Pourquoi les anti-IVG battent-ils le pavé ?

Plusieurs milliers de militants anti-avortement ont manifesté dimanche dans les rues de Paris à la veille de l'examen par l'Assemblée nationale d'amendements prévoyant d'assouplir le recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

Pourquoi les anti-IVG battent-ils le pavé ?
© NICOLAS MESSYASZ/SIPA
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Manifestation anti-IVG, Paris, le 19 janvier 2014. © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

En tête, une grande banderole "Libre d'être contre l'IVG" et une autre "Avec Hollande, avorte et tais-toi". Dans la foule, de nombreuses familles, certaines avec des enfants trisomiques, quelques prêtres en soutane. Aux cris de "Oui à la vie", des pancartes "Ne les tuez pas" à la main, ces milliers de manifestants (40 000 selon les organisateurs, 16 000 selon la Police) ont défilé de la place Denfert-Rochereau aux Invalides à l'appel du collectif qui réunit, depuis 2005, une quinzaine d'associations autour de la date anniversaire de la loi Veil de 1975.

Alors que plus de 220 000 avortements sont pratiqués chaque année en France, où l'IVG est intégralement remboursée depuis janvier 2013, qu'une Française sur trois a recours à un avortement au cours de sa vie, les organisateurs de la "Marche pour la vie" affirment avoir battu cette année un "record".

Pourquoi une telle mobilisation ? Dans le collimateur des opposants à l'IVG, cette année, deux amendements "glissés en catimini" dans le projet de loi sur l'égalité femmes-hommes qui veut notamment étendre la parité et inciter les pères à prendre un congé parental. Le premier propose qu'une femme puisse demander une IVG si elle "ne veut pas poursuivre une grossesse" et supprime donc la notion de "situation de détresse". Le second sanctionne le "délit d'entrave" et ceux qui veulent empêcher les femmes d'accéder aux lieux d'information sur l'IVG.

Galvanisés par l'"exemple" ibérique, les marcheurs étaient souvent vêtus de rouge et jaune, couleurs du drapeau espagnol. Dans la péninsule, le projet de loi du gouvernement de Mario Rajoy prévoit d'interdire l'accès à l'avortement, sauf en cas de viol ayant fait l'objet d'une plainte et de danger physique ou psychique pour la femme. Le texte, porté par le parti Populaire (PP), est dénoncé par les associations féministes et les partis de gauche qui y voient un retour de 30 ans en arrière.