Adriana Karembeu : "Une femme qui assume son pouvoir de séduction me donne des frissons"

Adriana Karembeu a la plastique d'une Barbie, un sourire diamant, des jambes longues à donner le vertige... mais un franc-parler inattendu chez une bombe anatomique. Star télé au côté de Michel Cymes, elle assume un "accent slovaque épouvantable", mais s'excuse sans cesse pour ses "fautes de français". Rencontre.

Adriana Karembeu : "Une femme qui assume son pouvoir de séduction me donne des frissons"
©  GUILLAUME COLLET/SIPA

Cette jeune maman de 48 ans est une anti-diva, drôle, cash et brillante. Elle est aussi la présidente du jury de Top Model International dont la cérémonie a lieu dimanche 19 janvier, au Lido, à Paris. 

Vous qui avez connu l'envers du décor, comment restez-vous fidèle au mannequinat ?
Adriana Karembeu : C'est un univers merveilleux que je n'imaginais pas une seconde pouvoir pénétrer et dans lequel je prends un plaisir immense à évoluer depuis 28 ans. Si ma fille (Nina, 18 mois, ndlr) voulait devenir top-model, je lui dirais "Fonce, tu vas t'éclater!".

Vous ne venez pas d'un milieu artistique, comment avez-vous été repérée ?
Tardivement, j'étais en 3e année de Médecine à Prague… et j'ai été découverte dans un grand magasin où j'achetais un maillot de bain pour passer l'examen obligatoire de sauvetage !

Votre entourage vous a-t-il permis de tout quitter ?
Je m'étais battue pour passer le concours redoutable de l'Université Charles à Prague. J'étudiais avec succès dans cette faculté scientifique de renom d'où ma mère était sortie diplômée en médecine… C'est mon père, ingénieur, qui m'a convaincue: "Prends ta valise et pars !", voilà ce qu'il m'a dit... Mes parents sont issus d'une génération perdue du régime communiste. Ils n'avaient jamais pu voyager, sortir les pieds de Tchécoslovaquie… Cela représentait une opportunité exceptionnelle à leurs yeux.

"Seulement 2% des êtres humains sont très beaux"

Avez-vous eu l'impression de renoncer à un travail intellectuel pour ne plus capitaliser que sur votre physique ?
Et alors ? Ce n'est ni rétrograde ni dévalorisant. C'est comme être danseuse, c'est flatteur d'être reconnue et sollicitée pour son corps. Seulement 2% des êtres humains sont très beaux. C'est génial de célébrer, de profiter de cette chance esthétique. Je me suis sentie élue, honorée d'être choisie par des stylistes, par des créateurs pour porter leurs vêtements, pour défiler sur des podiums. J'ai été fière d'être sublimée par des coiffeurs, des maquilleurs…

Faut-il un tempérament particulier pour percer dans ce métier ?
Une forme de maturité est nécessaire car les filles commencent à travailler dès 16 ans. D'indépendance, aussi, car il faut voyager seule, faire les bons choix, gérer son argent. Et il faut du courage pour bosser 7 jours sur 7, être mise en concurrence avec d'autres, courir les castings...

Quels sont vos critères pour juger un jeune mannequin ?
C'est l'opposé d'une foire au bétail. Je cherche une harmonie dans l'allure, une force de caractère dans la démarche, un langage corporel personnel, un dynamisme, une sensualité... Une femme qui marche en assumant son pouvoir de séduction me donne des frissons. Ma référence? Charlize Theron dans la pub Dior. Voilà ce qui me touche.

Avez-vous un conseil à donner aux jeunes candidates ?
Essayez de vous détendre, de dépasser votre stress pour montrer que l'exercice vous amuse. Attention, je ne dis pas de prendre les choses à la légère, parce qu'on le regrette toujours… mais de relativiser et de profiter.

"L'humanitaire est un devoir"

Où puisez-vous cette énergie pour vous diversifier, être à la fois dans le showbiz… et vous engager ?
L'humanitaire lorsqu'on est connu, c'est un privilège et un devoir. Ce serait un crime de ne pas mettre ma célébrité au service du caritatif.  Il faut une certaine sensibilité pour rester honnête et le faire sincèrement… , mais c'est tellement facile et évident d'attirer l'attention sur des causes comme celle de la Croix-Rouge !

Un autre combat que vous avez médiatisé est celui que vous avez mené pour tomber enceinte…
La maternité est ma plus belle victoire. J'ai reçu un cadeau inespéré de la vie à la naissance de ma fille. Je suis comblée. Je ne pouvais pas imaginer à quel point on peut aimer, être en équilibre, disponible. Je pensais avoir tout vécu… Cette enfant est un miracle qui a bouleversé ma vision du passé comme du futur. Maintenant, je me regarde dans le miroir et je veux juste, de toutes mes forces, être une maman à la hauteur. 

"Enceinte, je pleurais de joie tous les jours"

Devenir mère a-t-il changé votre rapport à votre corps de femme ?
Donner la vie est ce que mon corps a fait de plus beau. Je compare la grossesse et l'accouchement à un Big Bang, c'est pire qu'un tsunami… Enceinte à 46 ans, je pleurais de joie tous les jours. Quand ma fille est née, je me suis noyée dans le bonheur. Je regrette seulement de ne pas avoir eu plusieurs enfants.

Votre fille est devenue votre priorité, avez-vous pris de la distance avec votre apparence ?
Je n'ai jamais été obsédée par ma beauté. Ma silhouette et mon visage correspondaient très bien aux critères de l'époque, mais je n'ai jamais acheté 40 crèmes ou des fringues de luxe, jamais fait beaucoup de sport ou de régimes pour garder la ligne... 

Vous n'avez jamais eu à surveiller votre poids ?
Franchement, je suis une grande gourmande et je mange plus que mon mari, mais nous sommes soucieux de notre hygiène de vie, de la qualité de notre nourriture. Nous avons revu tous nos codes d'alimentation, d'activité, de sommeil pour que ce soit bénéfique.

"La maigreur me gêne"

Une fille qui n'a pas les mensurations adéquates, pouvez-vous la choisir ?
Complètement. La maigreur me gêne, elle est souvent associée à des troubles psychologiques. L'anorexie mentale est très présente dans ce métier… Je préfère des rondeurs musclées comme celles de Miss France 2019, la Tahitienne Vaimalama Chaves.

Une beauté hors-normes peut-elle vous toucher ?
Il n'y a pas que des grandes blondes dans les pages de magazines, heureusement ! Vous pouvez voir un modèle qui a un énorme nez ou des oreilles décollées. Il faut se servir de ses différences, ne jamais rien cacher. Une mannequin qui a une taille immense, il faut qu'elle se tienne très droite, pas voûtée. Si elle a des hanches larges, pas de seins ou au contraire une grosse poitrine, elle doit en jouer !

Pas de place pour les complexes… ou l'intimité ?
Il faut une aisance avec la nudité pour poser, pour défiler. Backstage, nous sommes toutes à poil et devant l'objectif d'un photographe, il faut assumer. 

Dans quel état d'esprit étiez-vous, à 16 ans, l'âge des participantes à Top Model International ?
J'étais une adolescente en manque de confiance, blessée, abîmée, cassée après une enfance compliquée, une éducation rude sans paroles rassurantes... Personne ne m'avait jamais fait un compliment avant mes 20 ans, dit que j'étais jolie avant que je débarque à Paris. Le regard qu'on a posé sur moi m'a révélée. Je suis persuadée qu'il faut encourager, être généreux en mots avec les enfants. C'est nécessaire pour leur développement et leur épanouissement. Valorisée, je me suis enfin nourrie, régalée, construite.

"Tout commence par la capacité à s'aimer"

Les femmes devraient être bienveillantes à l'égard les unes des autres ?
On ne peut pas être tendre avec les autres... si l'on n'est pas indulgente envers soi. Tout commence par la capacité à s'aimer. Je pense qu'il faut s'imposer une discipline en accord avec ses principes et ses valeurs, mais sans s'auto-flageller. Avec l'âge, j'ai appris à être tolérante avec mes défauts, plus gentille avec mon ego et donc plus ouverte aux autres.