Diane Kruger, la divine

Il est des rencontres fascinantes par la qualité de ce qu'elles révèlent, chez nous, chez l'autre. Croiser le chemin de Diane Kruger relève de cette expérience. Troublante dans "Maryland", la sublime actrice d'origine allemande se livre avec une franchise désarmante qui dénote dans le showbiz. Corps de liane, élégance que l'on pense altière, cette déesse aux attaches fines et à la silhouette sculptée par des années de danse bouscule nos préjugés. Et nous subjugue.

Diane Kruger, la divine
Diane Kruger dans Maryland, en salles le 30 septembre © Mars Distribution

Ex-épouse et "Idole" de Guillaume Canet, Hélène de Troie (et de Brad Pitt), espionne bâtarde pour Tarantino et Marie-Antoinette de Benoît Jacquot, l'exquise Diane Kruger ajoute Matthias Schoenaerts à son tableau de chasse, son bodyguard dans Maryland, thriller psychologique signé Alice Winocour, à découvrir en salles. 
Si le film est déjà un moment de cinéma intense et "hallucinant", un huis-clos aussi réussi qu'angoissant, interviewer Diane Kruger constitue également une surprise, déroutante... Classe et distinction que l'on pensait héritées de la haute-bourgeoisie, sophistication extrême, contrôle de l'image et discours formaté : tout cela n'existe pas chez cette blonde rebelle, fille "terrienne" issue d'un milieu modeste qui avoue se battre pour faire durer son couple avec Joshua Jackson (depuis 10 ans, tout de même) et se confie, sans tabou, mais avec intelligence et répartie. Cette beauté nous bluffe et son esprit nous ravit. Confidences bien senties.

Le Journal des Femmes : Pourquoi vous dans ce film Diane Kruger ?
Diane Kruger :
Maryland est un film de genre qui s'éloigne des codes classiques du suspense. Jessie, que j'incarne, est la femme d’un riche homme d’affaires libanais... La première fois qu'on la voit, elle est dans l’apparence, le glamour, les pailettes. J’ai adoré l’idée du contraste avec la suite de l'intrigue où je laisse tomber le masque, me retrouve en jogging et sans maquillage.

Vous assumez cette image sans fards ?
C’est une libération, mais l’on se sent plus vulnérable aussi. Ce n’est pas facile, surtout au saut du lit ou durant le tournage où l’on ne dort pas beaucoup... Il faut une forme d'indulgence envers soi... et surtout éviter les glaces et les miroirs !

Jessie est une femme trophée, ressentez-vous parfois cela ?
Non car c'est mon choix. Quand je suis dans la représentation, je l'ai décidé. Porter du Chanel est une fierté. Le tapis rouge est le moment de célébrer un travail en commun avec l’équipe d’un film. Ensuite, il faut admettre que certaines expositions sont plus impressionnantes, intimidantes que d'autres.... Le Festival de Cannes est une épreuve et me fait peur. Je me sens parfois happée et je ne suis pas à l’aise avec cela...

Marié à un millionnaire, votre personnage vit dans une prison dorée. Est-ce un sentiment que vous connaissez ?
C’est un danger. Au début de ma carrière, je me suis retrouvée constamment entourée de "gens du cinéma". J'évoluais dans un monde parallèle où chacun se regarde le nombril. Un jour, je n’avais plus rien à raconter et je me suis sentie stupide. Aujourd’hui je refuse des projets, je ne joue pas pendant de longues périodes. J'ai appris à savourer le présent, à vivre les choses, simplement, à prendre le temps...

Qu’est-ce qui vous fait garder les pieds sur terre ?
Mes vrais amis ne sont pas du métier. J’aime voyager avec mon homme, couper mon téléphone portable. Je m'évade beaucoup par la lecture aussi. 

Diane Kruger dans Maryland© Mars Distribution

Alice Winocour dit vous avoir choisie pour votre froideur et votre émotionnalité...
J'ai reçu une éducation stricte, pourtant je ne suis pas quelqu’un de froid ou de rigide. Je suis franche. Culturellement les Allemandes sont plus réservées. On ne fait pas la bise pour dire bonjour, on ne prend pas dans les bras une personne que l'on connaît à peine...  

Que votre corps puisse vous trahir, c'est une angoisse ?
C’est ma plus grande angoisse. Je n’ai pas peur de vieillir, mais si j’étais prisonnière de mon propre corps, cela serait terrible. Danseuse de formation, j’ai appris très jeune à faire attention à mon alimentation, à consommer des légumes, des fruits. On contrôle tellement peu de chose dans la vie qu’il faut savoir s'imposer une hygiène de vie.

Etes-vous dans l’instinct ou dans la raison ?
Je suis raisonnable pour ce qui concerne les dépenses, la finance, mais je fonctionne davantage à l’instinct au quotidien et dans mes choix professionnels.

L’anxiété du monde face à une menace qui plane vous fait peur ?
Non je refuse cela. Je vis aux Etats-Unis et la méfiance est très présente. C’est inquiétant, mais je ne peux pas vivre ainsi.
J’ai beaucoup voyagé durant ma carrière et j’ai eu l’impression qu’être ouverte, jamais dans le jugement d’une culture, facilite les échanges. On vous renvoie cette même attention.

Etes-vous croyante?
Non.

Qui choisiriez-vous comme garde du corps ?
Je n’en ai pas besoin, pas envie. Alors,  je dirais... un chien !

Interview aléatoire :
Le Journal des Femmes a demandé à Diane Kruger de choisir au hasard des numéros entre 1 et 110 et de répondre aux questions correspondantes.

De quelle chanson ne vous lassez-vous pas ?
The Girl From Ipanema de Max Croony.  

Quelle situation peut vous mettre mal à l’aise ?
Être témoin d’une dispute de couple.

Quelle question aimeriez-vous que je vous pose ?
"Êtes-vous heureuse ?" et je répondrais "oui".

Trouvez-vous que les Français se plaignent beaucoup ?
C’est universel, c’est humain de ne jamais être content, satisfait.

Quelle est votre péché mignon ?
Les massages thaï.

En êtes-vous déjà venu aux mains avec quelqu’un ?
Il faut vraiment me pousser à bout. J’ai déjà donné des gifles. C’est arrivé deux fois. C’était mérité.

Avez-vous un modèle ?
Romy Schneider. C'est elle qui m’a donné envie de faire du cinéma. 

Quel est le premier film que vous aviez vu au cinéma ?
Mary Poppins. Quand j’ai découvert cette comédie musicale mêlant le jeu d’acteurs et la danse, je n’en revenais pas !

Qu’est-ce que vous aimez chez vous ?
La bonne volonté. Je veux bien faire et j'essaie toujours d’arrondir les angles. Mes amis m’appellent souvent pour jouer la médiatrice.

Sans quoi ne pourriez-vous pas vivre ?
L’amour certainement, Paris aussi... 

Qu’est-ce-que vous ne perdrez jamais ?
L’espoir.