Zoé Félix : égérie Playtex et féministe, elle se confie

L'actrice Zoé Félix est une nouvelle fois égérie Playtex, mais pas que ! Cette année, la jolie brune crée sa propre collection de lingerie. L'occasion d'une rencontre où nous avons pu lui parler sous-vêtements et mode, mais aussi sujets sociétaux touchant à l'image de la femme.

Zoé Félix : égérie Playtex et féministe, elle se confie
© Playtex

Pour l'automne 2018, Zoé Félix se dévoile à travers sa collaboration avec la marque de lingerie Playtex, une collaboration qui dure depuis 2014. Mais la jeune femme est loin d'être une simple égérie ou juste un joli minois du paysage cinématographique français. Celle qu'on a adoré voir dans la trilogie Le Cœur des hommes est avant tout une femme de caractère, investie et authentique, aux idées féministes réfléchies et encourageantes. Ce fut l'un des sujets abordés lors d'une belle rencontre où la comédienne s'est confiée aussi bien sur des thèmes légers, tels que la mode et ses goûts vestimentaires, que sur l'évolution des mentalités en matière d'inclusion et sur la difficulté pour les femmes de s'assumer telles qu'elles sont dans notre société. Interview.

Zoé Félix X Playtex, la collaboration lingerie

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Le Journal des Femmes : Qu'est-ce que la marque Playtex représente pour toi ?
Zoé Félix : Je la vois comme une marque de lingerie élégante, sobre et pionnière, qui met son savoir-faire technique au service des femmes pour le maintien de la poitrine et la beauté de la silhouette. Cette marque a une histoire et j'ai toujours eu un attrait particulier pour le côté rétro de ses lignes. 

Quelles sont les spécificités d'une campagne lingerie ?
Il s'agit surtout d'éviter les écueils qui se situent soit dans la vulgarité, soit dans la mièvrerie. C'est assumer de montrer des dessous sachant qu'ils sont, de fait, habituellement cachés. Le but est de produire une image qui donne envie, sans être pour autant racoleuse ou volontairement prude. Il y a donc un équilibre subtil à trouver qui se forme, à mon sens, grâce à une équipe qui se comprend. C'est notre cas, puisque nous travaillons ensemble, avec la même équipe, depuis plusieurs années. Pour que le résultat soit bon, il faut aussi un soupçon de légèreté : travailler sérieusement sans se prendre au sérieux !

Pourquoi avoir voulu devenir égérie lingerie en plus de ton métier d'actrice ?
C'est vraiment ma rencontre avec Fabienne (Fabienne Mallat, directrice de communication Playtex), qui m'a convaincue de passer le cap. La façon à la fois naturelle et concernée avec laquelle elle a évoqué la collaboration. Il est vite devenu évident que l'association fonctionnerait car nous allions, dès le départ, dans la même direction. Notre échange est rapidement devenu très amical.

L'image de la femme

© Playtex

Que ce soit pour Playtex ou dans un film, es-tu toujours à l'aise avec ton image quand tu es face à une caméra ou un appareil photo, et plus particulièrement quand tu es en petite tenue ?
À l'aise avec mon image, c'est un bien grand mot ! Disons que j'essaye de ne pas trop me regarder, me scruter dans le détail. Nous sommes si dures, nous les femmes, avec nous mêmes, que je ne verrais que des défauts et chercherais sans arrêt à les lisser. Rien ne sert de tout contrôler puisque ce sont les failles qui créent les aspérités et le charme. Concernant la nudité ou les petites tenues, tout est question de bon sens. Si c'est justifié dans un film, je nuance ma pudeur pour me mettre au service du personnage et de l'histoire. Quant à Playtex, l'idée est de mettre en avant la beauté d'un dessous, il faut donc bien le faire passer dessus ! On est loin de la guêpière et du porte-jarretelle qui appelleraient une séduction érotique. Il s'agit plutôt de féminité "pour" les femmes, alliant confort et esthétique. Je me sens donc plutôt mise en valeur et avec sobriété, ce qui me convient parfaitement. 

Es-tu retouchée sur les photos de la campagne Playtex ?
Si oui, est-ce un choix de la marque et accepterais-tu de dévoiler sans complexe publiquement tes imperfections physiques ?

Les photos sont retouchées pour lisser le grain de peau ou masquer des imperfections qui sont aussi souvent générées par la lumière. Mais il n'y a pas de retouches fondamentales qui changent le physique, ce que je n'accepterais pas. Je ne suis pas certaine qu'il faille à tout prix éviter la retouche. Elle agit un peu comme un maquillage, un filtre instagram, un effet bonne-mine. J'aime bien l'idée de faire un effort de présentation et d'élégance par respect pour les autres, mes interlocuteurs, les gens avec qui j'échange ou le public. Il ne me viendrai pas à l'idée de me présenter au saut du lit. La préparation, la mise en beauté sont des rituels qui participent de ce respect de l'image. Nous ne sommes visiblement pas prêts à les éradiquer ! Ce qui me dérange, ce sont les excès générés par ce contrôle de l'image, quand les visages et les corps perdent toute humanité, quand cela génère un sentiment d'irréalité à laquelle on ne peut plus du tout s'identifier. 

De plus en plus de campagnes de mode montrent justement des femmes au naturel,  imparfaites, sans aucune retouche photo. 
Tendance ou début d'une révolution ?

Je trouve plutôt rassurant qu'on se rapproche du naturel, même si je n'en vois pas encore beaucoup d'exemples. Ce que je trouve intéressant, c'est la mise en avant de la différence, de la diversité, de la multiplicité des physiques et de l'image qu'ils renvoient. Tout le monde peut plaire, tout le monde peut séduire, et avant tout à soi-même ! Il faut bien comprendre que le canon de beauté en vigueur n'est qu'une illusion, une manipulation marketing. Le fait que cette illusion commence enfin à voler en éclat et que chacune puisse exister avec ses propres atouts particuliers est très positif. C'est une évolution importante. La conscience collective des femmes prend le bon chemin !

En 2018 on met encore en marge les femmes dites "plus size" avec des marques et des campagnes qui leur sont dédiées. Il reste encore énormément à faire en termes d'inclusion en mode et en lingerie. Pourquoi est-ce si lent selon toi ?
C'est long parce que tant qu'il y aura l'illusion d'une image idéale, il y aura une ligne directrice imposée, et donc des marges dans lesquelles on mettra tout ce qui ne correspond pas à cette image idéale. À l'inverse, dans la vie, on est naturellement beaucoup moins attiré par les gens qui essayent de se conformer et qui nous paraissent lisses. Il faut se révolter par rapport à l'idée-même de la femme idéale !  Quoi de plus effrayant que l'uniformité qu'on nous suggère ? On en est encore un peu au stade du "Miroir, mon beau miroir...", mais laissons- nous être qui nous voulons être ! Idem pour l'âge... cette fameuse question dramatique. J'aimerais dire : "Laissez-moi vieillir, je veux vieillir !". Vieillir c'est magnifique et on l'entend peu. Je ne comprend toujours pas pourquoi la beauté est systématiquement associée à la jeunesse concernant les femmes, là où l'on dit que les hommes se bonifient avec l'âge. Réhabilitons la beauté de la vie dans son déroulement le plus simple. Et aussi, offrons nous le droit de s'en foutre ! 

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Dans le dressing de Zoé Félix

Quelle est ta tenue représentative ? Ton uniforme du quotidien ?
La journée, je suis comme beaucoup de femmes je crois : en jean avec un petit pull et des boots ou des baskets. Le soir, à peu près pareil mais avec de beaux escarpins, un bijou, une bouche rouge et une veste de smocking Yves Saint Laurent. 
J'aime la sobriété et la simplicité. Je préfère mettre de la fantaisie dans mes accessoires.

Quels sont tes basics vestimentaires ?
Des jeans (sous toutes les coutures !), une petite robe noire, un pantalon chic et taille haute, un pull col rond (porté avec un soutien-gorge Cœur Croisé de Playtex pour une poitrine haute très année 50), un pull oversize qui dévoile une épaule. un manteau bien coupé (si possible d'une belle couleur anglaise) et une paire de boucles d'oreilles imposantes.

Qu'est ce qu'un fashion faux-pas selon toi ?
C'est le malaise généré par l'inconfort d'un vêtement excessif et pas assumé, mal porté ou qui boudine. Ça vulgarise le corps d'une manière très visible. La mode doit servir à valoriser qui nous sommes et pas nous effacer, nous ridiculiser ou dévoiler tout ce qu'on voudrait cacher.
Dans l'absolu, la volonté d'être "fashion" est déjà un faux-pas en soi. Le problème de la mode c'est quand elle prend le pas sur la personnalité.

Le plus gros fashion faux-pas que tu aies pu faire avec le recul ?
Lors d'une sortie officielle publique, j'ai porté une robe au décolleté bien trop pigeonnant (elle était trop petite en fait !). Mais c'est surtout le contexte qui était mal choisi et qui m'a mise mal à l'aise : les flashs des photos ont mis l'accent pile poil sur ce qui était excessif. À part ça, j'assume tout ce que j'ai pu porter dans ma vie personnelle. J'ai même de la tendresse pour le mauvais goût que l'on a tous à un moment ou un autre de notre vie, et qui témoigne de notre personnalité nuancée. Plus encore, j'aime les gens pour qui le look n'a pas d'importance.

Si tu ne devais retenir qu'une pièce de ton dressing, laquelle serait-elle ?
Il y a une pièce que je porte depuis des années, qui ne se démode pas et que j'aime toujours autant, c'est un pantalon Isabel Marant à fine rayures bleu ciel, coupe boyfriend, très casual, qui va avec tout et qui vieillit super bien. J'adore la pérennité des vêtements. Quand ils sont de bonne qualité, c'est possible de les garder longtemps et de les adapter continuellement à de nouvelles pièces. J'ai un rapport sentimental avec mes vêtements, mais surtout une conscience éthique qui me détourne de la sur-consommation et de l'accumulation de nouveautés.

Y a-t-il une pièce mode que tu ne porteras jamais ?
Je ne porterai jamais de fourrure. Je ne sais pas si c'est encore une pièce mode, étant donné la conscience écologique qui se développe quand même progressivement, mais cela m'a toujours rebuté. Dans la fourrure, il y a quelque chose d'ostentatoire, genre "oui je porte un animal mort sur le dos et non seulement je vous emmerde mais, en plus, je veux que ça se voit !" qui me dérange. J'ai attendu longtemps ce qui enfin semble se profiler : la fausse fourrure.
Evidemment, le cuir est aussi une matière animale mais il est difficile de s'en départir, même si Stella McCartney nous prouve le contraire de façon exemplaire.

Quel est ton dernier achat mode ? Et le prochain que tu envisages ?
Honnêtement, ça fait longtemps que je n'ai pas fait de shopping : j'ai passé les neuf derniers mois à écrire en jean/t-shirt. C'était le dernier de mes soucis. Mais j'avoue, je rêve de pouvoir m'offrir un manteau Hermès, intemporel et chic, que je garderai toute ma vie ! 

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