Ethiopie : les femmes à la source de la reforestation Irene : la sève de l'arbre Pfister

Au commencement de l'aventure Green Ethiopia, une révélation : Irene est la lauréate du grand prix international "Terre de Femmes" 2009 orchestré par la Fondation Yves Rocher, qui récompense chaque année des femmes engagées pour l'environnement.

irene pfister a fondé green ethiopia en 2000 avec son mari kurt.
Irene Pfister a fondé Green Ethiopia en 2000 avec son mari Kurt. © Mélanie Giraud, JournalDesFemmes.com

Discrète, peu bavarde, Irene passe presque inaperçue. Sous un soleil écrasant, son cheich blanc enroulé sur la tête, elle grimpe dans la montagne d'un pas assuré, malgré sa prothèse de la hanche, et s'arrête parfois pour scruter les fragiles arbustes et reprendre son souffle. Pourtant, c'est bien elle qui est à la source de ce projet extraordinaire. Quand un large sourire éclaire son visage, on entrevoit la passion qui anime cette femme de 66 ans, fondatrice en 2000 de l'association Green Ethiopia et lauréate du grand Prix international Terre de Femmes 2009. "Je suis tellement timide que quand j'ai su que j'étais primée, j'ai pleuré !", se remémore-t-elle.

Une femme engagée

"Ma mère n'a jamais voyagé, alors elle a fait beaucoup de choses", raconte Simon, 41 ans, l'un de ses deux fils : jardins d'enfants dans les églises, cours d'orthophonie particuliers, associations sportives pour mères et enfants... Son mari Kurt, alors PDG d'un grand groupe de supermarchés en Suisse, siège en parallèle au conseil d'administration d'une association de lutte contre le SIDA. On imagine alors facilement Kurt et Irene se rencontrer à 20 ans sur les bancs d'une association humanitaire. "Pas du tout ! Nous nous sommes rencontrés dans un bar en Suisse il y a 45 ans lors d'une sortie avec ma sœur et mon beau-frère ! Moi qui suit si réservée, cela fait toujours rire tout le monde », s'amuse-t-elle. "Nous avons eu de l'argent, la santé, une famille et des amis, alors pourquoi ne pas aider", explique-t-elle, tout simplement.

"La première fois, on a apporté notre saucisson et notre pain de Suisse"

simon, l'un des fils d'irene et kurt, directeur général de la fondation.
Simon, l'un des fils d'Irene et Kurt, directeur général de la fondation. © Mélanie Giraud, JournalDesFemmes.com

L'idée de planter des marronniers germe il y a 13 ans à l'occasion d'un voyage en Ethiopie avec leur ami Robert Nüssli, fournisseur de l'entreprise de Kurt. Deux ans plus tard, alors que ces arbres ne se développent pas, son époux et ses deux fils l'incitent à poursuivre le projet, d'une autre façon. Tous s'organisent, rassemblent leurs économies, se rendent sur place, discutent avec les représentants locaux, recensent par leur intermédiaire les besoins des communautés villageoises, s'entourent d'experts en reforestation comme le Professeur Legesse Negash de l'Université d'Addis Abeba... et finissent pas tisser un réseau serré au nord de l'Ethiopie. « Jai d'abord aidé sur la partie administrative car je parlais anglais, raconte son fils Simon, consultant en gestion de projet auprès de grands groupes internationaux, puis j'ai mis à profit mes réelles compétences professionnelles ». Son frère Adrian, lui, apporte son aide sur la partie Web et informatique. « La première fois que nous nous sommes rendus en Ethiopie, il n'y avait pas ni légumes sur les marché, ni restaurants à Adwa, alors on a apporté nos saucissons et notre pain de Suisse », se souvient-il.

Aujourd'hui, la Fondation Green Ethiopia a grandi et les deux frères ont dû sortir du bureau d'administration. Simon est devenu directeur général et Kurt président. Habiter en Ethiopie ? "Non, on a besoin de rester en Suisse pour collecter des fonds et chercher des donateurs, c'est pour cela qu'il faut que les gens sur place en Ethiopie puissent être autonomes pour faire perdurer le projet". 

"Etre une famille, c'est s'entraider"

"Travailler en famille, ça marche mais ce n'est pas toujours facile car on se dit tout, surtout quand on n'est pas contents", confie Simon. "Les 5 premières années, c'est très décevant car on ne voit pas les résultats. Un salarié normal dirait : stop, je m'en vais ! Mais être une famille, c'est aussi accepter que cela prenne du temps, on s'entraide, on se soutient... On sait qu'il faudra un jour s'entourer de salariés, on y pense, mais pas trop fort..."

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