Premières dames : à chacune son style Yvonne de Gaulle, dans l'ombre

En 1958, Yvonne de Gaulle est la première Première dame de France de la Ve République. Un rôle d'autant plus difficile à définir que son époux est un héros national.

yvonne et charles de gaulle, dans leur maison de colombey-les-deux-eglises.
Yvonne et Charles de Gaulle, dans leur maison de Colombey-les-Deux-Eglises. © D.R.

Couple de l'histoire

Issue d'un milieu aisé, Yvonne Vendroux rencontre à l'automne 1920 Charles de Gaulle, un jeune capitaine, dans un salon parisien. Quelques mois plus tard, en avril 1921, le couple se marie. Yvonne lie alors son destin à l'un des héros de l'Histoire de France.

Durant le printemps 1940, elle fuit la France occupée pour mettre à l'abri Anne, petite fille handicapée et enfant adoré du général. Hasard du destin, Yvonne gagne l'Angleterre où elle retrouve son mari, dont elle n'avait plus de nouvelles. Il vient de lancer l'appel du 18 juin. Tout au long de son exil londonien, Yvonne a pour rôle de maintenir un havre de paix pour sa famille. Elle est aussi la confidente du général dans ses nombreux moments de doute.

A l'Elysée, "Tout le monde y est chez soi, sauf nous".

En 1945, au lendemain de la victoire, Yvonne réalise qu'elle va devoir cohabiter avec une grande rivale : la politique. Son mari ne compte pas prendre sa retraite auprès des siens à Colombey-les-Deux-Eglises, comme elle le souhaiterait. Pendant la Traversée du désert, lorsque la France ne veut plus de de Gaulle, Yvonne tente bien de le dissuader de retourner "aux affaires". Elle échoue. Et quand de Gaulle, en 1958,  à 67 ans, est rappelé par les députés pour les aider à résoudre la crise algérienne, Yvonne désapprouve mais suit...

L'ombre du Président

Premier couple présidentiel de la Ve République, Yvonne et Charles de Gaulle sont la représentation parfaite du couple traditionnel. A l'Elysée, en tant que Première dame, Yvonne de Gaulle tient le même rôle qu'à Colombey ou à Londres : celui de l'épouse, présence silencieuse, toujours derrière le chef de l'Etat, telle son ombre.

Celle que les Français surnomment "Tante Yvonne" gère en bonne maîtresse de maison le budget de l'Elysée : pas question de gaspiller. Elle fait elle-même ses courses et rend compte au Président des difficultés des Français. Yvonne de Gaulle veille aussi à la bonne moralité des invités de l'Elysée. Lorsque son mari convie l'actrice de "Et Dieu créa la femme", Brigitte Bardot, à une réception officielle, elle s'y oppose car la star est une femme divorcée. En 1968, cette incarnation du couple traditionnel est dépassée. "Tante Yvonne" n'est plus qu'une caricature de la "vieille France" dont on se moque. Quand, en 1969, le général de Gaulle décide de quitter le pouvoir, Yvonne est soulagée.
De l'Elysée, elle dit au Président américain Eisenhower : "Tout le monde y est chez soi, sauf nous".

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