Elle a tué son mari incestueux : Valérie Bacot voulait se suicider

Valérie Bacot est accusée d'avoir assassiné son ancien beau-père incestueux, devenu son époux-proxénète, violent et le père de ses enfants. Le premier jour de son procès, la mère de famille a raconté le calvaire, la prostitution forcée, les souffrance, et le jeune homme qui l'a aidée à enterrer le corps s'est exprimé...

Elle a tué son mari incestueux : Valérie Bacot voulait se suicider
© Valérie Bacot Capture d'écran Pétition Liberté pour Valérie Bacot Change.org

[Mis à jour le mardi 22 juin à 14h00] Cette affaire évoque par ses ressemblances le drame de Jacqueline Sauvage... Valérie Bacot, 40 ans, est actuellement jugée pour le meurtre de Daniel Polette, son mari violent et beau-père incestueux, le 13 mars 2016. Alors que son procès s'est ouvert le 21 juin, ce premier jour d'audience a été pour le moins éreintant et pénible, selon BFMTV. Face à l'avocat général, Valérie Bacot n'a pas pu dissimuler sa vive émotion: "Mais vous ne comprenez pas? Est-ce que vous comprenez ce que c'est d'avoir la peur de mourir tous les jours?". Et celui-ci de répondre: "Est-ce que vous comprenez que vous n'avez pas à le tuer?".

Avec son mari, les souffrances étaient constantes pour Valérie Bacot: "Le frigo qu'il me vidait dessus et je ne pouvais pas aller me coucher avant d'avoir fini de nettoyer".

Un terrible réseau de prostitution

Elle a également fait le récit effroyable de la prostitution à laquelle il la soumettait: "J'avais une oreillette. Et il m'avait donné du gel, des lingettes, des préservatifs et il avait aménagé le 806. Du polystyrène autour des fenêtres et sur le sol, un drap entre l'avant et l'arrière. Et un carton à l'arrière avec un trou pour qu'il regarde. Parfois, il n'y avait personne, parfois 2-3 personnes, parfois presque 10. C'était quand ça lui plaisait. Et quand les gens prenaient des rdv avec les cartes de visites".

Alors qu'un flot insupportable de clients se succédait, Daniel Polette avait tenu à tatouer le surnom "Dany" sur le sexe de Valérie Bacot, afin de signaler qu'elle lui appartenait.

L'homme qui l'a aidée à enterrer le corps témoigne : "Elle s'est sauvée la vie"

Durant ce premier jour de procès, un témoin a été entendu. Il s'agit de Lucas G., petit ami de sa fille Karline, qui l'a aidée à enterrer le corps de son mari. "Elle s'est sauvée la vie, et j'ai aidé à dissimuler le corps et ça nous a emmené ici", a-t-il lâché. "On s'est fait justice nous-même et ce n'était peut-être pas la bonne décision. Car au final, on n'en serait pas là", a-t-il regretté.

Le jour où Valérie Bacot a tué son bourreau, elle a envoyé un message à Lucas G. pour le prévenir: "C'est fait, prépare-toi". Le jeune homme a raconté, au tribunal:  "Elle arrive bouleversée, elle est en larmes, pas coiffée (...) On retourne à la maison. On l'annonce aux garçons et à Karline. Sauf au plus petit (...) Puis vers minuit-1h, on décide de prendre des vêtements et d'aller enterrer le corps".

Mais avant de commettre ce meurtre, Valérie Bacot comptait continuer à supporter son supplice au côté de son beau-père de mari, Daniel Polette. Elle avait toutefois un autre macabre projet. "Je voulais encaisser jusqu'à ce que mes enfants soient majeurs. Après je voulais me suicider. C'était ce que je voulais faire", a-t-elle raconté.

​Son "dernier combat" contre son bourreau

Dans son livre sorti le 26 mai, Tout le monde savaitelle raconte ces décennies de souffrance. 

"Tout le monde savait. Tout le monde se doutait. Beaucoup de gens avaient leur petite idée de ce qui pouvait m'arriver dans l'intimité du foyer. Les coups, la violence banalisée, les humiliations quotidiennes... Tous les invariables de cette vie qui n'en est pas vraiment une", écrit-elle.

Valérie Bacot avait exprimé son ressenti, quelques semaines plus tôt, auprès de Sept à Huit: "C'est normal que j'aille en prison pour ce que j'ai fait. Ce que je redoute, c'est d'abandonner mes enfants et ma petite fille. D'un autre côté, j'ai hâte que ce procès se fasse. Je le considère comme mon procès, mais un peu comme son procès à lui aussi. Je le vois un peu comme mon dernier combat contre lui. Et, cela me permettra de savoir si j'arriverai pour une fois dans ma vie à être plus forte que lui".

Valérie Bacot risque la prison à perpétuité

En détention provisoire durant un an, la quadragénaire est aujourd'hui placée en liberté conditionnelle et a trouvé un emploi dans le bâtiment en attendant son jugement. 

Lors du procès, elle sera défendue par les avocates Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini. Valérie Bacot encourt la réclusion criminelle à perpétuité...

Une pétition, adressée au ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti et à Elisabeth Moreno la ministre déléguée à l'Egalité entre les femmes et les hommes, a été lancée par son comité de soutien en janvier 2021.

Parmi les défenseurs de Valérie Bacot, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l'Education Nationale, qui a apporté son soutien sur Twitter. 

Le but: obtenir une relaxe, tout comme Jacqueline Sauvage en 2016, qui avait été graciée par François Hollande.

Valérie Bacot a dû se marier à son beau-père incestueux

La mère de famille est originaire du village de  La Clayette en Saône-et-Loire. C'est dès l'adolescence que la descente aux enfers débute... Agée de 12 ans, la jeune fille est violée une première fois par celui qui est alors son beau-père, de 25 ans son aîné. Daniel Polette atterrit en prison après avoir été dénoncé par un membre de la famille en 1995.

Mais Valérie n'est pas délivrée de ses souffrances pour autant... Sa mère l'oblige à rendre visite à son bourreau au parloir pendant qu'il purge sa peine. L'homme est finalement libéré, il réintègre le foyer "comme si de rien n'était".

L'horreur continue et atteint son paroxysme: à 17 ans, la jeune femme tombe enceinte de son beau-père. Elle est jetée dehors. A la rue et sans le sou, elle est contrainte de s'installer avec celui qui abuse d'elle depuis cinq ans.

Valérie Bacot devient mère à quatre reprises, épouse l'ancienne figure paternelle et vit sous la coupe de Daniel Polette, qui la frappe, l'humilie, la viole, l'insulte... Et si l'horreur n'était pas suffisante : l'homme la prostitue dans le monospace familial, aménagé exprès pour des passes. C'est dans ce véhicule que Valérie Bacot aurait abattu son atroce conjoint.

Tué après une passe 

Le 13 mars 2016, tout bascule dans la vie de Valérie qui a 36 ans. Epuisée par ces années de violences psychologiques et physiques, elle assassine son époux avec le revolver "dont il se servait pour la menacer".

Avec l'aide de ses enfants et du petit-ami de sa fille, elle préfère cacher et enterrer le corps en pleine forêt. Le cadavre est retrouvé un an plus tard, 

Valérie Bacot est interpellée en 2017.

Ses deux fils, mineurs au moment des faits, sont arrêtés et condamnés en décembre 2019 à des peines de six mois de prison avec sursis pour recel de cadavre.