En 24h, cette jeune marque de chaussures explose et tout le monde la porte aux fêtes - même les maisons françaises s'en inspirent
Un lancement de marque en un an, une première collection écoulée en 24h, une innovation qui brise un univers inchangé depuis 30 ans : le monde des souliers ne sera plus jamais comme avant.
À chaque décennie, sa tendance souliers. À chaque génération, son talon attitré. Depuis leur apparition, les chaussures à talons n'ont cessé de changer, de revêtir une apparence à mille lieues de leur version initiale destinée à l'équitation. Comme tout objet de désirabilité, elles ont évolué pour coller aux envies et aux goûts de la société. C'est surtout du côté de la forme ou de la couleur du talon que les grandes innovations esthétiques du siècle sont nées.
Il y eût d'abord les talons à semelle compensée en liège - brevetés, s'il vous plaît - de Salvatore Ferragamo dans les années 30, les talons aiguille ("stiletto") dans les années 50, les talons courts dits "trotteur" de Roger Vivier dans les 60's, la semelle rouge iconique des Christian Louboutin en 1992, puis… le néant. Aucune autre silhouette de talon innovante n'a percé les podiums et les rues pendant trente ans. C'était sans compter sur cette jeune marque de souliers née il y a 7 ans... Elle a cassé le marché avec un talon jamais vu auparavant. Nous sommes en 2018 quand le label Amina Muaddi impose le talon pyramidal comme grande tendance.
Si les talons évasés existent déjà dans les 90's - on les appelle jadis les "cake stand heels" -, ils sont beaucoup plus massifs. Amina Muaddi innove en "proposant une esthétique différenciante à travers ce contraste talon aiguille/talon volumineux", reconnaissable entre mille (Forbes). Elle fera même breveter son design : "pour le talon, on a établi un brevet parce que personne ne l'avait fait avant moi. On a vérifié". Une démarche qui en dit long sur l'ampleur de l'innovation. En effet, comme l'expliquent les chercheurs, les créateurs ne s'encombrent pas à demander des brevets car le processus est long tandis que la mode est courte : "un brevet confère généralement aux inventeurs plusieurs années de droits exclusifs, dépassant la durée de vie des créations de mode. Plus important encore, une innovation en matière de design doit être copiée et imitée pour passer du stade d'idée prometteuse à celui de tendance lucrative."*
Cette esthétique séduit immédiatement : "la collection a été sold-out en 24h le jour de sa sortie officielle", confie la créatrice à Sally. Pendant les années qui suivent, ledit talon inspire les marques de prêt-à-porter et les maisons de couture les plus pointues, à l'instar de Miu Miu et Jacquemus.
Les marques accessibles en copient aussi l'esthétique, contribuant à la diffuser et à l'ancrer dans l'imaginaire collectif. Dans la rue, les gens se ruent pour porter des talons pyramidaux, qu'importe qu'ils soient vrais ou faux. C'est simple : ce talon est absolument partout. Et ça se sent dans le chiffre d'affaires : 51 millions d'euros annuels en moyenne. Cet été, la griffe a posé bagage - ou plutôt boutique - sur l'avenue Montaigne, à Paris. La success story est loin d'être finie.