Femmes au sol à Paris, le collectif #NousToutes simule la mort contre les féminicides

Des centaines de manifestantes se sont laissées tomber par terre pour simuler la mort, dans les grandes places de Paris, le 19 octobre. Le but ? Interpeller le gouvernement sur le nombre croissant de féminicides et le manque d'actions prises pour endiguer ce fléau.

Femmes au sol à Paris, le collectif #NousToutes simule la mort contre les féminicides
© Thibault Camus/AP/SIPA

"Bernadette", "Josette", "Ophélie" : pour dénoncer le nombre de féminicides qui grimpe sinistrement (121 en 2019, à ce jour) des centaines de femmes se sont allongées sur le sol, une pancarte avec le nom d'une victime à la main, lors de manifestations simultanées à Paris, sur cinq places emblématiques de la capitale, à République, Bastille, Saint-Michel, Châtelet et Nation, le 19 octobre. L'action a été menée par le collectif #NousToutes, qui s'était déjà rassemblé devant le palais de l'Elysée, dans la nuit du 15 octobre, pour interpeller Emmanuel Macron sur ce fléau que l'on peine à éradiquer. 
Avant de tomber sur le sol, les manifestantes ont scandé la phrase : "Allô, je voudrais signaler que mon mari me frappe et là, ce soir, j'ai très peur qu'il m'arrive quelque chose de grave." Une manière d'interpeller sur le manque d'actions prise face à un appel à l'aide d'une victime, qu'elle s'exprime dans un commissariat ou par le biais du numéro d'urgence dédié à celles et ceux qui subissent les violences conjugales, le 3919. "On s'est basées sur des dialogues rapportées par la presse ou par le Tumblr Paye ta Police. La réalité est que, chaque jour, des femmes franchissent le pas de porter plainte et qu'elles ne sont pas prises au sérieux par les fonctionnaires de police", a précisé la militante des droits des femmes, Fatima Benomar, à Madame Figaro.

Un die-in pour secouer les consciences

Puis, les centaines de femmes présentes sur les cinq places se sont laissées tomber au sol, tour à tour. Il s'agit d'un die-in, c'est-à-dire d'un rassemblement au cours duquel les manifestants simulent la mort.

Pour Fatima Benomar, le Grenelle des violences conjugales, initié par Marlène Schiappa et en cours depuis le 3 septembre, n'a pas porté ses fruits, bien au contraire. "Dès septembre, le gouvernement a demandé aux gens de se mobiliser et de faire connaître au maximum le 3919. Mais cette stratégie ne répond pas à l'inaction des pouvoirs publics et le manque de moyens", a poursuivi Fatima Benomar avant d'ajouter : "Donner l'information, c'est bien. Mais le problème n'est pas là. C'est lorsque les victimes de violences conjugales prennent la décision de partir que le conjoint passe le plus souvent à l'acte. Et puis, étant donnée qu'il n'y a plus de places d'hébergement d'urgence, les femmes finissent par se réfugier chez des proches. Or, les ex-conjoints savent très bien où les trouver." Notons qu'une grande marche sera organisée à Paris, samedi 23 novembre.

Les féminicides dénoncés à Besançon

Pendant que les manifestantes simulaient la mort dans la capitale, les associations Osez le féminisme du Doubs (OLF 25) et Solidarité Femmes se rassemblaient également à Besançon pour éveiller les consciences. Les noms des 121 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint ont été cités, tandis qu'une affiche sur laquelle les prénoms des victimes étaient inscrits, accrochée au pont Battant, flottait dans les airs. Des bougies ont été allumées en leur mémoire pendant qu'un décompte macabre était effectué.

Laura, membre d'OLF 25, a détaillé à l'Est Républicain : "Nous voulons que le terme 'Féminicide' soit reconnu par la Justice et que les victimes de violences conjugales soient mieux écoutées lorsqu'elles portent plainte auprès des autorités, avant qu'il ne soit trop tard. Il faut sensibiliser les enfants, dès leur plus jeune âge, à ce fléau, afin que les générations masculines futures aient le respect des femmes ancré en eux".