#PayeTaRobe : quand le sexisme vient à bout des avocates

Le sexisme fait des ravages jusque dans les tribunaux et près de 30% des avocates quittent la robe avant de franchir le cap des 10 ans de carrière d'après la Caisse nationale des barreaux. Un constat alarmant qui fait écho aux discriminations subies par les avocates, tant de la part des confrères que des clients.

#PayeTaRobe : quand le sexisme vient à bout des avocates
© Wavebreak Media Ltd

L'éloquence, le charisme et l'empathie sont autant de qualités qu'un avocat se doit d'avoir pour pour servir au mieux la Justice. Pourtant, si la profession d'avocat fait rêver, l'univers du Droit  est, comme une grande partie du monde professionnel, gangrené par le sexisme. Selon une enquête menée par la Caisse nationale des barreaux, 30% des avocates raccrochent leur robe et se réorientent avant d'avoir atteint 10 ans d'ancienneté.

Bien qu'il se féminise, le monde de la Justice fait la part belle aux clichés... Valérie Duez-Ruff, avocate aux Barreaux de Paris et de Madrid, explique à 20 Minutes"On a encore l'image de la femme à la voix fluette qui saurait mal défendre sa plaidoirie. Il arrive que des clients refusent d'être défendus par une femme avocate. A l'inverse, ils auront plus tendance à se tourner vers une femme pour les questions de droit de famille ou le droit du travail car ce sont des matières plus humaines." 

Abusées, sous-payées, discriminées : la complainte des avocates

Tâches ingrates, horaires interminables, discriminations des femmes enceintes... Pour beaucoup d'avocates pleines d'entrain, les premiers pas dans la profession sont rudes. Surtout lorsqu'elles doivent travailler de concert avec un confrère peu scrupuleux. "'Ah, tu as un mariage ce week-end ? Et bien prends donc cet énorme dossier, tu bosseras dans le train'. Plus on est dans des petites structures, plus le système est vicieux. L'associé pour lequel on travaille considère qu'il nous rémunère avec son propre argent. Et donc qu'on est corvéable à merci", témoigne une jeune avocate dans les colonnes de France Inter. Résultat : elles sont nombreuses à changer de voie et à faire une croix sur leur rêve de plaider à la Cour et de défendre une noble cause. 
Niveau salaire, l'écart se creuse entre les deux sexes. "Les différences apparaissent dès la deuxième année d'exercice. Le revenu moyen des femmes est de 51.169 euros tandis qu'il est de 98.620 euros pour les hommesÀ Paris, cette inégalité est encore plus flagrante : le revenu moyen des femmes est de 61.975 euros tandis qu'il est de 128.196 euros pour les hommes", explique Maître Valérie Duez-Ruff.

Misogynie : les avocates contre-attaquent 

Pour faire face au machisme ambiant, les femmes se mobilisent sous forme d'associations, comme Moms à la barre, qui soutient et aiguille les femmes enceintes ou mères victimes de discriminations au travail. Sur le compte Twitter et le blog "Paye Ta Robe", calqué sur le principe de celui de "Paye Ta Schnek", chacune y va de son anecdote assez affolante... L'entraide pour contrer la bêtise humaine ? On y croit !

En septembre 2018, un avocat parisien a été suspendu 6 mois dont 3 mois fermes après des agissements sexistes sur des stagiaires selon France Inter. Une première en France ! Un autre a été également suspendu 9 mois pour s'être séparé d'une collaboratrice enceinte. "Pour que l'Ordre des avocats puisse faire quelque chose, encore faut-il qu'il soit au courant", déclare la bâtonnière de Paris, Marie-Aimée Peyron, représentante de l'Ordre de la profession.
Une grande rencontre avec tous les avocats ayant quitté le Barreau de Paris depuis les cinq dernières années sera organisée pour  mettre en oeuvre une série d'actions et ainsi contrer le sexisme qui fait fuir les avocates.