Guillaume Gouix, french'ment charmant

Dans La French, Guillaume Gouix est José Alvarez, un jeune flic taiseux qui ne baigne pas dans les magouilles et devient l'allié du juge Pierre Michel. Un rôle de "gentil", loin des personnages de voyous qu'on lui a souvent fait jouer. Un rôle qui colle bien avec le jeune acteur que l'on rencontre autour d'un café. Simple, à l'écoute, gentil.

Guillaume Gouix, french'ment charmant

Petite frappe dans Alyah, guitariste albanais dans Hors les murs, flic jurassien dans Poupoupidou, muet dans Attila Marcel, gitan boxeur dans Jimmy Rivière, cannibale dans Les Revenants. A 31 ans, Guillaume Gouix a presque autant de films à son actif. Son secret ? Un regard azur comme l'eau des calanques de Marseille où il a grandi, un charmant sourire enfantin mais surtout, un jeu instinctif qui n'a d'ailleurs pas échappé à Woody Allen qui lui a donné un petit rôle dans Minuit à Paris. On l'a rencontré pour La French, polar français où il partage l'affiche avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche. 

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Jean Dujardin et Guillaume Gouix dans La French, en salles le 3 décembre 2014 © Gaumont Distribution

JournalDesFemmes.com : Connaissiez-vous La French ? 
Guillaume Gouix : J'ai grandi à Marseille donc forcément un peu. Zampa, l'arrivée du juge Michel, c'est un mythe là-bas. Ça fait partie de l'histoire de la ville, tout le monde connaît la French.

Vous étiez excité à l'idée d'intégrer le projet ?
A vrai dire, ça c'est fait un peu bizarrement. C'est ma sœur qui m'a demandé de rencontrer l'un de ses amis. L'ami en question était Cédric Jimenez. J'ai lu le scénario et j'ai immédiatement dit oui. Avant même de connaître le casting.

Un casting trois étoiles... Donner la réplique à Jean Dujardin, c'était comment ?
Je suis pas trop midinette mais c'était hyper bien. C'est une locomotive. Il ne cherche pas à briller seul et tire tout le monde vers le haut. C'est quelqu'un de très généreux, très agréable. Il est très discret, la ramène pas trop. 

Et l'ambiance sur le tournage ?
C'était une très grosse équipe mais l'esprit est resté hyper familial. L'ambiance sur un tournage est à l'image du réalisateur. C'est lui qui donne le ton. Comme Cédric est une personne joyeuse, l'atmosphère était hyper festive. Il n'y avait pas de lutte d'ego, personne dans la performance. Tout le monde était là pour servir le film. J'en garderai plein de souvenirs, une séance de pétanque en boîte de nuit notamment. C'était un tournage drôle et long aussi. On a commencé en maillot de bain à Marseille, on a fini en pull dans les Flandres !  

Justement le style 70's, ça vous ressemble ?
J'ai gardé un cuir et des bottes mais sinon, pas trop. C'était surtout génial de plonger dans cette époque qui est un fantasme de cinéma. Ça va avec le fait de conduire des DS ou des vieilles Alpha, fumer des clopes sans filtre. Paradoxalement, je trouve que le film ne fait pas déguisement. Il dégage quelque chose d'assez contemporain. 

Dans le film, il y a une réplique ou un flic vous taxe de Bernardo après s'être autoproclamé Zorro. Dans la vie, vous vous sentez plus Zorro ou Bernardo ? 
Aucun des deux... Je suis pas trop taiseux, pas solitaire. Plutôt festif et joyeux.

Jean Dujardin, Gilles Lelouche, Mélanie Doutey, Benoît Magimel réunis dans le même film, ça fait un peu "mafia" du cinéma, non ? 
Je ne le ressens pas comme ça, non. Je trouve ça bien d'avancer avec d'autres acteurs. Avec Céline (Salette, ndlr), on a beaucoup travaillé ensemble et on continuera. On est plus forts à plusieurs. Dans le cinéma, à chaque fois qu'il y a eu des choses biens, c'était des mouvements de groupes, des familles du cinéma comme vous dites.  

Et vous, vous appartenez à une famille ?
J'ai des proches oui. Céline, c'est vraiment une amie. On a fait trois films ensemble, elle tient le premier rôle du court métrage que j'ai réalisé. Je suis proche de Marie Amachoukeli et Céline Sciamma aussi. J'ai grandi dans un cinéma qu'on qualifie d'auteurs, donc je me sens assez proches de cette "famille". 

Vous avez déjà une longue carrière, au cinéma et à la télévision. Quel rôle vous a le plus marqué ?  
Il y en a plusieurs mais le plus important a été Jimmy Rivière. Parce qu'il m'a amené jusqu'aux Césars mais surtout parce c'était la première fois qu'on me confiait un premier rôle au cinéma. Je portais le film du début à la fin.   

Dans Les Revenants, vous incarnez un cannibale qui aime croquer les femmes. Dans la vie, êtes-vous un croqueur de femmes ?  
J'aime les femmes mais je ne suis pas particulièrement un croqueur de femmes. 

Croyez-vous aux esprits ? 
Pas trop. Je crois plutôt en ce que laisse les gens, à travers des œuvres d'art par exemple. 

Etes-vous un consommateur de série ? 
Je l'ai été, j'ai moins le temps. J'ai eu ma période Friends comme tous les gens de ma génération. J'ai suivi Twin Peaks, Homeland, Extras, une série anglaise. Platane aussi. Et là je commence à peine True Detective. Je suis un peu à la bourre. 

Vous avez joué dans un clip de Coming Soon. Comment s'est faite la collaboration ? 
J'ai découvert le groupe dans une pièce de théâtre. Ils jouaient la musique en live. On est devenus amis. Ils m'ont proposé le clip. Depuis on se suit, ils ont fait la musique de mon court métrage. 

Vous jouez de la musique ? 
J'aimerais bien mais non. Je sais faire un peu de basse mais c'est vraiment pour frimer un quart d'heure en soirée. Passé le quart d'heure, je suis limité !

Qu'est-ce qui vous a donné envie d'être acteur ?
LA question ! Ma sœur faisait du théâtre quand j'étais plus jeune. J'aimais bien aller la voir jouer. Je retenais les textes, le soufflait. Ensuite, j'ai joué dans quelques téléfilms dont un dans lequel j'avais le premier rôle. J'avais 16 ans et c'était la première fois que je comprenais l'acte artistique d'un metteur en scène. Mon agent de l'époque m'a conseillé de faire une école. J'ai suivi des cours à Cannes pendant 3 ans puis les choses se sont enchaînées naturellement, au fil des rencontres. 

Marseille versus Paris ?
En termes de foot (rires) ? Ce n'est pas du tout le même rythme. C'est plus cool, ça bosse beaucoup aussi mais les gens sont moins stressés. C'est une ville qui catalyse beaucoup de fantasmes. Les médias lui collent une image faussée, où règne la guerre civile. Personnellement, je n'ai jamais vu personne se faire tirer dessus !

Dans quelle autre ville aimeriez-vous vivre ?
New-York, la ville que je connais mieux après Paris. J'aimerais y vivre un an pour apprendre mieux l'anglais. C'est une ville grisante, galvanisante, qui me fascine. 

Et professionnellement, les étoiles d'Hollywood vous attirent ?
Je n'ai pas ce fantasme là, non. C'est sûr que réussir à tourner dans le monde entier c'est génial parce qu'il y a des cinéastes et des acteurs intéressants partout. Mais je n'y partirai pas sans projet. 

Qu'est-ce qui vous séduit ?
L'humour. Je trouve ça hyper séduisant. 

Quel autre métier auriez-vous aimé faire ?
Un métier autour de la cuisine. J'aime bien cuisiner, c'est un plaisir simple. Quand tu es acteur tu bouges beaucoup. Cuisiner, ça me permet de me remettre à ma place, chez moi. J'aime bien cuisiner pour mes potes aussi. 

Qu'est-ce qui vous révolte ? 
La bêtise. La manif pour tous par exemple, Marine le Pen aussi. Tous les gens qui brident l'imaginaire. J'ai manifesté presque à chaque fois et j'ai participé à l'exposition contre l'homophobie d'Olivier Ciappa, Les couples imaginaires. Il avait réuni des acteurs, musiciens, sportifs et les a photographiés dans des scènes du quotidien. J'étais en couple avec Nicolas Duvauchelle, on se faisait des shampoings dans une baignoire. L'expo a voyagé, c'est un beau projet et je suis content d'y avoir participé. 

Quel est votre rapport à l'argent ?
J'ai un peu un rapport de "prolo". Je n'ai aucune méthodologie de buisness, de placements. J'ai mis un peu d'argent de côté mais je fais pas hyper gaffe. J'ai un rapport assez simple, je ne suis pas obsédé, sûrement parce que tout va bien pour moi. Dans une situation de précarité, je suppose que c'est différent. Je ne suis pas à plaindre et je n'ai jamais eu à accepter un film pour l'argent. Je touche du bois d'ailleurs. 

Qu'est-ce qui vous plaît chez vous ?
Mes amis. Je trouve que c'est un bon reflet d'une personnalité. 

Et à l'inverse qu'est-ce qui vous déplaît ?
Je ne me pose pas cette question. Je suis peut-être un peu nerveux. 

Quelle question n'aimez-vous pas qu'on vous pose ?
Des questions sur ma vie perso. Pas par snobisme mais parce que je trouve que pour être crédible dans mes rôles, il faut un minimum d'inconnu. Si on sait où je mange, avec qui je dors, ça laisse pas beaucoup de place à l'imaginaire. 

Vous avez tourné avec Mélanie Laurent. Que pensez-vous du bad buzz ?
Elle a peut-être dit des bêtises, mais ce n'était pas de la prétention, plus de la naïveté je pense. Ce bashing, c'est méchant et gratuit. Personne n'est obligé d'écouter sa musique ou d'aller voir ses films. C'est violent pour rien et c'est sorti du contexte. Ses réponses n'ont ni début, ni fin. Je trouve ça nul. Internet peut vraiment être hyper violent. J'ai un compte Facebook mais je vais me désinscrire. Tu reçois des messages de peronnes qui te disent que t'es un génie ou que t'es mauvais alors qu'elles ne te connaissent pas. Ça n'a pas de sens ! 

Quels sont vos projets ? 
J'ai une année hyperactive. Un projet de long métrage avec Marie Amachoukeli mais c'est encore en chantier. J'ai tourné dans Adama de Mathieu Vadepied, le chef opérateur d'Intouchables et Sur mes lèvres. J'ai joué dans un film choral complètement barge de Laurent Laffargue avec Céline Salette, Sergi Lopez, Cantonna et Romane Bohringer. Je viens de finir un thriller tourné à Montréal qui est le remake de Rabid dogs, un vieux film italien, avec Lambert Wilson, Virginie Ledoyen, Franck Gastambide. Je suis dans la saison 2 des Revenants et je commence la semaine prochaine Les anarchistes avec Adèle Exarchopoulos, Tahar Rahim et Swann Arlaud et après j'enchaîne un autre film.  

Guillaume, si vous étiez : 

Un mot : rire 

Un film : Opening night de Cassavetes 

Une recette de cuisine : un bon plat de pâtes

Un animal : un petit singe énervé

Une drogue : le champagne, non pas le champagne. L'odeur de la figue, j'adore

Une chanson : Vermilion Sands des Coming Soon 

Une femme : Un mélange entre Gena Rowlands et Patti Smith