Julie, 13 ans, violée par 20 pompiers : les faits, son calvaire sans fin et une manif

Ils étaient nombreux à manifester pour Julie, le 7 février. L'adolescente, qui a été violée entre 2009 et 2011 par une vingtaine de pompiers, a vu l'affaire requalifiée en "atteinte sexuelle". Depuis, la jeune femme a fait plusieurs tentatives de suicide et s'est retrouvée handicapée...

Julie, 13 ans, violée par 20 pompiers : les faits, son calvaire sans fin et une manif
© SEVGI/SIPA

[Mis à jour le lundi 8 février à 12h09] Ils étaient environ 300, réunis place Saint-Michel, à Paris, près du Palais de Justice le 7 février. D'autres étaient rassemblés devant le tribunal de Versailles, ou à Strasbourg devant le tribunal judiciaire. Tous demandaient justice pour Julie, violée par une vingtaine de pompiers alors qu'elle était mineure.
L'objet de leur mobilisation ? ? Que les accusations "d'atteinte sexuelle" soient requalifiées en "viol sur mineure". Les manifestants martelaient: "Violeurs partout, justice nulle part" ou encore "La victime c'est Julie".
Les rassemblements se sont déroulés quelques jours avant l'examen du pourvoi de Julie, en cour de cassation, qui aura lieu le 10 février. Cette demande avait déjà été refusée en novembre 2020 par la Cour d'Appel.

Le père de Julie, touché par cette mobilisation, a déclaré auprès de l'AFP : "Ca nous va droit au coeur, car quand on a déposé plainte il y a dix ans, on était méprisé. Les choses ont clairement bougé dans la société et même si certains juges sont réticents à cette évolution, aujourd'hui on entend plus la parole des victimes".


Le "consentement d'une fille de 14 ans" : Julie, victime d'un système absurde

Parmi les manifestants, l'on trouvait Clémentine Autain (LFI) ou encore l'élue EELV Alice Coffin, qui a dénoncé "un système général, en l'occurrence ici de la justice, qui est complice de la culture du viol". 

"Je ne comprends pas qu'on puisse parler du consentement d'une jeune fille de 14 ans", s'est indignée Cécile Jammet, une manifestante.

Une affaire qui résonne particulièrement dans l'actualité, alors que le Sénat a récemment adopté un texte visant à fixer le seuil pour le consentement sexuel à 13 ans.

Julie, violée à 13 ans 

C'est une affaire insoutenable. Entre 2009 et 2011, l'adolescente, âgée de seulement 13 ans, a été violée par des pompiers, ces soldats du feu habituellement si courageux. Il y a dix ans, trois d'entre eux avaient été mis en examen pour "viol sur mineure" et se seraient potentiellement fait juger en Cour d'Assises.

Toutefois, en juillet 2019, le juge d'instruction a requalifié l'affaire en "atteinte sexuelle"... la renvoyant ainsi devant le Tribunal Correctionnel de Versailles.

La peine maximale y est de dix ans de prison, soit la moitié de la peine encourue à la cour d'assises. Un retournement de situation injuste pour la famille, comme pour la victime. D'autant qu'une vingtaine de pompiers seraient impliqués en tout.

En novembre 2020, la cour d'Appel de Versailles a rejeté une demande de requalification des faits en "viol sur mineure", en dépit de la mobilisation de plusieurs collectifs, qui avaient manifesté pour que justice soit faite.

Des faits sordides : viol, dépression, hôpital psychiatrique

À l'époque de ces actes odieux, Julie suivait un traitement médicamenteux. Elle était sujette à des crises de spasmophilie et de tétanie. C'est ainsi qu'elle était régulièrement prise en charge par les pompiers, avec qui elle gardait contact via les réseaux sociaux. 

Une vingtaine d'entre eux, pour la plupart affectés à la caserne de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), l'auraient violée pendant ces deux années.

En 2010, l'adolescente est tombée dans une grave dépression et a été prise en charge dans un hôpital pédopsychiatrique durant quelques mois. Même dans cet établissement, l'un des pompiers l'aurait forcé à avoir une relation sexuelle....

Mais Pierre, l'un d'eux, a assuré que lui et Julie étaient en couple et que les relations étaient consenties. C'est ce dernier qui aurait communiqué les coordonnées de l'adolescente à ses collègues. "Il a agi comme le chef d'orchestre. Il a fait circuler le numéro de ma cliente, organisé des rencontres avec d'autres hommes comme un maquereau aurait pu le faire", a déclaré Me Jean Tamalet, avocat de Julie à BFMTV. 

Julie, "4 ans en fauteuil roulant"

Depuis, Julie a fait plusieurs tentatives de suicide, dont la dernière remonte à juillet 2020. En 2014, elle s'était défenestrée. "Maintenant, elle a 25 ans et elle se bat. Elle a plus d'une dizaine d'opérations. Elle en a encore une qui arrive en janvier. Elle est restée 4 ans en fauteuil roulant, elle remarche. Elle a construit sa vie. Elle vit avec quelqu'un. Elle a le droit de tourner la page. Elle a le droit d'être reconnue victime", a expliqué sa mère à RTL.