Valérie Bacot fait un malaise à son procès : peine requise et calvaire raconté par sa mère

Avant de tuer son beau-père incestueux, Valérie Bacot avait été violée par celui-ci, dans l'adolescence. L'accusée a été victime d'un malaise au moment où l'avocat général a annoncé les réquisitons...

Valérie Bacot fait un malaise à son procès : peine requise et calvaire raconté par sa mère
© Procès de Valérie Bacot, le 20 juin par Reynaud Julien/APS-Medias/ABACA

[Mis à jour vendredi 25 juin à 12h40] Lorsque l'avocat général a annoncé les réquisitions, Valérie Bacot a fait un malaise et s'est effondrée sur le sol, le 25 juin, 5e jour du procès. "Elle a eu un éblouissement, une crise d'angoisse", a expliqué son avocate Nathalie Tomasini. L'audience a alors été interrompue et les secours sont intervenus. Mais heureusement, l'accusée a rapidement repris connaissance, a indiqué BFMTV
Quant à l'avocat général, il a demandé de ne "pas réincarcérer" Valérie Bacot, jugée pour l'assassinat de son mari violent et beau-père incestueux, Daniel Polette. Il a requis une peine de cinq ans d'emprisonnement dont quatre ans avec sursis et obligation de soins. Valérie Bacot ayant déjà été incarcérée pendant un an, elle pourrait donc échapper à la prison ferme si les réquisitions de l'avocat général sont écoutées. 
"Valérie Bacot ne pouvait pas prendre la vie de celui qui la terrorisait. Il faut fixer l'interdit sans réincarcérer", a précisé l'avocat général Eric Jallet, ajoutant que les quatre enfants de l'accusée avaient "besoin" d'elle.

Valérie Bacot : sa mère à la barre

C'est la mine inquiète que Valérie Bacot a observé sa mère, Joëlle Aubagne, à la barre, lors du troisième jour de son procès, le 23 juin. L'accusée n'attendait "rien" de sa génitrice, désormais âgée de 65 ans, selon Le Monde. Joëlle Aubagne, qui avait d'abord été la compagne de Daniel Polette, n'avait pas réagi en apprenant que celui-ci avait violé sa fille à l'adolescence.
Après les deux ans et demi qu'il avait passés en prison, elle l'avait même accueilli de nouveau au sein du foyer familial. "Votre fille a été violée par l'homme avec qui vous viviez! Comment pouvez-vous imaginer qu'il puisse revenir à la maison?", a demandé l'avocat général. Sa mère, Valérie Bacot n'avait plus de contact avec elle depuis 1998, l'année où elle s'était installée avec son beau-père Daniel Polette.

"Je suis devenue la méchante" : la mère de Valérie Bacot choque l'audience 

Joëlle Aubagne, elle, semblait davantage déterminée à montrer qu'elle n'était en rien responsable du sort de sa fille, plutôt que de chercher à comprendre ses souffrances. Cette ancienne gérante d'une mercerie n'a éprouvé aucune émotion particulière lorsque le tribunal a mentionné les viols de Daniel Polette sur sa fille Valérie Bacot, survenus durant l'adolescence de celle-ci: "Ca s'est passé derrière mon dos, j'avais mon commerce, je ne rentrais pas avant 19 heures".

Quant à sa décision de l'accueillir de nouveau chez elle après son séjour en prison, Joëlle Aubagne a tenté de s'expliquer: "Il avait fait des mea culpa, il avait demandé pardon, je me suis dit qu'on pouvait essayer d'excuser, naïve j'ai été à l'époque".
"Ils étaient très complices (…). Ils voulaient aller à la pêche ensemble, elle voulait aller avec lui dans son camion les mercredis (…). Je disais non, je suis devenue la méchante (…) J'ai suspecté qu'elle était enceinte, ils se sont bien fichés de ma figure. J'ai eu très mal qu'elle soit partie en claquant la porte", a-t-elle ajouté, d'un ton presque désinvolte. 

La sœur de Daniel Polette, brisée, violée, menacée

Puis, ce fut au tour de Monique Polette, sœur de Daniel Polette, de témoigner. Elle qui avait été violée à de nombreuses reprises par son monstrueux frère, dans son enfance, dès l'âge de 11 ans. Et Monique Polette est loin d'avoir été la seule de sa famille à souffrir des tourments infligés par Daniel Polette. Il avait notamment tabassé leur père, au point que celui-ci ne finisse par se pendre dans son garage et violentait également ses autres frères et sœurs. 

Désormais âgée de 59 ans, Monique Polette est toujours brisée, traumatisée, dévastée, par les viols, abus sexuels. et les menaces proférées avec une arme. "Il me disait :'ça reste entre toi et moi, sinon… une balle pour toi, une balle pour la maman', je ne voulais pas qu'il tue ma mère. J'ai essayé de dire non, il me mettait une dérouillée, c'est devenu de plus en plus violent, j'étais devenue son esclave", s'est-elle souvenue.

Monique Polette aurait voulu tuer son frère

A 13 ans, elle a tenté de se suicider une première fois en avalant des cachets, mais elle n'y est pas parvenue. "Je suis allée dans sa chambre, je voulais prendre une arme pour le tuer. J'aurais dû le tuer", a-t-elle lâché. Désespérée, elle a contacté les services sociaux pour leur informer du comportement de son frère. "J'ai fini dans un foyer, tandis que lui, il est resté à la maison. Soyons fous!", s'est-elle indignée.

Après avoir été renvoyée de ce foyer, elle a vécu un temps dans la rue: "C'est moi qu'on viole, c'est moi qu'on tape, et c'est moi qui suis dans la rue. Aujourd'hui encore, tellement je souffre, j'aimerais mourir. On ne m'a jamais aidée".
Aujourd'hui, Monique Polette a un regret: ne pas avoir tué son bourreau. "La personne que je remercierais le plus au monde, c'est Valérie, elle a fait ce que j'aurais dû faire il y a longtemps", a déclaré la quinquagénaire.

Valérie Bacot, sous l'emprise de son beau-père incestueux

Qu'a ressenti Valérie Bacot en tuant son époux incestueux, le 13 mars 2016? Plusieurs experts, psychiatres et psychologues ont tenté de le découvrir et décrypter la personnalité de l'accusée. Selon le psychiatre Denis Prieur, "Valérie Bacot est une femme qui parle facilement de ce qu'elle a vécu mais de manière plaintive" et dont les "carences éducatives et affectives" ont constitué le terreau de l'emprise sous laquelle elle a vécu. 
"Elle était une sorte de marionnette et c'est lui qui tirait les fils. Quand on est sous l'emprise, c'est très difficile d'en sortir", a ajouté le psychiatre Gérard Lopez.

Quant à Valérie Bacot, elle a un espoir: "J'espère que mon jugement va nous faire réussir à tourner la page. J'espère qu'on arrivera à être heureux (elle et la famille Polette, ndlr). Alors on aura gagné contre lui. Mais, on ne vit encore pas dans le même univers que vous tous".