Burn-out parental : signes, que faire ?

Quels sont les symptômes du burn-out ? Pourquoi survient-il ? La psychanalyste Liliane Holstein dévoile les principaux signes qui doivent alerter les parents.

Burn-out parental : signes, que faire ?
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Loin de l'image qui transparaît dans les comédies romantiques des familles heureuses et sereines, le quotidien de certains parents a tourné au vinaigre. Eux qui rêvaient d'une vie de famille idéale, se retrouvent épuisés par la routine, débordés et peinent à trouver la force de s'occuper de leurs bambins, à se faire respecter et à instaurer une bonne autorité. Pire, ils n'en n'ont plus envie et rêvent même de les fuir. C'est ce qu'on appelle le burn-out parental. Longtemps resté tabou, ce phénomène est enfin médiatisé d'autant qu'il est très courant. En témoigne le livre de la psychanalyste Liliane Holstein auteur de l'ouvrage "Le burn out parental" aux éditions Josette Lyon. 

Qu'est-ce que le burn-out parental ?

Le burn-out survient dans les 2 ou 3 premières années de l'enfant. Pourquoi ? Parce qu'il y a un grand décalage entre le fantasme idéal des parents avant la naissance des enfants et la réalité. Ils vont se rendre compte que les enfants ont des demandes permanentes, les nuits sans sommeil s'enchaînent, la fatigue récurrente s'installe, ils ont l'impression parfois de ne plus s'appartenir et vivent difficilement cette perte de liberté" explique Liliane Holstein, psychanalyste. Il est à distinguer de la dépression post-partum qui survient après la naissance et qui est attribuée à une chute hormonale. En somme, les parents vont être éprouvés par les routines, le déficit de sommeil et l'obligation de répondre "présent" constamment. Les liens qui se distendent au sein du couple ne vont rien arranger.

Quels sont les symptômes du burn-out parental ?

Les symptômes du burn-out parental sont variés et parfois différents pour les femmes et les hommes. "Un des signes les plus évidents, chez les couples qui viennent nous consulter, est la fatigue. Une fatigue massive, abrutissante, qui empêche de penser, de réfléchir, de prendre du recul, mais aussi de pouvoir envisager autre chose que les gestes obligatoires du quotidien" observe la psychanalyste dans son livre "Le burn out parental". La plupart éprouvent aussi des douleurs diffuses ou au contraire très localisées, des troubles du sommeil, de l'alimentation. Liliane Holstein précise "Si vous avez l'impression de vivre en apnée, d'être condamné à réussir, de réunir toutes vos forces pour réaliser comme un robot toutes les tâches qui vous sont demandées quotidiennement, si vous vous sentez asséché(e) sans la moindre énergie à injecter dans des sourires et encore moins dans des activités joyeuses et ludiques avec les enfants, si l'idée même d'embrasser votre conjoint vous semble au-dessus de vos forces, si une relation sexuelle vous semble une corvée supplémentaire... alors pas de doute, vous frisez l'état de crise et d'épuisement que l'on nomme le burn-out parental".

Qui sont ces parents concernés par le burn-out parental ?

Il n'y a pas de statistiques officielles sur le burn-out des parents, mais de nombreuses familles peuvent un jour ou l'autre être concernées. Que cela soit dès les premières années de l'enfant ou lorsque son ado traverse la fameuse crise d'adolescence. "Il y a 5 ans, j'avais 4 consultations concernant des burn-out par semaine et aujourd'hui, j'en ai 4 par jour. Et cela concerne autant d'hommes que de femmes", témoigne Liliane Holstein. La plupart du temps, on peut observer un même profil de ces parents. "Ce sont des mères qui ont une grande exigence. Elles se créent des obligations de perfection : elles veulent que leurs enfants aient une éducation parfaite, qu'ils fassent plusieurs activités, elles répondent à leurs moindres exigences". Très souvent, il y a aussi une faille psychologique chez les parents qui les poussent à surinvestir la sphère parentale. Mais, si ceux qui font un burn-out ont été nombreux à chercher à atteindre une sacro-sainte perfection, ils ne sont pas tous dans ce cas. La routine, les demandes constantes des enfants et la pression professionnelle suffisent à faire basculer un parent dans le burn-out. Liliane Holstein, détaille : "La vie est de plus en plus stressante. La pression de la vie professionnelle est très importante. Les gens ont peur de perdre leur emploi et c'est une tension continuelle. Cela crée une grande insécurité chez les adultes et ils perdent facilement confiance en eux. Ils ont la sensation permanente d'être sur la sellette". A cela s'ajoute, la grande exigence des enfants qui ont envie et besoin de profiter de la présence de leurs parents, de jouer, de discuter dès qu'ils rentrent du travail. "Les bambins font alors tout pour retarder le coucher et monopoliser les adultes par des chamailleries, des disputes. Le but est de tout faire pour attirer l'attention des parents. Mais ces derniers, déjà épuisés par une journée ultra chargée ne rêvent que d'une chose : en finir le plus vite possible pour enfin pouvoir se reposer et souffler un peu" observe la spécialiste.

Les mamans solos davantage touchées par le burn-out parental ?

Mais les grandes victimes du burn-out sont aussi et évidemment les mamans solos. Elles doivent tout gérer de front et ne peuvent se reposer sur personne. Une situation extrêmement difficile comme en témoigne notre spécialiste. "Pour moi, ce sont les héroïnes du 21e siècle. Elles n'ont aucun relai et sont 24h/24 sur le pont. Elles doivent assurer sur le plan professionnel et ne peuvent compter sur personne : ni les grands-parents qui ne vivent pas forcément à côté ni les baby-sitters qui constituent une dépense trop coûteuse". Sont-elles donc condamnées au burn-out ? "Paradoxalement, elles ne sont pas forcément celles qui consultent le plus. Elles sont en burn-out mais ne l'expriment pas. Pour la simple raison qu'elles n'ont pas le choix. Elles ne disent rien. Certaines pourront le somatiser en développant des pathologies graves qu'elles passeront sous silence" regrette la psychanalyste. Bien entendu, les papas solos ressentent la même chose.

Burn-out parental : que faire ?

Aussi déprimés et résignés que soient les parents en burn-out, ils ne sont pourtant pas condamnés ! Des solutions facilement applicables peuvent rapidement être mises en place

Sortir de son isolement et de sa culpabilité, oser demander de l'aide 

Les parents n'osent pas en parler, il y a une sorte de tabou. Ils ressentent vraiment de la honte à se dire qu'ils n'y arrivent pas. Pourtant, s'ils en parlent à leurs collègues et leurs amis, ils seront étonnés de voir combien la plupart des parents vivent des situations similaires.

Ralentir le rythme et faire des choses simples.

Recentrez-vous sur la tendresse. Accordez du temps à vos enfants en passant par exemple une soirée cocooning devant un DVD, en lisant, en jouant à un jeu calme, etc... Mais n'hésitez-pas également à faire garder les enfants pour sortir en amoureux, pour aller voir un spectacle, ou passer une soirée entre amis (sans les enfants).

"Donner un cadre à ses enfants, c'est également, les aimer"

Les enfants difficiles demandent en fait des limites à leurs parents. Ces enfants sont désespérés par les pulsions qui les débordent. Et s'ils n'ont aucun cadre puissant (mais aimant), ils poussent les parents dans leurs retranchements pour les forcer inconsciemment à poser un cadre, qui les apaiserait enfin. Plus les parents vont prendre confiance en eux, plus les enfants vont s'apaiser. Il faut que les adultes cessent d'avoir peur de leurs enfants ! Aucun enfant n'arrive sur terre avec pour but de saboter la vie de ses parents !"

Consulter un psychologue

Il est toujours important de venir déposer son fardeau. De parler en totale liberté, sans craindre un jugement, de pouvoir apaiser son malaise, se déculpabiliser. Parfois deux ou trois séances suffisent à comprendre l'origine de la difficulté et comment réorienter son fonctionnement parental, tout en retrouvant confiance en son rôle de père ou de mère.

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