Valeria Golino : "On ne peut pas me mettre dans une case"

Actrice italienne à la carrière internationale, Valeria Golino interprète Armida Miserere dans "Comme le vent". Une directrice de prison sombre et tourmentée, à l'opposé de la comédienne qui a accordé une interview au Journal des Femmes.

Valeria Golino : "On ne peut pas me mettre dans une case"

Valeria Golino impresionne par son allure. Comme Armida Miserere, la directrice de prison qu'elle interprète dans Comme le vent, cette femme est passionnante. Belle et intéressante, elle parle avec passion de son métier et de l'amour. Le Journal des Femmes a rencontré cette actrice à la filmographie impressionnante (83 tournages à son actif). Une Italienne qui cultive sa féminité en jouant avec un komboloï (sorte de chapelet grec) en hommage aux origines de sa mère et passe du français à sa langue maternelle avec une aisance déconcertante. 

Le Journal des Femmes : Pourquoi avoir accepté ce rôle ?
Valeria Golino : J'ai tout fait pour ne pas le faire. Le réalisateur m'a tannée pendant 2-3 ans, il me disait qu'il l'avait écrit pour moi. Et à chaque fois il y avait une excuse : je n'avais pas le temps, il n'avait pas l'argent, je me consacrais à la réalisation de mon film [Miele]. Il m'a conquise avec sa persévérance et sa passion.

Pourquoi ne vouliez-vous pas interpréter Armida Miserere ?
J'avais peur car elle a eu une vie très douloureuse. J'avais peur, aussi, car en Italie, les films d'auteur ont du mal à exister. Quand j'ai commencé à faire des recherches sur ce personnage, j'ai tout de suite été "attrapée". Je n'ai plus eu de doutes, même si ce n'est jamais facile d'interpréter des personnages aussi sombres.

Avez-vous des points communs avec elle ?
On n'est pas pareilles. Elle est très sévère, moi je suis plus diplomatique. C'est pour cela qu'elle était directrice de prison et que je suis actrice [rires]. Je ne me reconnais pas dans le film, même physiquement : je porte des lentilles noires et ma coupe de cheveux est différente. Je n'ai eu l'impression que c'est une autre qui joue que 2-3 fois : c'est très intéressant pour un acteur.

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Valeria Golino en Armida Miserere © Bodega Films

Quelle importance a la féminité pour vous ?
Armida avait un côté très féminin. Elle demandait à porter l'uniforme militaire – même si ce n'était pas obligatoire – pour se mélanger plus facilement aux hommes. Mais elle avait toujours ses boucles d'oreille, son maquillage, ses tailleurs... Je pense que, pour se faire respecter, il ne faut pas renoncer à une partie de soi-même.

Armida Miserere a consacré sa vie à son amour perdu. Que pourriez-vous faire de plus fou par amour ?
Je pourrais donner ma vie pour sauver mon compagnon actuel (Riccardo Scamarcio, nldr). Je pense que, quand on a des enfants, c'est pour eux qu'on pourrait se sacrifier. Moi je le ferais pour mon homme, même si cela ne veut pas dire qu'on ne se quittera jamais.

Avez-vous déjà vécu une désillusion amoureuse ?
Je n'ai pas eu de douleur aussi fortes qu'Armida. J'ai eu la chance d'être beaucoup aimée et d'aimer en retour, mais je n'ai jamais été abandonnée. Au contraire : quand je vois que ça se gâte, c'est plutôt moi qui prends la fuite pour ne pas que l'autre le fasse !

Avec une carrière internationale, vous êtes souvent confrontée aux stéréotypes ?
Oui, tout le temps. Je vis avec ! Nous sommes tous des stéréotypes. On n'a jamais réussi à me coller une étiquette. J'ai été à Hollywood et j'ai fait 17 films : j'étais une étrangère, mais pas "l'Italienne", peut-être parce que je suis quelqu'un d'assez complexe, parce que je parle plusieurs langues... Bref, on ne peut pas me mettre dans une case.

Vous avez déjà tourné dans plusieurs films français. Vous venez même de terminer le remake du Prénom. Vous adorez la France !
Oui, j'aime beaucoup la France ! Je voudrais même vivre ici. J'adore Rome, mais quand j'arrive à Paris, je sens qu'il y a comme une promesse dans l'air... Qui ne se réalisera peut-être pas [rires], mais elle est là. Je vais revenir pour tourner un film avec Michel Leclerc [Le nom des gens] et Jean-Pierre Bacri, avec qui j'avais très envie de travailler.

"Comme le Vent" sera projeté en séance spéciale, en présence de Valeria Golino et du réalisateur Marco Simon Puccioni mercredi 18 juin, à 18h10 à l'UGC Ciné Cité Les Halles à Paris (75001).

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Valeria Golino pendant l'interview © Fiona Ipert / Le Journal des Femmes