faiblesse ?
Michèle Alliot-Marie : Lorsque j'étais présidente du RPR, j'ai refusé de voter l'entrée du texte dans la Constitution car je trouve cela insultant de mettre des quotas. Les femmes ne sont ni du lait, ni des vaches. Cette loi, c'est surtout la preuve d'un manque de courage des hommes politiques.

Vous avez eu la charge de 4 ministères régaliens (et de deux non régaliens), un record national. Cela vous immunise-t-il contre le machisme ambiant ?
Michèle Alliot-Marie : Je n'ai jamais été confrontée à la misogynie. Il ne faut pas faire passer les femmes politiques pour des nunuches. Si elles arrivent à ce niveau, c'est qu'elles sont armées.
Si un élu m'avait fait une remarque sexiste, je lui aurais rendu la pareille. Et s'il s'était permis un geste déplacé, je lui aurais envoyé ma main dans la figure. Je suis très sportive, donc efficace. Il m'est arrivé, à Saint-Jean-de-Luz, de faire du maintien de l'ordre. Un homme embêtait des vendeuses dans un magasin, je l'ai immobilisé en lui faisant une prise de judo.

Vous n'avez pas d'enfants. Pensez-vous que votre carrière politique aurait pu être celle d'une maman ?
Michèle Alliot-Marie : Ne pas avoir d'enfants m'a permis de me consacrer totalement à ce que je faisais, difficile d'être élue loin de Paris, de ne pas rentrer chez soi tous les soirs...Néanmoins, je m'occupe beaucoup de mes neveux (elle a perdu sa sœur d'une sclérose en plaques, ndlr).


Dans votre carrière, avez-vous parfois considéré votre féminité comme un "handicap" ?
Michèle Alliot-Marie : Jamais. C'est un avantage. Il faut être lucide. Pendant des années, mon conjoint, Patrick Ollier, n'a pas été ministre. Des chefs d'Etat, des Premiers ministres m'ont dit "on ne peut pas vous nommer tous les deux". Être une femme m'a alors permis d'être préférée, choisie.

Vous fréquentez depuis bientôt 25 ans Patrick Ollier -ministre chargé des Relations avec le Parlement, maire de Rueil-Malmaison et député des Hauts-de-Seine-. Comment construit-on une relation autour d'une ambition commune, servir l'Etat, et sa contrepartie : s'effacer lorsque c'est l'autre qui dirige ?
Michèle Alliot-Marie : Je lui suis très reconnaissante. Il a longtemps accepté de rester dans l'ombre. Ce n'est pas facile lorsqu'on a des convictions... Cela a renforcé notre couple. Dès le départ nous avons été conscients que notre histoire pouvait être une gêne et donc nous avons décidé de la tenir secrète. Pendant dix ans, nous avons réussi. A l'époque, lui était élu à Serre Chevalier, moi à Biarritz. Nous nous retrouvions... à l'Assemblée Nationale ! Ce jeu pimentait notre romance. Nous allions nous embrasser dans les cabines téléphoniques de l'Hémicycle et nous cacher derrière les grands rideaux de velours rouge. A l'extérieur, nous nous ignorions. C'est lorsque j'ai été élue présidente du RPR que nous avons été obligés de révéler notre amour. Mon neveu m' a informé qu'il y avait un photographe dans l'arbre en face de mes fenêtres. L'annonce à la presse n'a pas été aussi glamour que nous l'aurions souhaitée, mais elle a permis d'éviter les clichés volés.

michèle alliot-marie et patrick ollier le 4 juillet 2010.
Michèle Alliot-Marie et Patrick Ollier le 4 juillet 2010.

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