Sarah Lavoine : dans le dressing de la créatrice

L'art de vivre selon Sarah Lavoine se conjugue désormais au prêt-à-porter. La star des décoratrices, ex-épouse de Marc Lavoine, dévoile un vestiaire au goût impeccable et à l'épreuve d'une vie de femme. Rencontre.

Sarah Lavoine : dans le dressing de la créatrice
© Sarah Lavoine

Dans la maison Sarah Lavoine, je demande le dressing. Celle qui nous fait rêver d'or et de Bleu Sarah dans nos intérieurs s'attaque aujourd'hui au prêt-à-porter avec une ligne composée des pièces qui lui sont indispensables. C'est naturellement au cœur de son concept store qu'elle a pensé comme une demeure – au 6, place des Victoires – que la Parisienne reçoit. Entre sa journée de travail dans son cabinet d'architecture et son dîner de gala le soir, Sarah Lavoine prend le temps d'illustrer sa mode. Elle porte le smoking noir de sa collection avec une paire de derbies qu'elle troquera bientôt pour des stilletos pour "hop !", être prête pour sa soirée. Composée tant de chemisiers lamés que de t-shirts blancs et de cachemire – la première pièce qu'elle ait conçue – sa collection est à l'image de ses besoins. Fonctionnel pour se réaliser et brillant, pour se plaire. Conversation à bâtons rompus avec une créatrice bien dans sa mode.

Le Journal des Femmes : À quoi ressemble votre dressing ? 

Sarah Lavoine : Il est assez rangé, mais, là, je me disais qu'il fallait que je trie. Tu gardes des choses et puis au final tu mets toujours les mêmes. Il y a des périodes comme ça dans l'année où tu ne supportes plus ton dressing, il faut faire le vide pour respirer et y voir plus clair. C'est en ce moment.

Est-ce qu'il y a des pièces qui y sont plus représentées que d'autres ? 

Des t-shirts blancs, des jeans, évidemment, des petites robes noires, des mini robes, pas mal de pulls en cachemire, par exemple. J'aime beaucoup ceux de la nouvelle marque From future. Des joggings, j'adore ça. Et des chaussures !

Justement, vous avez imaginé une collection peu étendue, mais elle continent quand même des chapeaux. Quelle est l'importance des accessoires pour vous ? 

J'adore les chapeaux ! On fait aussi des ceintures, des baskets... Je pense que l'accessoire est super important. Il suffit souvent de twister ses vêtements avec une belle ceinture, un sac et hop, tu peux enchaîner avec ta soirée.

Votre style évolue en permanence ou est-il plutôt constant ?

Il est assez constant, dans le confort. La journée, je suis sur les chantiers, je ne vais pas courir sur des stilletos. Le soir c'est plutôt glamour, rock, court, résille, paillettes...

Vous présentez votre collection comme des essentiels, mais finalement certaines pièces sont très fantasques, comme un pantalon doré. 

Il est hyper facile à mettre en fait, avec un t-shirt blanc et une paire de baskets. C'est comme ça que je le porte en tout cas. 

Est-ce que ça vous est arrivé d'acheter une pièce excentrique et qu'elle reste dans votre placard ? 

Non. En général, je me connais bien. Quand j'achète une pièce forte, je sais que je la porterai.

La pièce la plus folle de votre dressing ? 

Je ne sais pas trop, j'ai plein de pièces à paillettes, mais ce n'est pas forcément "fou" pour moi. J'ai acheté un short assez court et très chic à paillettes Saint Laurent récemment. Je l'ai porté plusieurs fois déjà, je l'adore. Il faut oser, et comprendre que tout dépend comment on porte la pièce. J'ai acheté des bottines en daim rouge sublimes et je les ai portées tout le temps. Quand on est sobre ailleurs, on peut se permettre quelques excentricités.

C'est difficile pour beaucoup de personnes d'oser la couleur. Vous avez un conseil pour les aider ? 

J'adore ça. Forcément, c'est soutenu par une majorité de noir, mais j'ai de la soie rouge, du vert... Je conseillerai de se faire confiance. Il faut oser, suivre ses envies.

Quand vous avez conçu le Bleu Sarah, c'était uniquement pour la décoration ? 

Il s'est imposé à moi pour la maison, les peintures, l'art de la table etc... On le met par petites touches sur le prêt-à-porter. Il est plus difficile à porter sur soi et il varie beaucoup selon les matières donc on le distille.

Le smoking selon Sarah Lavoine© Maison Sarah Lavoine

La mode, c'était une évidence pour vous ? 

Non pas du tout. C'est l'envie d'avoir mes essentiels qui m'a poussée. Parfois, la mode est un poil trop compliquée pour moi, trop chargée. Il y a toujours un détail qui ne me plaît pas. C'était un peu pareil pour la déco au départ. C'est la raison pour laquelle j'ai commencé à faire mes collections. J'avais envie de faire tout ce que tu mets dans ta valise quand tu pars deux jours. Dans un bagage, on met son jean, son t-shirt, ceux qu'on porte tout le temps, ce qu'on préfère. C'était l'idée. 

Comment on crée LE jean ? 

Il faut qu'il ait des belles fesses, qu'il soit confortable... Tu en as plein ton placard donc tu mixes un peu tout ce que tu as. Puis tu passes des mois à essayer à dire : "ça va" , "ça va pas", "la poche est trop haute", "trop basse"... C'est très compliqué mais très intéressant. 

Quelles sont les marques auxquelles vous êtes fidèle ? 

Je suis très fidèle à Hedi Slimane, que je suis, même si il change de maison. Je le suis chez Céline, mais j'aime toujours Saint Laurent. J'aime beaucoup Vanessa Seward. J'ai un côté très mec, j'aime bien les fringues de garçon pour femme. Donc j'aime beaucoup AMI, APC, ce genre de marques. 

Votre père était dans la mode, qu'est-ce qu'il vous a transmis ? 

Le goût du rêve. Il était pendant vingt ans patron de Vogue. Avec ma sœur on était ses "femmes", il nous emmenait partout au premier rang des défilés. Voir les créations d'Yves Saint Laurent de l'époque, l'hommage à Matisse par exemple, avec toutes ces couleurs extraordinaires, c'est vrai que ça ouvre énormément l'esprit. Ça forge la curiosité, l'envie de rencontrer des gens extraordinaires qui ont un talent fou. C'est une chance inouïe et c'était super amusant. 

Quel est l'héritage de cela dans votre rapport à la mode ?

Je ne suis pas impressionnée par ce monde. Je ne suis pas non plus une hystérique de la mode. Je ne fais pas beaucoup de shopping, je sais ce que je veux, je vais le chercher entre deux rendez-vous. Je ne suis pas boulimique, en rien d'ailleurs. 

Penser une collection d'essentiels c’est une façon de faire un mode un peu plus raisonnée? 

Oui, c’est une mode anti-mode. Parce que la mode se démode et moi, je voudrais faire des choses qui durent, comme dans la déco finalement. Certes, c'est plus facile de s'acheter une nouvelle chemise ou un pantalon qu'un canapé. Mais comme je n'ai pas la prétention de révolutionner le monde la mode en faisant une marque à part, ça s'intègre dans ce que je fais déjà, comme une prolongation de mon art de vivre. 

Collection prêt-à-porter Maison Sarah Lavoine, à retrouver sur maisonsarahlavoine.com