Michèle Bernier : "Mes petits-enfants me donnent la pêche !"

Généreuse dans la vie comme sur scène, Michèle Bernier n'a pas fini de nous faire rire. Fraîchement devenue grand-mère, la comédienne de 62 ans célèbre la vie dans son spectacle "Vive demain !" et connaît un succès incroyable avec la série "La Stagiaire", diffusée sur France 3 depuis 2016. Entretien avec une artiste qui croque la vie à pleine dents.

Michèle Bernier : "Mes petits-enfants me donnent la pêche !"
© © François LEFEBVRE / FTV

Michèle Bernier, c'est un rire, un caractère, une énergie. Quand elle n'est pas en train de pouponner les jumeaux de sa fille, Zoé et Roméo, cette géniale sexagénaire se donne en spectacle ou campe une femme en reconversion professionnelle sur France 3. Jeune grand-mère hyperactive, Michèle Bernier se confie sur sa carrière, ses espoirs, ses enfants... Entretien. 

Le Journal des Femmes : Dans la série "La Stagiaire", vous jouez Constance Meyer, une femme très caractérielle qui décide de changer de métier et se retrouve stagiaire à l'Ecole Nationale de la Magistrature. Qu'est-ce qui vous a séduit dans ce personnage ?
Michèle Bernier : J'adore les séries policières et celle-ci m'a parut originale. Le fait que cette femme de 50 ans prenne le risque de changer de vie s'inscrit dans l'air du temps. 

Avez-vous des points communs avec votre personnage ?
Michèle Bernier : Je l'incarne donc nous sommes liées d'une certaine manière mais l'empathie qu'elle peut avoir envers les autres est  un de mes traits de caractère. 

Le 12 février dernier, France 3 a atteint un pic d'audiences de plus de 4 millions de téléspectateurs. La série rempile pour une 4e saison. Selon vous, quelles sont les raisons de ce succès ? 
Michèle Bernier : Je pense que Constance est un personnage attachant. Elle est frondeuse sans être méchante, elle met son nez un peu partout... Elle a une vie épanouie. Cela me plaisait beaucoup qu'on parle d'un couple qui tient, cela change de ceux que l'on voit se détester, se séparer. La série donne une vision du couple différente avec les hauts et les bas mais on montre qu'une relation se construit, qu'il faut faire des efforts parce que l'amour vaut le coup. 

"Ma fille a encore plus de caractère que moi !"

Vous êtes aussi sur les planches dans "Vive Demain", un spectacle interdits aux nostalgiques, qui célèbre la vie et lutte contre la morosité. Est-ce une manière de faire table rase du passé ? 
Michèle Bernier : C'est toujours un bilan car on fait un spectacle tous les dix ans avec ma co-auteure, Marie-Pascale Osterieth.
C'est l'occasion de dire qu'il faut vivre sa vie, créer du sens et ne pas rester sur des vieux machins dans lesquels on ne peut plus se retrouver. J'aime la vie, ce qu'elle apporte comme surprises et difficultés et je pense qu'il faut se laisser porter par ce flot. 
La nostalgie est quelque chose d'agréable, mais ce n'est pas un moteur pour la jeunesse. Je me rends compte en vieillissant qu'il est important de donner l'envie de vivre et de l'espoir aux jeunes. Il faut leur montrer que, malgré les désaccords, on est avec eux !

Dans "Vive demain", vous parlez des avancées technologiques, des gens qui deviennent moroses, de ceux qui sont remplacés par des machines. Si le changement est partout, il a du mal à s'inscrire pour les femmes dans ce milieu ?
Michèle Bernier : On sent qu'il y a une envie de liberté de choix et pas simplement parce qu'il faut se laisser tripoter dans un coin pour avoir un rôle ce qui, les 3/4 du temps, ne marche pas. C'est un fantasme collectif. J'y ai été confrontée jeune et je ne me suis jamais laisser faire, ce qui ne m'a pas empêchée de faire carrière. Je pense que celles qui n'ont pas eu la force de refuser ne sont pas forcément devenues actrices ou chefs d'entreprises. Il faut savoir que cela ne marche pas toujours ainsi. Il faut le dire aux femmes : le droit de cuissage peut marcher 6 mois, mais pas toute une vie. 

Le monde du théâtre est-il différent du cinéma de ce point de vue là ? 
Michèle Bernier :
Le théâtre accepte plus de choses même si l'on ne voit pas beaucoup de directrices de théâtre, de metteurs en scène femmes... Sans oublier les musiciennes et cheffes d'orchestres ! Il reste encore des barrières à franchir mais cela va se faire. La génération de mon fils Enzo (né de son union avec Bruno Gaccio, nldr) qui a 20 ans, est celle qui va faire bouger les choses, j'en suis sûre. 

Votre fille est d'ailleurs actrice. Avez-vous été inquiète lorsqu'elle vous a appris son choix de carrière ? Vous avez essayé de la protéger, de l'en empêcher ?
Michèle Bernier : Je n'aurais pas eu le droit de l'empêcher de faire ce qu'elle souhaite puisque j'ai été libre de mon choix. Je suis très proche de ma fille Charlotte (Gaccio, actrice âgée de 31 ans, ndlr), on est très liées, on se parle beaucoup. On n'est pas du tout dans un truc de vedettes qui s'enferment chez elles avec des lunettes noires sur le nez (rires) !
Au cours de 30 ans de vie commune, elle sait que je serais là pour elle, pour la mettre en garde et lui montrer l'exemple -même au-delà du métier- mais que la décision finale lui appartient. Elle a commencé par la chanson, aujourd'hui elle est actrice. Elle prend le risque de vivre de sa passion et je trouve qu'elle se débrouille pas mal. Je ne veux pas empiéter sur sa carrière. Elle a encore plus de caractère que moi (Rires) .    

"Contrairement au cinéma, les héroïnes de télévision sont de plus en plus vraies."

Votre fille a accueilli des jumeaux, Roméo et Zoé, en octobre 2017. Comment se passe la vie de grand-mère ?  
Michèle Bernier :
Ce sont des moments intenses et merveilleux qui donnent une pêche pas possible. Je n'ai jamais été aussi en forme !

Vous avez toujours assumé vos rondeurs et pris position contre le culte de la minceur. Est-ce toujours vrai à l'ère des réseaux sociaux et du culte de l'image?
Michèle Bernier :
Il y a des jours où j'assume mon physique et d'autres moins, comme tout le monde. Mais, à un moment, il faut faire la paix avec soi-même. Je suis très distante avec les réseaux sociaux, je n'y raconte pas ma vie. Et derrière les deux, trois horreurs que je peux lire, j'imagine difficilement un Mister France... (rires) Je pense que je n'ai rien à envier à ces personnes aigries. L'image est bien évidemment importante, car on en est tous tributaire. 

"Dans deux, trois ans, je serais encore là !"

Vous évoquiez votre célibat chez Thierry Ardisson. Pensez-vous qu'être une femme accomplie puisse faire fuir les hommes ?Michèle Bernier : Oui car les hommes n'ont pas totalement évolués ! (rires) La célébrité les attire au début puis les embête car c'est un problème de pouvoir. Le jour où je rencontrerais l'homme de ma vie, ce sera quelqu'un qui sera heureux dans ses fonctions et n'aura pas besoin de s'assumer ailleurs, ni de se sentir en danger.

Que faites-vous pour séduire ?
Michèle Bernier :
Si quelqu'un m'intéresse, je ne peux être que ce que je suis. Jouer à la femme mystérieuse, absente ou indifférente, c'est un peu tard pour moi. J'essaie d'être naturelle.

Vous pensez à la retraite ? 
Michèle Bernier :
Quelle horreur ! (Rires) Non, j'ai encore plein de projets. Je suis une femmes comblée avec des jours avec et d'autres sans, comme n'importe qui. Je n'ai aucune raison de me plaindre et j'essaie de maintenir et protéger tout ce bonheur comme un gardien de phares qui essaie de voir les pièges à l'horizon. (Rires) 

Que peut-on vous souhaiter ? 
Michèle Bernier :
Que ça continue, que des beaux projets arrivent, que le prince charmant déboule sur son cheval et que tout le monde soit en bonne santé ! 

Retrouvez Michèle Bernier dans La Stagiaire, tous les mardis dès 21h sur France 3 ou sur les planches du Théâtre des Variétés dans Vive Demain, du mercredi au samedi à 20h30 et matinées le samedi et dimanche à 17h.