Turquie : les femmes interdites de rire, la bonne blague !

Les femmes rient aux éclats des propos tenus par le vice-Premier ministre turc. L'homme du gouvernement islamo-conservateur veut les interdire de "rire fort en public" par décence.

On aimerait que ça soit de l'humour. "Une femme doit conserver une droiture morale, elle ne doit pas rire fort en public", a déclaré très sérieusement Bulent Arinç, vice-Premier ministre de Turquie.
"Elle ne doit pas rire fort devant tout le monde, doit absolument conserver sa décence à tout moment", a osé ajouter le bras droit de Recep Tayyip Erdogan, ce lundi 28 juillet, lors d'un déplacement dans sa circonscription de Bursa (dans le nord-ouest du pays). Pas sûr que cette annonce lui fera une bonne publicité, à quelques jours de l'élection présidentielle organisée en suffrage universel, les 10 et 24 août.
Ses propos archaïques, dans un pays dit laïc, sont venus se heurter aux aspirations d'une jeunesse nouvelle et prête à se mobiliser pour ses droits. Les femmes montrent les dents, mais pour afficher un sourire engagé sur les réseaux sociaux. "#kahkaha" qui veut dire "rire", "#direnkahkaha" "rire résistant" et "#direnkadin" "femme résistante" : chacune choisit son hashtag pour se moquer des propos de l'homme politique dépassé.
Toutes les générations de Turques ont tourné en ridicule la volonté gouvernementale de faire un pas de plus vers la vie privée de chacun. Malgré la crise économique et sociale dans leur pays, leur force est de garder le sourire, un bien immatériel et inaliénable dont chacun peut user comme bon lui semble. "Nous avons vraiment besoin d'entendre le rire gai des femmes", en a profité le rival de M. Erdogan, Ekmeleddin Ihsanoglu, sur Twitter. D'autres aussi surfent sur la vague, mais pour aller trop loin... Les Femen turques se sont customisées les tétons en smiley.

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Trois générations (grand-mère, mère, fille) qui rient pour se moquer de la décision du vice-Premier ministre turc. © Twitter Duygu Halis