"J'ai accouché dans l'eau pour mes deux enfants"... Laetitia témoigne

Laetitia est maman de deux enfants. Un garçon et une fille, nés dans l'eau en toute simplicité, selon la volonté de leurs parents. Des accouchements hors norme qu'elle nous raconte avec enthousiasme et conviction.

"J'ai accouché dans l'eau pour mes deux enfants"... Laetitia témoigne
© Rafael Ben-Ari-123rf

A 32 ans Laetitia est une jeune femme au caractère bien trempé. Enthousiaste, sportive et hyperactive elle est pompier plongeur chez les Pompiers de Paris, "la première !" précise-t-elle. Elle est aussi la maman de deux enfants : Lysandre, 3 ans et demi, et Cassiopée, 1 mois, nés dans la baignoire de la maternité des Bluets, dans le 12ème arrondissement de Paris. Quoi de plus normal pour une plongeuse que d'accoucher dans l'eau ? Et pourtant, l'idée d'une naissance aquatique a germé complètement par hasard dans l'esprit de Laetitia.

Pourquoi avez-vous choisi d'accoucher dans l'eau ?

"J'ai accompagné une amie qui souhaitait le faire à une réunion d'information. Et c'est en me renseignant pour elle que j'ai accroché avec l'idée "raconte-t-elle. Lorsqu'elle tombe enceinte de son premier enfant six ans plus tard, la future maman a plus que jamais ce projet d'accouchement dans l'eau en tête, au point de s'inscrire dans une maternité qui le propose même si elle est éloignée de chez elle. Ces établissement ne sont aujourd'hui qu'une poignée en France et peinent encore à se développer. "J'aimerais que ces maternités se développent, insiste Laetitia, c'est une expérience tellement hors du commun".

Accouchement dans l'eau : une naissance 100% naturelle et sans péridurale

Ce désir d'un accouchement aquatique a immédiatement été un projet de couple et son mari, pompier plongeur lui aussi, l'a totalement soutenue dans cette démarche. Ses collègues eux-mêmes ne l'imaginaient pas vivre un accouchement "classique", précise-t-elle en riant. Les futurs parents qui souhaitent accoucher dans l'eau mettent souvent en avant les mêmes : vivre une naissance peu médicalisée, profiter des bienfaits apaisants de l'eau, mais aussi accoucher dans l'intimité. C'est notamment cet aspect qui a séduit Laetitia."Je suis quelqu'un de très pudique et je voulais que cette naissance soit un moment intime. Je refusais d'être jambes écartées dans les étriers" explique-t-elle. Mais la future maman apprend également à ce moment là qu'un accouchement dans l'eau ne peut avoir lieu que dans certaines conditions.

Les conditions pour pouvoir accoucher dans l'eau :

  • La grossesse doit s'être déroulée normalement et avoir dépassé le terme de 37 SA
  • La future maman ne doit pas avoir souffert de diabète gestationnel ou de toute autre pathologie de la grossesse
  •  Le bébé doit se présenter en position céphalique et ne pas souffrir d'un retard de croissance
  • L'insertion du placenta doit être normale

"Le temps d'expulsion doit également être rapide. Si le bébé n'est pas sorti au bout de 30/35 minutes, il faut sortir de l'eau." confirme-t-elle. Évidemment, qui dit accouchement dans l'eau dit aussi accouchement sans péridurale ! Laeticia s'est donc préparée "comme un sportif avant une compétition" : "J'ai fait du sport jusqu'à la fin, j'étais donc dans une excellente condition physique. J'ai également massé mon périnée avec de l'huile afin de l'assouplir." La jeune maman reconnaît aussi l'importance des séances de préparation à l'accouchement : "J'ai suivi des cours de préparation spécifique pour les naissances sans péridurale. Connaître le mécanisme de l'accouchement, savoir qu'à un moment donné je risquais de perdre pied à cause de la douleur m'a énormément aidé. Je savais que ça allait faire mal, mais j'étais prête. La sage-femme m'a expliqué qu'il y avait 30 secondes d'effort, puis 2 à 3 minutes de récupération qu'il fallait vraiment mettre à profil"

Accouchement dans l'eau : comment ça se passe ?

Une étonnante impression de sérénité se dégage des récits d'accouchement de Laetitia. "Pour mon fils, lorsque je suis arrivée à la maternité, je n'étais dilatée que d'un centimètre, mais la situation a très vite évolué. Trois heures plus tard, j'étais à 8 cm" se souvient-elle. C'est à ce moment qu'elle descend en salle de naissance, "en bikini, tongs et robe de plage !". La pièce disposant de la baignoire avait été spécialement réservée pour elle. "Ce qui est formidable, c'est qu'on est totalement autonome. C'est mon mari qui a rempli lui-même la baignoire. Ensuite nous avons géré nous-même la température et la hauteur de l'eau. On nous fait totalement confiance." Aucun geste invasif n'est pratiqué, et si un toucher vaginal est nécessaire, il fait toujours l'objet d'une demande préalable. Seule une sage-femme est présente dans la salle. Le respect est là clé de ces naissances hors norme. La douleur est évidemment bien présente, mais l'eau permet une grande liberté. "On est comme portée, on peut se mettre dans n'importe quelle position. A quatre pâtes, accroupie, sur le côté, les possibilités de trouver une position confortable sont infinies" explique Laetitia. Son mari a pris place derrière elle pour lui masser le dos et la soulager en lui passant la douchette sur les lombaires. "L'eau a vraiment un effet analgésique et réconfortant" confirme la jeune maman.

"Une poussée très douloureuse"

Comme elle s'y attendait, l'épreuve de la poussée a en revanche été particulièrement difficile : "Autant j'ai bien supporté les contractions, autant la poussée a été très très douloureuse. J'avais l'impression de me fendre en deux. Comme mon fils tardait un peu à sortir, la sage-femme m'a prévenue qu'il ne me restait que cinq minutes avant de devoir sortir de l'eau." Après 40 minutes dans l'eau et une dernière poussée intense, Lysandre, beau bébé de 4 kilos, vient au monde. "Je l'ai attrapé et pris contre moi, puis la sage-femme l'a ouvert avec des serviettes chaudes afin qu'il ne prenne pas froid" Pour la délivrance, l'expulsion du placenta, la baignoire est en revanche rapidement vidée. "Après, je me suis levée, j'ai marché. Portée par l’adrénaline, j'étais en pleine forme !" se souvient-elle. Pas d'épisiotomie, pas de déchirure, un accouchement 100% naturel conforme aux attentes de Laetitia et son mari. 

Trois ans plus tard, lors de sa seconde grossesse, la jeune maman ne se pose même la question. "Je voulais évidemment accoucher à nouveau dans l'eau. Et j'ai eu beaucoup de chance car tout s'est à nouveau déroulé parfaitement." Comme son grand frère, Cassiopée est née dans la baignoire de la maternité des Bluets. Dans les deux cas le séjour à la maternité a été express et Laetitia n'a eu aucune complication. Et pour un troisième ? "Ce n'est pas à l'ordre du jour, mais si je devais avoir un autre bébé, je ferai tout pour renouveler l'expérience" assure-t-elle avant de conclure : "Il faut avoir confiance en la nature, notre corps est capable de tout".